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Sidérurgie : «L’UE ne reconnaît pas notre travail», peste le président d’Eurofer


Geert van Poelvoorde a demandé que l'UE trouve un équilibre entre sa politique climatique sur la réduction des émissions de CO2 et la nécessité de soutenir l'innovation et le secteur sidérurgique européen. (photo archives LQ)

Le patron des sidérurgistes européens est encore monté au créneau pour demander à l’Europe de prendre des mesures pour sauvegarder la compétitivité de l’industrie.

Mercredi à Bruxelles, lors de la septième édition de l’European Steel Day, Geert van Poelvoorde, président de l’European Steel Association (Eurofer), regroupant et défendant les intérêts des acteurs de l’industrie sidérurgique du Vieux Continent, a encore une fois souligné les dangers pour l’industrie que font peser les importations d’aciers chinois en Europe, malgré une année 2016 assez bonne pour l’acier européen qui a enregistré une augmentation de son activité de 1,7%.

« Nous sommes en train de vivre des moments passionnants et stimulants au sein de l’industrie sidérurgique européenne, que ce soit au niveau de son innovation, de sa transformation digitale ou encore en ce qui concerne les questions autour du climat. Malgré une bonne activité de l’industrie sidérurgique l’année dernière, nous avons pu constater que les importations d’acier ont augmenté pour afficher 24  % de la part de l’acier en Europe, soit une hausse considérable si nous nous référons au chiffre historique de 17  % », s’est insurgé le président d’Eurofer.

Un constat qui semble peser au plus haut point sur les acteurs européens, Geert van Poelvoorde en tête, qui n’ont de cesse de demander des mesures significatives aux autorités européennes. « Une grande partie de l’acier importé vient de pays comme la Chine, en surcapacité, pratiquant un dumping. Ce qui a pour conséquence d’impacter les producteurs européens, car nous ne partageons pas les mêmes règles et coûts règlementaires », a souligné Axel Eggert, directeur général d’Eurofer.

Certaines décisions discutables

Il faut dire que les producteurs d’acier européens font entendre de plus en plus leurs voix pour faire comprendre leur mécontentement face à la concurrence chinoise, qu’ils jugent déloyale. « Notre industrie a fait énormément d’efforts, financièrement et technologiquement, pour réduire ses émissions de CO 2 , alors que d’autres pays exportant de l’acier en Europe n’en font aucun », a expliqué Geert van Poelvoorde.

Pire encore, certaines décisions de l’UE laissent très perplexe le président d’Eurofer  : « S’il y a eu, récemment, des actions positives de la part de la Commission européenne pour lutter contre le dumping chinois, certaines décisions sont discutables. Par exemple, lorsque l’UE a récemment décidé de ne pas imposer des mesures antidumping sur de l’acier venant de cinq pays (Russie, Serbie, Iran, Ukraine et Brésil), invoquant « l’intérêt de l’Union », alors qu’une enquête de la Commission a constaté d’elle-même les preuves d’un dumping. »

Des décisions qui, selon le président d’Eurofer, manquent totalement de transparence à un moment où «l’Europe» est de plus en plus contesté. Il faut bien comprendre que les producteurs européens d’acier investissent beaucoup d’argent pour satisfaire les normes climatiques européennes pendant que l’Europe laisse entrer de l’acier ayant engendré un plus haut niveau d’émissions de CO 2 lors de sa fabrication et de son transport.

Encore une fois, Geert van Poelvoorde a demandé que l’UE trouve un équilibre entre sa politique climatique sur la réduction des émissions de dioxyde de carbone (CO 2 ) et la nécessité de soutenir l’innovation et le secteur sidérurgique européen. « Notre métier, c’est la production d’acier, nous ne sommes pas des traders de quotas de CO 2 . Le projet actuel de l’UE ne reconnaît pas le travail technologique et scientifique que nous accomplissons en matière de réduction de CO 2 . Pourtant, nous sommes en train de jouer un rôle dans l’abaissement des émissions de CO 2 au regard de notre investissement et de nos recherches. N’oublions pas que l’acier fabriqué en Europe sert à des produits innovants réduisant les émissions de CO 2 , par exemple l’acier pour les véhicules électriques », a conclu Geert van Poelvoorde qui a clairement remis en cause le système actuel des quotas de CO 2 (ETS), qui tend à diminuer la compétitivité d’une industrie sidérurgique européenne tout en étant la plus performante d’un point de vue environnemental.

À Bruxelles, Jeremy Zabatta

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