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Luxembourg : une monitrice suspendue pour avoir scotché un enfant à son siège


Mercredi dernier, à Luxembourg, un enfant qui ne voulait pas s'asseoir dans le bus des activités de l'Aktioun Bambësch s'est retrouvé scotché sur son siège. (Illustration : DR)

Un enfant s’est retrouvé scotché sur son siège de bus durant quelques secondes, mercredi dernier, par une monitrice de l’Aktioun Bambësch.

L’affaire a déclenché toute une polémique sur Facebook. Au point de grossir les faits, toutefois jugés «inexcusables» par les élus.

L’affaire, révélée par nos confrères de RTL, a pris une dimension médiatique de premier rang. Mercredi dernier, à Luxembourg, un enfant qui ne voulait pas s’asseoir dans le bus des activités de l’Aktioun Bambësch s’est retrouvé scotché sur son siège. La monitrice, une étudiante qui assure un rôle d’encadrement l’été, a pourtant suivi les 225 heures de formation imposées par la Ville, contre les 150 heures réglementaires au niveau national. «L’acte n’est pas excusable, a commenté Sam Tanson, la première échevine de la Ville. L’étudiante a du coup été écartée de toute activité avec les enfants.»

L’affaire, rendue publique sur Facebook par la maman de l’enfant elle-même, a entraîné de multiples réactions. En clair, certains internautes s’offusquent d’une telle pratique, alors que d’autres souhaitent le retour d’une autorité ferme face à des enfants jugés turbulents… éternel débat de société. Socrate, il y a 26 siècles déjà, ne déplorait-il pas ces «jeunes qui ont de mauvaises manières, se moquent de l’autorité et n’ont aucun respect pour l’âge»? Manque de bol pour lui, le monde a accouché de nombreuses avancées sociales et humanistes depuis. Revenons-en donc aux faits, plutôt que de palabrer.

Que s’est-il vraiment passé ?

• Une violence très limitée : selon les premiers éléments de l’enquête interne, le «scotchage» n’a pas eu la violence sous-entendue par les réseaux sociaux. Tout d’abord, le ruban adhésif utilisé, que la monitrice avait dans la poche pour les activités, ressemble plutôt à du ruban de masquage faiblement collant, du type de ceux que l’on utilise pour protéger une surface lors de travaux de peinture. Deuxièmement, la monitrice a sorti le ruban sur le ton de l’humour dans un premier temps. Sur le mode : «Si tu refuses de t’asseoir quand le bus démarre, je vais te scotcher au siège tu verras…» Face au refus répété de l’enfant, elle est passée à l’action en recouvrant les épaules d’un bout de ruban. Bout dont l’enfant s’est immédiatement défait. Une scène qui n’a visiblement pas marqué le bambin : il n’a rien raconté le soir à ses parents, ce sont les responsables du Centre d’animation pédagogique et de loisirs (Capel) de la Ville qui ont contacté la maman deux jours après, lorsqu’ils ont eu vent des faits.

• Une réaction rapide : en tant que première échevine, dans le contexte des congés, Sam Tanson a eu la responsabilité de la gestion de l’affaire. Elle s’est dite préoccupée, et a montré une réaction rapide avec ses services. «Des enfants ont raconté la scène à leurs parents, qui ont raconté la scène jeudi aux responsables du foyer. Les actions en forêt ne se déroulant que l’après-midi, il a fallu confirmer tout cela et nous avons été au courant vendredi. Dès lundi, la monitrice était écartée et nous avons proposé un rendez-vous à la maman.» Qui est en vacances. Le rendez-vous se déroulera donc en septembre.

• Un parallèle bancal avec l’affaire de Bonnevoie : une comparaison a pu être faite entre les faits de mercredi dernier et l’affaire en cours de jugement des scotchages de la maison relais de Bonnevoie. En 2009, trois éducatrices avaient eu recours au scotch face à plusieurs enfants turbulents de Bonnevoie. Une affaire grave, traitée au niveau pénal, dont le jugement sera rendu en octobre. Dans le cas de l’Aktioun Bambësch, le scotchage n’a duré que quelques secondes et surtout, il est le fait d’une monitrice. Qui n’a ni les diplômes ni la responsabilité d’une éducatrice. Il ne s’agit pas là de trouver une excuse, mais de remettre les faits à leur niveau de gravité. Une éducatrice contactée par nos soins analyse d’ailleurs la situation avec son expérience : «Je ne connais pas les faits. Mais chez un enfant, les gestes « agressifs » sont normaux à un jeune âge… et étant une professionnelle de la relation, il est fondamental de comprendre le comportement de l’enfant et de le laisser s’exprimer en cherchant la discussion! L’écoute active, l’observation, l’empathie sont des outils nécessaires afin d’accompagner « le bénéficiaire », dans ce cas l’enfant.»

• Une formation qui sera revue : Les responsables de la Ville souhaite réviser la formation des moniteurs en insistant clairement sur les limites infranchissables de leur rôle. L’ensemble des éducateurs a déjà été réuni lundi pour refaire le point. En attendant, les activités d’été en forêt du Capel, qui ont marqué des générations de jeunes luxembourgeois, vont rester un plaisir jusqu’à la rentrée!

Hubert Gamelon

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