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Rentrée judiciaire : le Palais de justice de Diekirch reprend vie


À Diekirch, ce n'est pas une rentrée comme les autres. Les magistrats reprennent le travail dans le bâtiment historique érigé en 1850. (Photos : Anne Lommel)

Les quatre ans que le tribunal de Diekirch a passés dans la Maison de l’orientation sont révolus. Le plus ancien Palais de justice du pays attaque la rentrée dans un bâtiment complètement rénové et transformé.

Le mois de septembre ne sonne pas que la fin des vacances scolaires. C’est aussi celle des vacances judiciaires lors desquelles sont essentiellement évacuées les urgences. Dès ce lundi reprendront les procès. À Diekirch, ce n’est pas une rentrée comme les autres. Les magistrats reprennent le travail dans le bâtiment historique érigé en 1850.

« Tout n’est pas encore déballé. Il y a encore beaucoup de cartons qui traînent par-ci par-là. Mais d’ici la semaine prochaine tout devrait être en ordre.» Tandis qu’un peintre donne les derniers coups de pinceau sur la porte d’entrée et que les ouvriers s’affairent sur l’échafaudage à l’arrière du Palais de justice, nous gravissons les premières marches de ce bâtiment historique. «Le challenge dans le hall d’entrée était de le transformer le moins possible. On a ainsi pu conserver la jolie cage d’escalier», se réjouit Aloyse Weirich, depuis 2011 procureur d’État à Diekirch.

Par l'escalier principal, on rejoint...

Par l’escalier principal, on rejoint…

Pendant près de quatre ans, les travaux ont perduré dans le plus ancien Palais de justice du pays, érigé en 1850. C’est un bâtiment totalement «rénové, transformé et agrandi» que le tribunal d’arrondissement et le parquet de Diekirch ont réintégré mi-juillet.

 

 

 

... la grande salle d'audience complètement rénovée.

… la grande salle d’audience complètement rénovée.

«Pour réemménager, cela a été plus simple. Lors du déménagement vers la Maison de l’orientation avenue de la Gare en juillet 2014, il a fallu faire le rangement, se souvient Aloyse Weirich. Maintenant on savait ce qu’on avait.» Il nous fait le calcul : «En tout, 780 m 3 ont été déménagés, ce qui correspond à 580 m 3 de mobilier et 200 m 3 de cartons. On arrive à 3 000 caisses!»

 

 

Des cellules et une nouvelle salle d’audience

Le bâtiment du XIXe siècle a été rénové de fond en comble. Parmi les grandes nouveautés figure la création d’une nouvelle salle d’audience au rez-de-chaussée. Certes plus petite que l’ancienne au premier étage. «Il n’y aura pas plus d’audiences. Mais cette deuxième salle nous permet plus de flexibilité», explique notre interlocuteur.

La nouvelle salle d'audience au rez-de-chaussée. (Photo : Anne Lommel)

La nouvelle salle d’audience se situe au rez-de-chaussée.

Si la petite salle sera principalement dédiée aux mises en liberté provisoire, aux audiences du tribunal de la jeunesse… la grande salle sera avant tout destinée aux grands procès pénaux. Les fauteuils verts y ont disparu, remplacés par des sièges plus modernes. Autre innovation : l’installation de micros et d’un vidéoprojecteur. Cela fonctionne. Des audiences de vacation ont en effet déjà eu lieu cet été dans les nouveaux locaux. Il y a eu trois audiences en matière correctionnelle pour des détenus où il y avait urgence. Pour les détenus aussi, il y a du changement : autrefois ils attendaient leur procès dans une camionnette de la police ou à la vue du public. Désormais ils disposent de cellules à l’arrière du bâtiment. « Par un chemin sécurisé, ils rejoignent ensuite la salle d’audience , précise Aloyse Weirich. C’est plus sûr et plus humain .»

C’est également au sous-sol que se trouve la salle des pièces à conviction. Après leur enregistrement, elles y resteront le temps utile avant d’être transférées à Colmar-Berg.

« Nous exploitons chaque cm2 de ce bâtiment », poursuit le procureur. À l’arrière du Palais de justice, une annexe a d’ailleurs été accolée. Ce sont les magistrats du parquet qui y ont leurs bureaux. Mais comme avant les travaux, ses services continueront à louer des locaux dans des bâtiments avoisinants.

La corniche du toit de l'ancien bâtiment est toujours visible dans les nouveaux locaux de l'annexe.

La corniche du bâtiment historique est toujours visible dans les nouveaux locaux situés dans l’annexe.

Le parquet saisi de 9 000 nouvelles affaires chaque année

Au grenier, au-dessus de la grande salle d’audience, on retrouve les archives du parquet et du tribunal. «Le plafond a été renforcé. Car des tonnes de papier y sont stockées », souligne Aloyse Weirich. Il faut savoir que chaque année le parquet de Diekirch est saisi en moyenne de 6 000 nouvelles affaires correctionnelles et criminelles et autour de 3 000 affaires pour le tribunal de police. Depuis l’année dernière, le parquet se compose de six magistrats. Six magistrats qui assurent une permanence 24 h/24, pendant 365 jours. « Dans la nuit de dimanche à lundi, par exemple, après le home-jacking à Schieren, le substitut de permanence s’est levé et s’en est chargé. »

Après avoir franchi le portique de sécurité, on atteint le hall d'entrée.

Après avoir franchi le portique de sécurité, on atteint le hall.

« La mission du parquet devient de plus en complexe et difficile , poursuit Aloyse Weirich. Nous avons à la fois affaire à l’auteur, la victime et même les témoins. Entre l’auteur qui veut récupérer son permis de conduire, avoir accès à son dossier ou la victime qui vient retrouver ses objets saisis pour l’enquête… » Sur la gauche de l’entrée du Palais de justice rénové, un guichet du parquet accueille désormais les justiciables. À l’opposé, on trouve celui du tribunal. Cette séparation des deux corps indépendants se dessine dans l’ensemble du bâtiment.

Le parquet est, par ailleurs, chargé de fixer les affaires. Ce qui peut s’avérer un vrai casse-tête. Avec de plus en plus de cambriolages en série, de trafics de drogue impliquant plusieurs auteurs… pas toujours facile de trouver une date convenant à toutes les parties, sans oublier l’organisation des interprètes. «Une urgence pousse une autre : le défi de la rentrée, c’est de gérer tout cela», reprend Aloyse Weirich.

Cette rentrée, ce n’est pas seulement un cadre de travail «plus beau et rationnel» qui s’offre aux magistrats. Avec la rénovation de l’ancien Palais, le procureur se réjouit que l’emplacement du tribunal d’arrondissement de Diekirch soit désormais assuré. «Cela met fin à toute discussion.» Il complète : «Les frontières de l’arrondissement judiciaire ont été confirmées par la réforme de police. Car la région Nord de la police est la même que l’arrondissement judiciaire.»

Fabienne Armborst

L’arrondissement de Diekirch couvre 52 % du pays

La compétence territoriale du tribunal d’arrondissement de Diekirch n’a pas été modifiée depuis la construction du Palais de justice en 1850.

(Photo : Anne Lommel)

Le procureur d’État de Diekirch, Aloyse Weirich.

L’arrondissement judiciaire couvre 52 % du territoire et comprend les cantons de Clervaux, Diekirch, Echternach, Redange, Vianden et Wiltz. En 2017, la population s’y élevait à 108 539 habitants. Ce qui correspond environ à un cinquième de la population du pays. «Depuis 1851, ce chiffre (81 137) n’a pas beaucoup évolué», observe le procureur d’État Aloyse Weirich.
En 2017, quatre jugements ont été rendus en matière criminelle et 646 en matière correctionnelle à Diekirch. De plus en plus de grosses affaires y sont jugées. Le tribunal se compose de douze juges. Malgré la rénovation du Palais de justice, l’organisation d’un procès impliquant une vingtaine de prévenus restera difficile. Grâce à une loi adoptée durant la dernière période législative, il est désormais possible de délocaliser le procès à Luxembourg. L’inverse est également possible. «Du moment que c’est plus rationnel pour la justice, nous pouvons recourir à cette option», souligne Aloyse Weirich.

Déjà 166 ans d’histoire

Le Palais de justice op der Kluuster a été érigé en 1850. Mais le tribunal d’arrondissement de Diekirch est né dès 1800. À ses débuts, le tribunal siégeait dans une maison louée dans la Grand-Rue avant de déménager peu de temps après dans le couvent des Récollets que le citoyen Mohy avait acquis et louait pour 300 francs par an. À l’époque, les audiences se tenaient dans l’ancienne bibliothèque, les délibérés dans l’ancienne salle de lecture, les salles attenantes étaient réservées au greffe et au parquet. Les magistrats y siégèrent jusqu’à l’emménagement dans le nouveau Palais de justice en 1852. Ils y exercèrent leurs fonctions de façon presque ininterrompue pendant près de 166 ans. Seules exceptions : la période de l’occupation nazie et la période de la rénovation où le tribunal siégea de juillet 2014 à 2018 dans la Maison de l’orientation, avenue de la Gare.

(Photo : Anne Lommel)

Dans les couloirs du Palais de justice, il reste encore quelques caisses à déballer.

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