Élus français et luxembourgeois ont inauguré vendredi la liaison Micheville-Belval. En insistant sur le fait qu’elle n’était pas finie. Mais que la gare, en revanche, était bien là.
La liaison débouche sur un rond-point provisoire. La jonction vers l’A4 ne sera réalisée qu’en 2020. Mais le véritable enjeu n’est pas là. C’est vers le train que tous les regards se tournent, pour cesser d’embouteiller le Grand-Duché.
Un moment « historique », « symbole de la capacité de la France et du Luxembourg à aller de l’avant », « un projet colossal ». Les superlatifs ont abondé vendredi, lors de l’inauguration de la liaison Micheville-Belval. Un mot est particulièrement ressorti : « étape».
Car cette liaison, en l’état des choses, n’est pas achevée. Les élus le savent et ne peuvent pas s’en cacher.
François Bausch, le ministre des Infrastructures, a d’ailleurs déploré les « articles critiques d’une partie de la presse luxembourgeoise et française sur le projet » (notre journal était directement visé, car à l’origine d’un dossier publié mercredi en collaboration avec Le Républicain lorrain).
Mais comment pourrait-il en être autrement? La critique est fondée, car les faits sont là : la liaison ne sera achevée qu’en 2020, avec la jonction des axes autoroutiers du côté français (A30) comme luxembourgeois (A4).
Et quand bien même… le Luxembourg, sa capitale en particulier, ne peut plus supporter de trafic routier supplémentaire. Pourquoi une route, au final, avait-on envie de questionner? Avec les discours en tribune, nous avons eu des éléments de réponses intéressants. Le vrai sens de la liaison, en un premier temps, est surtout de permettre aux frontaliers de rejoindre facilement la gare de Belval. Bref, une route pour aller prendre le train! Et les arguments ne manquent pas.
Les outils existants en faveur du train
- Le parking relais CFL de Belval est optimal . Situé juste à la sortie de la liaison Micheville-Belval, il reste pour le moment bien vide. Ça devrait vite changer avec l’ouverture de la route. Le parking relais offre 1 600 places gratuites pour les voyageurs qui accepteront de prendre un abonnement CFL. Dès hier matin, les agents luxembourgeois distribuaient des affichettes incitant les frontaliers à choisir cette formule!
«Le train est pratique pour se rendre à Luxembourg, a insisté François Bausch. Il le sera d’autant plus quand nous aurons achevé le tram en Ville, et la deuxième gare du Pfaffenthal.» En clair, la liaison Belval-Kirchberg sera opérationnelle dès la fin de l’année 2017. «Cette ligne sera par ailleurs utile pour nos étudiants, a complété le ministre. Car une partie des élèves de l’université continuera d’étudier au Kirchberg.»
- Un cadencement bien huilé sur la ligne 60 Belval-Luxembourg. Alors que beaucoup de frontaliers rechignent à prendre le train sur la ligne 90 Metz-Luxembourg, où les problèmes de collaboration entre les CFL et la SNCF engendrent des retards fréquents. Sur la ligne Belval-Luxembourg, en gestion nationale, pas de souci donc. Un train part toutes les quinze minutes vers la capitale.
Les outils qui pourraient exister
- De vrais parkings relais bientôt en France aussi? Patrick Weiten, le président du conseil départemental de la Moselle, a insisté sur l’importance de construire «des parkings relais en France, le long de l’axe stratégique des lieux d’habitation des frontaliers». De vrais parkings relais, pas du stationnement pour quelques voitures… Un signal fort envoyé au Luxembourg, où en off, les élus regrettent souvent le manque d’ambition côté français sur ce sujet. À titre d’exemple, les frontaliers d’Uckange doivent venir le matin avant 6 h 30 déposer leur voiture près de la gare pour espérer trouver une place. Et pour cause, le parking n’en compte que 250! Même problème à Thionville ou à Longwy…
- La réalisation du projet de «Minettstram op Pneuen» . Le bus à haut niveau de service (type Mettis de Metz) devrait relier le quartier de la Cloche d’or (au sud de Luxembourg) à Micheville. Ce n’est qu’un projet pour le moment, aucun calendrier n’a été donné. Une deuxième ligne devrait longer le Sud, de Dudelange à Rodange, en passant par Kayl, Schifflange, Esch, Belval et Belvaux. Bref, un réseau suffisamment émaillé pour espérer attraper un train à n’importe quel moment à Belval! Et, donc, renforcer l’attractivité de la gare.
Hubert Gamelon
Le rédacteur de l’article est-il allé à Belval en train ?