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Knauf : les antis mobilisent


C'était devant le conseil municipal de Thionville, lundi soir. Les militants anti-Knauf ont formé une haie d'honneur pour accueillir les élus municipaux. (Photo : Le Républicain Lorrain)

L’enquête publique sur le projet de création d’une usine de laine de roche à Illange prend une drôle de tournure. Récit des évènements.

Une prolongation inattendue

Initialement, l’enquête publique devait s’achever le 21 septembre. Lors de la réunion publique qui s’est tenue à Illange le 11 septembre dernier, le commissaire enquêteur avait clairement opposé une fin de non-recevoir aux militants anti-Knauf qui demandaient une prolongation. Pourtant, quelques jours plus tard, le préfet autorisait cette extension jusqu’au 5 octobre… Dans un arrêté publié cette semaine, on apprend que c’est le commissaire enquêteur lui-même qui a décidé de prolonger l’enquête «en raison de l’ampleur des observations reçues». Un signe qu’au moment de l’ouverture des débats, personne n’avait anticipé un tel niveau de mobilisation.

Une extension du périmètre

Au moment de l’ouverture de l’enquête publique, les communes de Terville et de Florange ne figuraient pas dans le périmètre de l’enquête, lequel englobe toutes les localités situées dans un rayon de trois kilomètres autour du site. Ces deux communes ont finalement été ajoutées au moment de la prolongation. Encore une fois, il s’agissait d’une revendication de l’association Stop Knauf Illange, plusieurs fois exprimée devant le commissaire enquêteur, carte à l’appui. L’État a-t-il cédé au moment où l’association a annoncé son intention de saisir le tribunal administratif?

Un nouveau commissaire enquêteur

Le 20 septembre, deux jours après sa décision de prolonger l’enquête publique, le commissaire enquêteur Jean-Claude Brûlé a fait un courrier au préfet pour se dessaisir du dossier. Personne ne communique sur les raisons de ce désistement… Pas même l’intéressé.

Le dossier a donc un nouvel arbitre, en la personne d’Alain Lintz, un cadre à la retraite qui vient d’être désigné par le tribunal administratif de Strasbourg.

C’est lui qui sera chargé de délivrer un avis dans un délai d’un mois après la fin de l’enquête publique. Avis qui ne sera que consultatif. Seul le préfet, au final, sera habilité à délivrer l’autorisation d’exploiter.

Une pression des deux côtés

En à peine deux mois, l’association Stop Knauf Illange s’est structurée. Aujourd’hui, ses militants multiplient les réunions, manifestations, messages sur les réseaux sociaux. Avec un objectif précis : faire pression sur tous ceux qui ont leur mot à dire sur le projet Knauf. Les élus locaux d’abord. Stop Knauf Illange s’invite à tous les conseils municipaux où le point est à l’ordre du jour. Avec succès parfois, puisque les conseils de Distroff et Stuckange ont émis un avis défavorable.

Deuxième cible : le commissaire enquêteur, à travers une multitude de contributions, de demandes, ou en menaçant d’introduire un recours devant le tribunal administratif pour dénoncer des prétendus vices de forme.

Et lorsque la balle sera dans le camp du préfet, nul doute qu’ils sauront s’inviter à chacune de ses sorties publiques.

Une stratégie de lobbying que les pro-Knauf ont décidé de contrer, en activant leurs propres réseaux. En témoigne cette lettre, envoyé par Patrick Weiten à plusieurs décideurs économiques et politiques du département, le 21 septembre dernier : «Je vous sollicite, en tant que membre de Moselle Attractivité, pour apporter votre voix et votre soutien dans cette enquête publique.» Un appel entendu par de nombreux destinataires, lesquels ont écrit au commissaire enquêteur pour défendre le projet.

Anthony Villeneuve (Le Républicain Lorrain)

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