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La City de Londres hantée par un Brexit sans accord


Le message est clair dans la population... mais du côté de la City, une rupture brutale est synonyme de tous les dangers (Photo : AFP).

Le Brexit va coûter entre 3 000 et 12 000 emplois financiers au Royaume-Uni, a expliqué une haute responsable de la City de Londres, qui presse le gouvernement d’éviter le scénario du pire d’une sortie sans accord.

« Il s’est écoulé dix ans depuis la crise financière et la dernière chose souhaitable est une déstabilisation » des services financiers et des marchés, s’inquiète dans un entretien Catherine McGuinness, l’une des principales dirigeantes du lobby financier londonien. Les milieux financiers ne cachent pas leur grande préoccupation à quelques jours d’un vote crucial au Parlement britannique sur l’accord négocié par la Première ministre Theresa May avec l’UE. La partie est loin d’être gagnée pour la dirigeante conservatrice, ce qui alimente les craintes d’un divorce sans concession. « Compte tenu de l’incertitude politique actuelle il est très difficile de se prononcer sur le vote.

Notre préoccupation porte sur les risques liés au scénario d’absence d’accord dont nous pensons qu’il serait mauvais pour les consommateurs et les entreprises au Royaume-Uni et dans l’UE », explique Catherine McGuinness. « Il est important que les régulateurs et les institutions prennent toutes les mesures pour éviter un bouleversement qui n’est pas le bienvenu », lance d’un ton décidé cette figure incontournable du centre financier de Londres, l’un des plus importants au monde.

Pour ce lobby, les préparatifs pour un Brexit sans accord doivent s’accélérer. S’il a été rassuré par les propositions européennes visant à faciliter l’accès aux chambres de compensation établies au Royaume-Uni, la City de Londres s’inquiète du retard pris dans l’énorme marché des produits dérivés et des contrats d’assurance.

« Londres sera différente »

« Londres sera différente mais nous avons quelques années pour savoir exactement dans quelle mesure. Nous quittons l’UE mais nous ne quittons pas l’Europe », confie la responsable. Les dégâts du Brexit sont toutefois déjà visibles, puisque la plupart des grandes banques présentes à Londres ont déjà annoncé des déplacements d’emplois vers le continent, au grand dam de la City, symbole du rayonnement et de la puissance de la capitale britannique. L’enjeu pour ces mastodontes internationaux de la finance est de limiter toute perturbation après le Brexit qui les prive du passeport financier européen leur permettant de commercer depuis Londres sur le continent. « Nous estimons qu’entre 3 000 et 12 000 emplois » auront quitté le Royaume-Uni d’ici fin mars prochain, date effective du Brexit, selon Catherine McGuinness, rappelant toutefois que ce nombre est inférieur aux prévisions annoncées juste après le référendum.

Pas d’exode massif ?

Dans une étude publiée lundi, le cabinet EY estime de son côté qu’environ 800 milliards de livres d’actifs ont été transférés du Royaume-Uni vers le reste de l’UE depuis le vote de juin 2016. Sur le plus long terme, la City ne sait toutefois pas à quelle sauce elle va être mangée et le plus grand flou règne sur les contours de la future relation commerciale avec l’UE.

Les Européens semblent peu enclins à inclure la finance dans un vaste accord de libre-échange, comme le demande le ministre britannique des Finances Philipp Hammond. Ils ont plutôt mis sur la table le régime des équivalences, critiquées par Londres pour être révocables à tout moment.

« Notre avis est que les règles d’équivalence sont incomplètes, ne couvrent qu’une partie des activités menées à Londres, sont très politiques et très précaires », détaille la responsable. Mais la City de Londres ne cède pas pour autant au pessimisme, sûre des capacités de la capitale à tenir son rang de place financière mondiale. « Nous ne nous attendons pas à un exode massif d’emplois parce que les activités menées ici dépassent largement le cadre européen », estime Catherine McGuinness.

Elle considère d’ailleurs que les concurrents « naturels » de Londres sont davantage New York et Singapour que Paris ou Francfort, et mise sur le développement de la « fintech » (start-up financières) et de la finance verte pour compenser dans les années qui viennent les retombées néfastes du Brexit.

AFP

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