Dans une lettre adressée à la Commission européenne, le gouvernement luxembourgeois confirme le rejet du Grand-Duché de cultiver du maïs transgénique sur son territoire. Un signal fort envers Bruxelles.
Le 1er juin dernier, la Chambre des députés a voté unanimement la résolution relative au rejet de la mise en culture des maïs transgéniques (ou génétiquement modifiés), introduite par le député vert Henri Kox.
Les variétés transgéniques du maïs, obtenues par modification de son patrimoine génétique, se caractérisent soit par leur résistante à des insectes ravageurs (maïs Bt) soit par leur résistance aux herbicides, parfois les deux. D’autres variétés présentent une graine chimiquement plus riche que des graines de maïs conventionnelles ou résistent mieux à la sécheresse.
Comme l’ont annoncé dans un communiqué conjoint, hier, le ministère de l’Agriculture, le ministère de la Santé et le ministère du Développement durable et des Infrastructures, le gouvernement a adressé à la Commission européenne une lettre «confirmant [son] rejet de la demande d’autorisation de mise en culture du maïs « 1507 » de DuPont/Pioneer et du maïs « Bt11 » de Syngenta, ainsi que le renouvellement de l’autorisation du maïs « MON810 » de Monsanto».
Révision de la loi sur les OGM
Le ministères demandent à la Commission de respecter l’avis de la grande majorité des États membres et donc de ne pas autoriser la mise en culture des trois variétés de maïs génétiquement modifiés dans l’UE. Selon le communiqué, le gouvernement ne peut que soutenir la résolution de la Chambre des députés, qui «souligne la position du Luxembourg, telle que définie dans le programme gouvernemental».
Le vote unanime, précise le gouvernement, est «très important pour notre pays». L’initiative de la Chambre des députés reflèterait «l’opposition de la population luxembourgeoise à la culture d’OGM». Les ministres rappellent que cette initiative est un bon moyen supplémentaire afin de rappeler à la Commission européenne que le Luxembourg est d’avis que, outre l’analyse des risques de l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments), il existe d’autres arguments légitimes à faire valoir.
Le gouvernement assure d’ailleurs investir «toute son énergie dans la mise en œuvre des moyens légaux à sa disposition afin de maintenir l’interdiction de la culture des OGM sur le territoire luxembourgeois et afin de les contrôler plus efficacement». Pour ce, la loi relative aux OGM sera révisée et les compétences de contrôle recadrées.
Le ministère de la Santé, en concertation avec le département de l’Environnement du ministère du Développement durable et des Infrastructures et le ministère de l’Agriculture vient d’engager un expert spécialisé en la matière.
Le Quotidien
Greenpeace Luxembourg enfonce le clou
Greenpeace Luxembourg salue la résolution adoptée par la Chambre des députés et appelle le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, à «respecter le souhait de la majorité des pays de l’UE» désireux d’une agriculture sans OGM. Contrairement à ce qu’elle aurait promis, la Commission Juncker aurait autorisé l’entrée d’au moins 30 nouvelles cultures OGM dans l’UE, alors même que cette décision n’avait l’approbation que de la moitié des pays membres.
Comme le précise l’organisation environnementale dans son communiqué, au cas où la Commission européenne devait autoriser les variations de maïs citées plus haut, elle le ferait «en opposition au Parlement européen et à la majorité des États de l’UE». Une telle décision n’irait pas seulement à l’encontre des efforts pour rendre l’UE plus démocratique, mais signifierait également un «non-respect de principes démocratiques fondamentaux».
Selon la porte-parole de Greenpeace, Martina Holbach, une décision positive ne ferait que ternir davantage l’image déjà ternie de la Commission : «Les OGM comportent des risques imprévisibles.» Le principe de précaution européen permet de prononcer des interdictions de cultiver en cas de soupçon de risques. Greenpeace appelle donc également Jean-Claude Juncker à «rendre plus démocratiques les procédures d’autorisation pour les OGM».