[Skoda Tour] Trentin roule les Quick-Step

Le Français Valentin Madouas reste maillot jaune du Skoda Tour de Luxembourg avant l’étape du nord, de loin la plus accidentée de la semaine.

On attendait deux choses avant cette étape de Schifflange. La pluie et un sprint massif. Les nuages gris qui convoyaient en peloton sur la Grande Région sont restés inoffensifs en dépit des prévisions. Mais le sprint, lui, a bien eu lieu après, comme de bien entendu, que les derniers rescapés ont été engloutis cul sec.

Tom Wirtgen, le seul Luxembourgeois engagé dans cette bataille matinale guidon en avant, n’étant d’ailleurs pas le dernier pour tirer des bouts droits. «Le problème était sans doute que nous étions trop nombreux. Malin, le peloton n’allait pas nous donner cinq minutes», rigolait-il après coup. C’était évidemment le Luxembourgeois du jour. Il s’était engagé avec le courage qu’on lui connaît et repartait non récompensé. Il en va souvent comme ça dans l’ordinaire du cyclisme. «C’est la vie», souriait-il, magnanime.

Un des outsiders du prochain Mondial australien

À l’opposé, Matteo Trentin, quatrième la veille au Kirchberg, mais déjà vainqueur du sprint de ce qui restait alors du peloton, pouvait bien jubiler. Le porte-parole des cyclistes professionnels associés (CPA) est un coureur madré de 33 ans, apprécié de tous ses collègues. La veille, il avait été l’un des premiers rivaux de Valentin Madouas à adresser au Français une franche accolade.

La réciproque fut vraie mercredi à Schifflange. Le leader du Skoda Tour lui renvoya évidemment la pareille. Matteo Trentin, qui sera l’un des outsiders du prochain Mondial australien, le 25 septembre prochain à Wollongong, un championnat du monde qu’il avait terminé deuxième en 2019, a déjà remporté trois étapes du Tour et quatre de la Vuelta. Plus deux Paris-Tours. Un championnat d’Europe. Bref, ça classe un homme.

La maîtrise des Groupama-FDJ

Son équipe UAE-Team Emirates, dont le stagiaire luxembourgeois Arthur Kluckers, très actif jusqu’au pied du Poteau de Kayl, dernière difficulté, avait pris ses responsabilités en échangeant des relais avec l’équipe Groupama-FDJ de Kevin Geniets, forcément à l’ouvrage tout au long de la journée. L’accélération surprise des Alpecin-Deceuninck sur le haut du Col de l’Europe avait déconcerté tout le monde, surtout les coéquipiers de Kevin Geniets. «On n’a pas bien saisi», résumait-il.

Il restait pour les hommes de Frédéric Guesdon à régler le cas de Bastien Tronchon, le stagiaire de l’équipe AG2R-Citroën. Présent dans l’échappée, il avait récolté jusqu’à neuf secondes et devenait donc dangereux pour le classement général. D’ailleurs, on notera que le jeune Français, désormais quatrième du classement général, à neuf unités de Madouas, est resté au sein du paquet, une fois la jonction opérée.

Oliveira piège le plan Quick-Step

Le sprint massif imaginé eut donc bien lieu et le serpentin qui dévalait la descente du Poteau de Kayl en direction de Schifflange après une rapide entrée dans Esch-sur-Alzette ne cessait de s’étirer. La surprise aurait pu venir de Rui Oliveira. On imaginait que le Français Benjamin Thomas (Cofidis) nous referait son coup du kilomètre, mais il fut supplanté par le valeureux Portugais. Ce qui obligeait les Quick-Step, qui voulaient enfin goûter au gâteau, à improviser. «Je savais que (Matteo) Trentin était dans ma roue, mais Oliveira nous avait pris une vingtaine de mètres. Cela m’a obligé à déclencher le sprint à 250 mètres. C’est seulement à dix mètres de la ligne que Trentin me passe, j’étais à un fil de m’imposer», racontait le champion de France, un brin dépité.

Aujourd’hui, c’est dans le nord que tout ce beau monde se retrouve avec une étape Rosport-Diekirch qui promet. Mais qui pourra bien bousculer ce solide Valentin Madouas? «Il faudra qu’on continue de courir juste et alors, on continuera de faire de belles choses», projette-t-il. Le scénario, on le devine : un petit groupe de costauds à l’arrivée. Par contre, on évitera de vous prédire la météo!