Moins de deux jours après avoir décroché deux étoiles au Michelin, l’Auberge du Père Bise à Talloires (Haute-Savoie) a été victime d’un cambriolage qui a ciblé les plus grands crus de sa cave, a-t-on appris mercredi auprès de son chef, Jean Sulpice.
« C’est horrible… Entre 150 et 200 bouteilles ont été volées. C’est tout notre patrimoine qui s’en va, des bouteilles achetées par la famille Bise, sur plusieurs générations, et qui vieillissaient là », a déploré le « cuisinier de l’année » 2018 du guide Gault et Millau. Parmi les plus grands crus emportés, des « Château d’Yquem, Petrus, Margaux, Mouton Rothschild, Cheval Blanc, des bouteilles de 1952, 54, 56… et des Bourgogne très rares », a détaillé le chef, effondré, soulignant qu’une « clientèle étrangère venait spécifiquement pour ces millésimes ». « On est assuré mais leur valeur est inestimable », a souligné Jean Sulpice, qui a repris et rouvert l’établissement centenaire l’an passé avec sa femme Magali.
Dans la nuit de mardi à mercredi, il a quitté la cuisine « vers une heure du matin » pour rejoindre le corps de bâtiment où il loge, à 20 mètres de distance, avec sa famille, et selon les caméras de vidéosurveillance de l’établissement, les cambrioleurs sont passés à l’action à 4h. Malgré la porte blindée de la cave et le code requis pour déverrouiller, les cambrioleurs sont entrés et « sont restés plus d’une heure dedans (…) ils sont allés directement dans les casiers contenant les plus vieux millésimes et n’ont rien pris au-dessus de l’année 2000 », a poursuivi le chef.
Un Petrus brisé
C’est mercredi matin, en arrivant en cuisine à 7h, que le chef a trouvé « une bouteille de Petrus cassée », avant d’aller vérifier la cave. « Ils avaient pris des chariots pour transporter les bouteilles, qu’on a retrouvés sur le parking ». Les gendarmes de la section de recherches d’Annecy et de la brigade de Faverges sont chargés de l’enquête. Malgré ce coup dur, Jean et Magali Sulpice accueilleront en soirée les clients de l’Auberge.
« Heureusement qu’elle est là cette deuxième étoile, parce que sinon, ça serait dur de remonter la pente », confie le chef en espérant que des vignerons leur viendront en aide.
Le Quotidien/AFP