Pas de doute, le tourisme dope l’économie locale. En 2015, les sites lorrains ont enregistré 17,4 millions de visiteurs. Ceux-ci ont généré un milliard d’euros de retombées directes, indirectes et induites.
«La Lorraine a trois atouts : sa proximité, sa variété et l’accueil qui y est assez bon. » Benoît Charpentier est responsable marketing et communication des voyages Leonard. Le tour-opérateur belge, basé à Liège, propose la destination Lorraine depuis longtemps. S’il regrette qu’elle soit trop effacée dans sa communication et qu’elle manque de grands événements populaires, à l’image de la fête des Lumières à Lyon, il lui trouve pourtant d’importantes ressources : « Nos clients connaissent bien cette région, donc il faut varier les angles de vue pour éveiller leur curiosité. En Lorraine, c’est facile ! »
Culture, nature, patrimoine, grandes villes, mémoire, produits du terroirs, le territoire a beaucoup d’arguments favorisant les courts séjours. C’est une de ses caractéristiques. On passe beaucoup en Lorraine. Mais on y reste peu. C’est ce qu’il ressort de la dernière enquête de l’observatoire lorrain du tourisme sur les retombées économiques. Elle évalue à 17,4 millions le nombre de visiteurs sur l’année 2015. Mais un peu plus des deux-tiers (12 millions) sont des excursionnistes. Donc des gens qui fréquentent un ou plusieurs lieu(x) touristique(s) juste le temps d’une journée. Cela signifie que le premier visiteur de la Lorraine est soit…. Lorrain, soit originaire d’une région très proche. Résultat : il n’y a que 31 % de touristes (5,4 millions) proprement dits. Soit ceux qui passent au moins une nuit hors de leur lieu de résidence habituel pour loisirs ou affaires.
Un potentiel colossal
Ce sont pourtant eux qui font fonctionner l’économie touristique en générant 77 % du 1,3 milliard d’euros dépensé en 2015. Ils dépensent en moyenne 55 € par jour, contre 23 € pour l’excursionniste. Une différence qui s’explique notamment par le coût de l’hébergement. Sauf que là aussi, il convient d’apporter un distinguo important. Si 20,5 millions de nuitées ont été comptabilisées en Lorraine en 2015, seulement 43 % ont eu lieu dans les 100 000 lits marchands (hôtels, campings, gîtes…) de la région. Les autres sont des nuitées passées dans la famille, chez des amis ou en résidence secondaire.
Malgré cette donnée, le tourisme en Lorraine génère déjà un milliard d’euros de retombées économiques. Les directes s’élèvent à 204 M€. Un peu plus de la moitié va dans les nuitées marchandes (105 M€). Le reste dans les activités de visites et de loisirs. Les retombées indirectes (restauration, commerces de proximité, services aux particuliers, carburant…) sont évaluées à 307 M€. Et celles induites (dépenses des entreprises touristiques auprès de leurs fournisseurs et des salariés dans l’économie locale) à 496 M€.
A une période où les acteurs classiques de l’économie sont en difficulté, ce milliard fait du bien. Notamment aux 21 000 emplois directs non délocalisables qui en vivent. Mais il laisse surtout entrevoir le potentiel colossal d’une destination qui doit désormais consacrer ses efforts à attirer une clientèle plus lointaine.
Le Républicain Lorrain