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Pour une autre image de l’artisanat au Luxembourg


Avec 95 000 personnes travaillant dans des entreprises du secteur, l'artisanat est le premier employeur du pays. (photo archives lq/Anne Lommel)

La Chambre des métiers souhaite montrer l’importance du secteur de l’artisanat dans l’économie du pays afin de sensibiliser aux défis à venir, notamment la pénurie de main-d’œuvre qualifiée.

On pense, souvent à tort, que la place financière est le premier contributeur d’emplois au Luxembourg. Pourtant, c’est bien l’artisanat et ses 7500 entreprises occupant 95000 personnes au quotidien qui est le premier employeur du pays. L’artisanat représente même 21% des entreprises et 22% de l’emploi au Grand-Duché.

C’est avec ce constat que la Chambre des métiers a présenté jeudi matin en présence du ministre des Classes moyennes, Lex Delles (DP), les grands défis que doit relever l’artisanat au Luxembourg.

Cette année, la Chambre des métiers a décidé d’aborder le sujet par une approche statistique afin de montrer que l’artisanat est un secteur d’activité porteur. «L’année dernière fut synonyme de dynamisme dans son ensemble», a souligné Tom Wirion, le directeur général de la Chambre des métiers, avant de poursuivre : «Il y a eu une hausse du nombre d’entreprises – de l’ordre de 160 unités – et une création nette d’environ 3200 emplois.»

Pourtant, comme dans l’industrie, l’artisanat fait face à une pénurie de main-d’œuvre qualifiée. «Avec le développement de la formation continue, de l’apprentissage et le changement de la perception négative du secteur, il faut également créer un environnement attractif, notamment au niveau de la fiscalité et de la mobilité, afin d’attirer de la main-d’œuvre étrangère dont l’artisanat a besoin pour continuer à assurer son développement», a expliqué Tom Wirion.

51% de frontaliers et 34% de résidents étrangers

Il faut dire que l’artisanat dépend fortement de la main-d’œuvre frontalière qui représente 51% des salariés du secteur, soit 45123 frontaliers. De plus, 34% des salariés sont des résidents de nationalité étrangère. Pour accentuer l’urgence en main-d’œuvre, une analyse de la Chambre des métiers montre qu’après cinq ans une entreprise de l’artisanat aura doublé de taille, passant de trois à six salariés en moyenne. Autre statistique intéressante : 61% des nouvelles entreprises artisanales sont encore actives après cinq ans. Preuve du dynamisme du secteur.

Un emploi dans les six mois

Afin d’attirer notamment les jeunes, la Chambre des métiers va lancer une campagne de sensibilisation autour des différents métiers de l’artisanat, des différentes formations et des diplômes qu’il est possible de passer au Luxembourg ou encore sur l’image. «Le lancement d’une campagne de sensibilisation auprès des élèves mais également auprès des parents aura pour but de montrer ce qu’est réellement l’artisanat qui, je pense, a encore trop souvent une connotation erronée. C’est pour cela qu’il est important de montrer, avec des chiffres, la place de l’artisanat», a souligné le ministre des Classes moyennes en rappelant que 92% des diplômés de l’apprentissage artisanal trouve un emploi dans les six mois.

Autre défi à relever, la nécessité de trouver des terrains pour y implanter les entreprises des artisans. Selon la Chambre des métiers, il y a là aussi un problème de pénurie de sites d’implantation adéquats en raison tant d’une disponibilité insuffisante de terrains que de prix très élevés, sans parler des réglementations souvent «trop rigides à l’intérieur des zones d’activité». Selon la Chambre des métiers, qui plaide pour un plan sectoriel «zones d’activités économiques» plus ambitieux et aux règles plus souples, le besoin en terrains est estimé à 90 hectares.

Enfin, pour répondre aux nombreux défis posés, la Chambre des métiers a également évoqué la nécessité de se tourner vers la digitalisation afin d’augmenter l’efficacité des processus. Un point de vue partagé par le ministre Lex Delles qui a récemment fait le bilan de Luxinnovation, une agence qui justement a pour rôle, entre autres, d’aider les entreprises à se digitaliser et qui a mis en place des programmes et des outils spécialement dédiés aux petites structures comme les entreprises artisanales.

Tom Wirion a conclu en soulignant apprécier le «travail réalisé par Luxinnovation, même si parfois l’on nous dit qu’il faudrait encore simplifier les procédures de demande d’aide. On peut probablement améliorer les choses, mais les outils sont là et pour l’entreprise qui souhaite vraiment aller vers la digitalisation, les démarches ne sont pas une barrière.»

Jeremy Zabatta

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