Le Parlement portugais a voté vendredi en première lecture une proposition de loi autorisant l’usage thérapeutique des dérivés de cannabis, donnant satisfaction aux malades qui réclament leur légalisation.
Le Portugal s’apprête donc à rejoindre d’autres pays européens où la prescription de cannabis médical est déjà légale : les Pays-Bas, l’Italie, la République tchèque, le Danemark ou l’Allemagne. Le texte soumis par des députés du Bloc de gauche (extrême gauche) a été approuvé avec les voix de tous les groupes parlementaires à l’exception de celui du parti de droite CDS-PP, qui s’est abstenu.
La décision était très attendue notamment par Paula Cristina Rocha, une femme de 51 ans qui souffre d’épilepsie et qui, à l’initiative de sa sœur aînée Maria Joao Rezende, a commencé à prendre il y a un peu plus d’un an du cannabidiol, ou CBD, un des 60 composants trouvés dans le cannabis mais qui ne possède pas de propriétés psychoactives. « C’est ce qui m’est arrivé de mieux. Cela a été un succès total. C’est ce que je dis à ma sœur, quelle merveille ce CBD », a-t-elle témoigné.
Efficace contre les crises épileptiques
Grâce à ce traitement prescrit par un neurologue consulté au Brésil, elle n’a plus qu’une douzaine de crises épileptiques par mois, contre 60 à 80 auparavant, assure sa sœur, infirmière de formation et membre de l’association Cannativa, qui milite pour la légalisation du cannabis à usage thérapeutique. L’association « se félicite de l’adoption de la proposition de loi qui ouvre la voie au cannabis médicinal, mais relève certains problèmes qui peuvent en découler », a-t-elle réagi vendredi dans un communiqué.
Les partisans du cannabis thérapeutique auraient notamment souhaité que les familles des malades puissent cultiver la plante ou que le médicament soit remboursé par l’État. « Au Portugal, les médecins refusent de prescrire du cannabis thérapeutique car ces produits ne sont pas réglementés. Et, sans ordonnance, nous n’avons pas le droit d’en importer. Je le fais quand même mais cela nous coûte beaucoup d’argent et de tracas », explique Maria Joao Rezende, qui parvient à faire venir ce produit des États-Unis, où il est classé parmi les suppléments alimentaires, via le Brésil. « Je me sens comme une petite trafiquante, alors que ce n’est pas du tout une drogue », s’indigne-t-elle.
D’après les résultats d’un vaste essai clinique publiés en 2017 dans le New England Journal of Medicine, le cannabidiol réduit de 39% la fréquence des crises d’épilepsie dans leur forme la plus sévère. En 2014, le Portugal avait délivré les premières autorisations pour la production de cannabis à des fins médicales destiné à l’exportation.
Le Quotidien/AFP