Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Dix jeunes «d’ici et d’ailleurs», des résidents comme des bénéficiaires de protection internationale qui ont dû fuir leur pays, partent pour une aventure de trois jours en tandem à travers le Grand-Duché. Notre reportage sur la ligne de départ, hier, à Marienthal!
Il était un peu plus de 13 h, lundi, au Centre de jeunesse du Service national de la jeunesse (SNJ) à Marienthal. Max Wagner, le responsable du pilier interculturel et droits de l’homme du SNJ, accueille un par un les jeunes qui vont prendre part au projet «Tandem Together». Ils sont cinq jeunes d’ici (des résidents luxembourgeois ou étrangers), cinq jeunes d’ailleurs (des demandeurs ou bénéficiaires de protection internationale) et quatre autres jeunes d’ici et d’ailleurs, qui s’occuperont de réaliser un film sur le projet.
Ils ne se connaissent pas et ils vont passer quatre jours ensemble avec l’objectif de faire «un voyage en tandem», dixit Max Wagner. Une aventure en trois étapes : Marienthal-Erpeldange (aujourd’hui), Erpeldange-Echternach (demain : avec une partie en kayak) et Echternach-Luxembourg (jeudi), soit en moyenne une trentaine de kilomètres par jour sur les pistes cyclables.
Communication, confiance, coordination
Hier après-midi, Steve, Jerson, Christine, Yann, Alexandre, Iaia, Thierno, Fortunat, Iaia, Khadem, Daouda, Lucca, Vanessa… ont fait connaissance. Ils ont surtout écouté les conseils de Marcel et Yves, qui les encadreront sur les routes lors de ce projet. «Voilà votre machine, lance Yves en présentant un des cinq tandems jaune et bleu du SNJ. Vous savez tous rouler à vélo. Eh bien, le tandem, c’est presque la même chose.» Il y a des différences et la plus grande est qu’ils sont deux sur la machine. «Le tandem, c’est une question de communication et de confiance, détaille Marcel. Les deux cyclistes doivent parler tout le temps. Quand on part, on doit choisir ensemble le pied de départ, idem quand on s’arrête… Et c’est une question de confiance parce que celui qui est derrière ne voit rien à part le dos de son coéquipier, il a un guidon, mais qui n’a pas de frein ni de vitesse… Bref, les deux doivent se parler et s’écouter pour se coordonner et avancer.»
Quelques grands slogans et surtout une réalité : une aventure en commun pour mieux se connaître (Photo : Didier Sylvestre).
Le tandem est un symbole. «Cette aventure entend rapprocher les participants et leur montrer que quand on communique cela marche. On veut qu’ils forment une équipe, souligne Max Wagner. On veut aussi poser un signal fort auprès de la société. Deux ans après l’afflux important de réfugiés vers l’Europe en 2015, il est important d’œuvrer pour rapprocher les différentes populations au Luxembourg et de lutter contre les préjugés. La diversité est un atout pour notre pays. Idéalement, nos jeunes vont constater au fil de leur aventure commune qu’ils ne sont pas si différents les uns des autres et que c’est soudés qu’ils avancent le mieux.»
Un sentiment partagé par Lucca : «Je suis venu pour connaître les jeunes qui sont arrivés au Luxembourg et apprendre à travailler ensemble.» De son côté, Iaia, un Éthiopien de 28 ans, appréhende un peu de monter sur un tandem : «C’est la première fois que je vais faire ça.»
Il est 14 h 37, ils sont tous en tenue de cycliste et montent sur leur tandem. Pour certains, les premiers tours de roues dans le parc du Centre de jeunesse sont chaotiques. Mais les rires sont là. Et au fur et à mesure, les binômes se parlent et les tandems avancent en harmonie.
L’aventure est bien lancée.
Guillaume Chassing.
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