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La visite d’État au Portugal dans l’œil des photographes officiels


Pour une fois, les voici devant l’objectif : Emmanuel Claude, Sophie Margue et Jean-Christophe Verhaegen, tout juste de retour de Lisbonne.

Sans eux, pas d’images du voyage officiel du couple grand-ducal au Portugal : les trois photographes officiels engagés pour couvrir la visite d’État se confient sur leur métier-passion qui les emmène au bout du monde.

Ils sont bien connus des journalistes luxembourgeois, mais pas du grand public, et pour cause : leur travail consiste précisément à se faire oublier. Emmanuel Claude, Jean-Christophe Verhaegen et Sophie Margue sont les trois photographes officiels de la visite d’État du couple grand-ducal au Portugal qui s’est achevée vendredi. Les deux premiers pour le compte du SIP – le Service information et presse du gouvernement – et la dernière, au service de la Cour grand-ducale.

Mais comme ces professionnels de l’image ne s’arrêtent jamais, il n’a pas été facile de les coincer plus de deux minutes au même endroit : c’est donc, pêle-mêle, au petit-déjeuner, dans le minibus, et enfin dans l’avion, qu’ils ont gentiment pris quelques minutes pour évoquer leur métier pas comme les autres.

Ordinateur calé dans le sac à dos, un boîtier accroché à chaque épaule, Jean-Christophe, 48 ans, est avant tout un observateur, prêt à déclencher au moindre geste du Grand-Duc qui apparaît dans l’œilleton : pigiste pour l’Agence France-Presse depuis 20 ans, rompu à la couverture d’évènements officiels, le SIP fait régulièrement appel à lui. Son baptême du feu, le mariage princier de Guillaume et Stéphanie en 2012 : «J’ai foncé acheter un costume», raconte-t-il en riant.

«Mieux vaut être endurant!»

Mais ce qui le fait vibrer, ce sont surtout les destinations lointaines : Finlande, États-Unis, Émirats arabes unis, Japon ou encore Maroc, ces dernières années, ils enchaînent les missions, suivant tantôt le couple grand-ducal, tantôt le Grand-Duc héritier. «On a la chance de travailler dans des endroits incroyables, auprès des personnes les plus importantes», se réjouit-il, les traits un brin tirés par quatre journées à un rythme effréné.

Car une visite d’État, c’est un vrai marathon, confirme Sophie : «Mieux vaut être endurant! En temps normal, j’ai deux à trois activités par jour à couvrir, là ça peut monter jusqu’à huit», compte la jeune femme de 32 ans, habituée désormais à ces conditions de travail atypiques, puisqu’elle œuvre pour la Cour grand-ducale depuis 2018.

Un instant capté par Jean-Christophe, lors de la dernière soirée du couple grand-ducal avec le président portugais. Photo : sip

«Le manque de sommeil s’ajoute au stress permanent, on retarde, voire on saute des repas, sans oublier les températures élevées, et nos vêtements, conformes au protocole, mais peu pratiques», liste-t-elle, ajoutant qu’il faut aussi s’adapter à des lieux inconnus et être toujours réactif. «Tout va très vite. Mais c’est génial, parce qu’on découvre des gens et des endroits qui nous seraient inaccessibles autrement», insiste-t-elle, alors que tout ça lui est tombé dessus un peu par hasard.

Souvent la seule femme

«J’ai toujours aimé prendre des photos – j’ai reçu mon tout premier appareil pour ma communion – mais je n’avais pas songé en faire mon métier», se souvient celle qui a donc démarré sa carrière dans la communication, avant de se lancer en tant que photographe indépendante.

Avec succès : son talent est apprécié aujourd’hui jusqu’au sommet de l’État : «Un lien de confiance s’est créé avec la famille grand-ducale. Ils me reconnaissent dans la foule des photographes et se tournent naturellement vers moi», confie-t-elle, précisant être bien souvent la seule femme parmi tous les photographes accrédités.

Le troisième de l’équipe, c’est «Manu», 45 ans. Chef de sa propre agence photo et vidéo au Luxembourg depuis 2009, il a rejoint le pool du SIP en 2017, mais ne sait toujours pas comment nouer sa cravate. Heureusement, Jean-Christophe n’est jamais très loin.

N’est-ce pas aussi ça, le travail d’équipe? On ne le soupçonne pas forcément, mais lors d’un déplacement de cette envergure, c’est bien le collectif qui fait toute la différence : «À plusieurs, on observe à la fois la scène et ce que font les collègues, on essaye d’être complémentaires en multipliant au maximum les points de vue, pour que les images reflètent le plus fidèlement ce qu’on a vécu», explique ce Lorrain, passionné de photo depuis toujours, fasciné qu’il était par le bruit de l’obturateur de l’appareil photo argentique paternel.

«Pendant quatre jours, c’est du non-stop, sans pause»

Les trois photographes utilisent d’ailleurs chacun des focales différentes pour obtenir des rendus différents. Le tout dans un ballet minuté, cadré par les multiples briefings de la responsable organisation du SIP, même si, comme le souligne Jean-Christophe, «la photo n’est pas une science exacte, on n’est pas à l’abri d’un loupé. Parfois, on imagine une photo, on se positionne, et quelqu’un se met devant ou rentre dans le champ, il faut alors vite trouver un plan B.»

Le plus compliqué à gérer, pour Emmanuel, est le rythme soutenu qu’impose l’exercice : «Pendant quatre jours, c’est du non-stop, sans pause, on édite dans le minibus, pendant les transferts, au restaurant, on envoie dès qu’on peut, car la presse attend nos photos», rappelle-t-il.

Au retour à Luxembourg, vendredi après-midi, après les ultimes images captées à la descente d’avion du Grand-Duc, ils ont récupéré leurs bagages et repris la route de leur chez-eux, exténués. Mais la sieste devra attendre, car leur mission n’est pas finie : «On va encore ajouter d’autres photos, qu’on n’avait pas forcément sélectionnées sur place, et renvoyer toutes les images, cette fois dans un format plus lourd. Il y a encore presque deux jours de boulot», conclut Jean-Christophe dans un grand sourire, déjà (presque) prêt à repartir.

Leurs souvenirs les plus marquants

Sophie : «En 2019, avec le Grand-Duc à Madrid pour la COP25. J’ai pu pénétrer dans la résidence du roi, il y avait un immense parc, c’était très impressionnant. Et le moment le plus émouvant, c’est sans hésitation mon voyage humanitaire au Liban, avec la Grande-Duchesse, en 2018 : nous avons visité un camp de réfugiés. C’est a posteriori que je me suis rendu compte de ce que je venais de voir. Un jour, je raconterai tout ça à mes enfants.»

Emmanuel : «J’ai pu accompagner le Premier ministre, Xavier Bettel, lors d’une visite de travail en Corée du Sud en 2018, et parmi les temps forts, nous sommes allés à la DMZ, la zone démilitarisée qui fait tampon entre les deux Corées. C’est incroyable d’avoir pu voir cet endroit.»

Jean-Christophe : «Moi, j’ai marché dans le palais impérial de Tokyo lors de la visite d’État au Japon en 2017, ça reste un souvenir très fort. Il y a aussi l’Exposition universelle de Dubai, où je suis retourné à quatre reprises pour le SIP : voir toute l’évolution du pavillon luxembourgeois, qui au début n’était qu’un tas de sable, a été une belle expérience.»

Le Grand-Duc de retour, sans Madame

Tandis que la visite d’État au Portugal s’est achevée jeudi soir, avec une réception offerte par le Luxembourg dans un lieu branché de Lisbonne, le Sud Lisboa, en bordure du Tage, c’est seul que le chef de l’État a embarqué vendredi matin à bord du vol spécial qui le ramenait au Luxembourg, la Grande-Duchesse «ayant d’autres engagements», a précisé le Palais.

Le souverain a été accueilli sur le tarmac du Findel vers 13 h, par Fernand Etgen, président de la Chambre des députés, et Lex Delles, ministre des Classes moyennes et du Tourisme. Dans le décor feutré du salon d’honneur de l’aéroport, le Grand-Duc a ensuite tenu à remercier personnellement chacun des participants à ce voyage officiel, des membres du gouvernement jusqu’aux journalistes.

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