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Touché par une canette au visage, l’arbitre affronte son agresseur au tribunal


Après l'incident, la victime a reçu un arrêt de travail de trois jours et n'a pas eu le droit de faire de sport pendant deux semaines. (Illustration : AFP)

Au coup de sifflet final du derby entre le RFCU et le RM Hamm Benfica (2-1) le 25 septembre 2016, l’arbitre Alex Krueger compte rejoindre les vestiaires. Quand d’un seul coup il reçoit une canette en plein visage. Si le parquet a classé l’affaire sans suite, la victime a décidé de lancer une citation directe contre son agresseur pour «coups et blessures volontaires». Elle lui réclame 7810 euros de dommages et intérêts. Le procès a eu lieu ce lundi matin.

« Si on passe l’éponge sur une telle action, cela risque d’empirer. Voilà pourquoi on a choisi la voie pénale. » Me Rosario Grasso y est allé droit au but, lundi matin. «Cette affaire a été classée sans suite par le procureur d’État. Mais on se trouve face à une agression d’un arbitre à la fin d’un match », poursuit l’avocat de la victime. « La FLF nous soutient. On est d’avis qu’il faut une tolérance zéro.» D’où la procédure de la citation directe. «En lançant une canette au visage de l’arbitre, le spectateur lui a infligé des blessures entraînant une incapacité de travail de trois jours et deux semaines d’inaptitude de sport», insiste Me Grasso. Il demande au tribunal de le reconnaître coupable de «coups et blessures volontaires». Au total, la victime réclame 7 810 euros de dommages et intérêts.

L’agresseur avait rapidement pu être identifié grâce à un témoin. Ce dernier se souvient bien de la scène après le coup de sifflet final au stade Achille-Hammerel, ce 25 septembre 2016 : «La personne avait déjà insulté l’arbitre avant de jeter la canette.» Voyant que l’arbitre saignait du nez, il dit être monté sur les gradins pour suivre l’agresseur. Alors qu’il sortait du stade, il avait entendu que son entourage lui disait en portugais : «Ne va pas vers ta voiture, sinon ils auront ta plaque.» Un nom tombé lors de cette discussion avait toutefois permis d’identifier Pedro João B.

«Je ne voulais pas le viser à la tête»

Lors de son audition à la police, le trentenaire avait reconnu les faits. À la barre de la 12e chambre correctionnelle lundi, le père de famille a présenté ses excuses : «Mon intention n’était pas de le blesser, mais de l’intimider.» «Je n’ai pas jeté la canette de Fanta vide sur l’arbitre, mais je l’ai laissée tomber», précise-t-il. Les faits se seraient déroulés le jour de son anniversaire, poursuit-il. Il aurait été alcoolisé. Et d’insister : «Je ne voulais certainement pas le viser à la tête.» Sur quoi le président lui a rétorqué : «Vous aviez plus de chance de le toucher à la tête qu’au gros orteil…»

«Monsieur Krueger et la FLF veulent en faire un exemple. On aurait très bien pu régler cette affaire par voie civile», estime l’avocat défendant Pedro João B. Me Marc Walch soulève que son client regrette son geste. Rapidement il aurait cherché à contacter l’arbitre via la FLF pour s’excuser. Il aurait également rédigé un courrier. Il demande au tribunal de ne pas retenir les «coups et blessures volontaires» et d’ordonner une suspension du prononcé. Ce qui signifierait que sa culpabilité serait bien établie, mais aucune peine prononcée. Enfin, il rappelle que le jeune homme a déjà été sanctionné par le tribunal fédéral mi-octobre 2016: il a été suspendu pour la durée de dix ans. Le joueur, qui était affilié au club de Brouch, avait déjà été exclu auparavant de son club.

À l’exception des 310 euros pour les deux matchs que l’homme en noir n’a pas pu arbitrer les deux week-ends suivant l’incident, la défense conteste le reste de la somme réclamée par la partie adverse au titre du préjudice. Elle remarque que c’est seulement deux jours après les faits en consultant un médecin qui est aussi arbitre que la victime s’est vu prescrire trois jours d’arrêt de travail. Le premier médecin lui aurait juste remis un certificat médical faisant état d’une plaie et d’éraflures au niveau du nez.

Pour Me Grasso, il n’y a pas de doute sur le fait que le jet de canette était un geste volontaire. Avant que le tribunal ne prenne l’affaire en délibéré, il a donné lecture des déclarations du jeune homme à la police : «J’ai ramassé une canette de Fanta vide et l’ai laissée tomber en direction de cinq personnes.»

Dans cette affaire, le parquet se rapporte à prudence de justice. Prononcé le 12 juillet.

Fabienne Armborst

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