Julien Quercia enfin autorisé à jouer pour le F91 : « Ce n’est pas une deuxième carrière »

Julien Quercia attendait que l’assurance qui l’a indemnisé, après que son incapacité à jouer au football en pro a été prononcée, lui donne l’autorisation de jouer pour le F91. Il l’a!

Julien Quercia n’a pas eu la carrière que son talent méritait. Le natif de Thionville, formé en partie à Florange, aura certes disputé la bagatelle de 115 matches en Ligue 1 française, mais le tacle dangereux et fatal d’un défenseur dijonnais (en août 2011) qui lui brisera la cheville auront raison de sa santé et donc de sa vie de footballeur professionnel.

Après deux opérations infructueuses, la médecine du travail le déclare inapte à la pratique du football de haut niveau. Mais une troisième, en mai 2015, lui retape le pied. Cette semaine, il a en enfin reçu de l’assurance qui l’a indemnisé pour la perte de son job l’autorisation de rejouer au football, mais amateur. Un rêve! Pour lui. Et peut-être pour le F91, qui a le droit d’en attendre monts et merveilles.

Le Quotidien : C’est une très bonne semaine qui vient de commencer pour vous!

Julien Quercia : Oui, j’ai enfin reçu l’autorisation de la part de mon assurance de rejouer au football. Je n’ai pas forcément dû batailler, mais comme je ne voulais pas avoir de problème, je préférais avoir un rendez-vous avec le directeur général de la succursale française, à Paris.

Le genre de personne qu’on ne croise pas sans un problème hautement technique ou important?

(Il sourit) Oui, je crois effectivement qu’il faut que ce soit important. Comme une assurance spécifique pour les footballeurs professionnels.

Ils vous ont donc autorisé à jouer avec le F91?

Oui, parce que rejouer en amateurs ou en pros, c’est très différent. De toute façon, les pros, pour moi, c’est fini. De toute façon, autorisation ou pas, après trois ans d’arrêt, je ne sais même pas si j’y arriverais encore. Et puis ce n’est pas sûr que ça se passe bien pour mon pied. Non, moi, l’assurance, je leur demandais juste l’autorisation d’exercer ma passion si mon état physique me le permettait.

Désolé de raviver des souvenirs douloureux, mais vous nous refaites un topo de votre blessure?

J’ai eu une fracture de fatigue du cinquième métatarse. Normalement, trois à quatre mois et le joueur est de nouveau sur le terrain. Moi, ça m’a pris deux ans et demi et trois opérations. Avant les deux premières, on m’a dit que ça allait guérir. Après la deuxième, on m’a dit que c’était fini, que je ne rejouerai jamais plus au foot.

La blessure de Julien Quercia face à Dijon. par FCLorient

Vous avez parlé de trois opérations.

La troisième, ce sont des amis qui me l’ont proposée via l’actuel chirurgien du Paris SG, le docteur Khiami, qui vient d’opérer Lucas (NDLR : l’attaquant brésilien du PSG) des adducteurs. Il pouvait m’aider dans ma vie de tous les jours.

Comment cela?

Je voulais juste, à 29 ans (NDLR : l’opération a été pratiquée en mai 2015), redevenir une personne normale, capable de marcher sans avoir de douleur. Le docteur Khiami, si je l’avais rencontré avant, je serais sûrement encore pro, parce que ma fracture a enfin consolidé. Mais la vie est comme ça, je la prends du bon côté.

Pour vous, qui souffriez depuis trois ans, à quoi ont ressemblé les premières fois sans douleur?

Après trois mois, je marchais sans avoir mal. Alors je me suis dit  : « Tiens, je vais essayer de retrottiner, tout doucement, pour voir. » J’étais tout seul ce jour-là. Puis j’ai accéléré progressivement. Après, je me suis demandé  : « Et si je faisais une petite préparation, est-ce que ça tiendrait? » C’est là que des amis qui jouent au F91 m’ont mis en relation avec le club.

Antoine Mangione, leur préparateur physique, m’a donc suivi de début mars à fin avril et en mai… je faisais quelques entraînements avec eux : je n’avais toujours pas mal. Bon, c’était tranquille hein. Juste une ou deux séances par semaine. Mais quand ils sont partis en vacances, j’ai poursuivi à Amnéville et ça allait toujours bien. Alors j’ai voulu reprendre…

Vous aviez aussi des touches avec le Fola.

Oui, je connais très bien Thomas Hym. Je les ai vus, eux aussi. Ils m’ont proposé de l’aide également et Serredszum, avec qui j’étais en contact, m’a vraiment l’air d’être quelqu’un de très bien. Mais bon, j’habite à Thionville et Dudelange, à 17  h, heure de l’entraînement, cela m’a paru plus facile, c’est tout…

Quand on a été footballeur professionnel mais déclaré inapte, à quoi aspire-t-on en revenant au football, fut-il amateur?

À reprendre du plaisir, à pratiquer. Et aussi à revivre tout ce qu’il y a autour du terrain. Je ne cherchais pas forcément à resigner une licence. Pour moi, rejouer, c’est déjà magnifique. Quand on revient de ce que j’ai vécu, on ne se préoccupe pas d’autre chose.

Où Dino Toppmöller vous a-t-il fait jouer lors des quelques matches amicaux que vous avez pu disputer?

Milieu offensif ou deuxième attaquant. Les postes où je suis le mieux pour aider le club à grandir encore.

Vous avez eu le professeur Khiami au téléphone?

Pas encore, mais d’ailleurs, dès qu’on a raccroché, je lui envoie un message pour le prévenir que l’assurance m’autorise à rejouer. Ma licence devrait même arriver dans les heures qui viennent…

C’est une résurrection?

En tout cas, ce n’est pas une deuxième carrière! Moi, mon but, c’était juste de pouvoir revivre normalement. Et ça veut dire pouvoir jouer au foot.

Julien Mollereau

Match amical Mondorf – F91 Dudelange, lundi 10 octobre (19h30).