Les Jeunes symphonistes mosellans et leurs homologues colombiens ont fait chavirer l’Arsenal de Metz, ce dimanche. Le concert s’annonçait inédit : faire jouer des ados d’horizons variés (conservatoires, écoles, quartiers moins favorisés) et des jeunes de l’autre bout du monde. Quelle force évocatrice, au final, et quel talent !
Ils se sont enfermés deux semaines pour réviser un dernier coup. Depuis que les Colombiens étaient arrivés de leur région de Caldas sur le tarmac français. Pour tous, faire l’Arsenal de Metz s’annonçait comme un immense défi. C’est peu dire qu’ils l’ont relevé, ce dimanche, avec une envie rare. Et un public qui n’en finissait plus de répondre ! (voir la vidéo de la standing ovation).
Les pédagogues collent souvent des concepts creux sur ce que devrait être « le vivre-ensemble grâce à la musique »… où on ne sait quelle fadaise du genre. Les journalistes en soupent régulièrement d’ailleurs, premiers interlocuteurs pour faire « passer des messages » à la jeunesse.
Mais ce dimanche, sans que l’on nous en dise plus, nous avons vu (entendu !) ce que peut produire la musique : l’élan formidable d’une jeunesse qui abolit les frontières. Les frontières sociales, les frontières géographiques…la place que chacun trouve dans un orchestre, l’émancipation que l’on tire comme un archet.
L’histoire ? Elle est un peu complexe, comme tous les parcours de vie. Nous l’évoquions dans un article en début de semaine. Les Rencontres de Saint-Ulrich, centre de musique international situé à Sarrebourg, a exhumé des partitions oubliées en Amérique Latine. Ainsi qu’une autre façon de transmettre la musique aux jeunes (les batucadas, vastes ensembles populaires) découverte au fil des voyages en 30 ans.
Une autre façon de faire aimer la musique
Il y a six ans, fort d’un partenariat avec l’Union musicale de Woippy, les Sarrebourgeois fondent les Jeunes symphonistes mosellans. Une nouvelle aventure est lancée : apprendre et aimer la musique façon « Amérique Latine ». Faire jouer des jeunes lorrains de divers horizons avec de l’ambition. Et tiens, tant qu’à rêver, les faire jouer avec des jeunes d’Amérique Latine pour voir si la méthode colle !
Oui ça colle, ça joue, tout ce que vous voulez. Ce dimanche, les jeunes musiciens (plus de 100 sur scène !) ont enchaîné les Bambuco, Cumbia et autres Pasillo devant un public conquis, dansant même parfois. L’Arsenal de Metz semblait d’un coup moins solennel que d’habitude, et finalement si joyeux ! Toutes ces musiques colombiennes, classiques mais si baroques au sens figuré du terme, que l’on ne connaît pas. On notera toutefois une composition inédite, pièce fantastique signée d’un jeune messin, Simon Clausse, âgé de 18 ans tout juste et issu du conservatoire de Metz-Métropole. Jusqu’au bout, la jeunesse aura été mise en avant !
Dans cette opulence, il aura fallu trois chefs pour canaliser les énergies : Olivier Jansen (Union Woippy), Holver Mauricio Cardona Aristizabal et John-William Aguilar Henao (Batuta Caldas). Les trois ont fini en dansant avec des drapeaux colombiens, ou en improvisant au trombone pour un énième rappel, comme une fête dans la rue : « Viva Francia y viva Colombia ! »
Hubert Gamelon