Jessie Thill siège depuis janvier pour déi gréng à la Chambre des députés. La jeune élue n’hésite pas à fustiger ses collègues plus chevronnés qui ont toujours autant de mal à engager la transition énergétique.
« Je ne peux pas comprendre comment on peut placer son petit luxe personnel au-dessus de l’avenir des futures générations», lance sans détour Jessie Thill. Six mois après ses débuts, la jeune députée livre ses premières impressions. Elle travaille sur plusieurs dossiers lourds comme le logement, la mobilité, l’environnement et l’énergie. «Ce sont les responsables politiques qui peuvent vraiment faire bouger les choses», souligne l’élue de 26 ans, venue remplacer en janvier Carlo Back.
Le gouvernement a prolongé vendredi le rabais à la pompe jusqu’à fin août. Déi Gréng ont accepté cette mesure à contrecœur. Pouvez-vous néanmoins comprendre l’argument selon lequel cette aide est nécessaire pour ceux qui restent contraints de se déplacer en voiture?
Jessie Thill : Il n’y a personne qui clame que tous les déplacements doivent se faire en transports publics. On est conscients que la voiture joue toujours un rôle important en zone rurale. Mon parti n’est nullement antivoiture. Nous nous engageons pour l’optimisation de la mobilité, et la voiture en fait partie. Il ne faut également pas oublier qu’il existe les offres d’autopartage. Les gens qui ont vraiment besoin de soutien financier l’obtiennent par le biais des crédits d’impôt décidés. Il faut miser davantage sur ce genre de mesures ciblées et omettre de sortir l’arrosoir avec un rabais à la pompe.
Bien avant le covid et la guerre en Ukraine, le Luxembourg était déjà confronté à des inégalités sociales grandissantes. Comment jugez-vous ce phénomène?
En effet, les inégalités sociales ne cessent de se creuser. Le logement est un problème majeur. Il s’agit aussi d’une question d’équité intergénérationnelle. Les jeunes connaissent les plus grandes difficultés à se loger. Ce n’était pas le cas avant, même si habiter au Luxembourg n’a jamais été bon marché. On touche à des extrêmes.
À l’automne, le gouvernement doit enfin présenter la réforme de l’impôt foncier et la nouvelle taxe destinée à contrer la spéculation foncière. Partagez-vous l’opinion de la ministre de l’Intérieur, Taina Bofferding, qui a plaidé la semaine dernière dans nos colonnes pour la remise en question du droit absolu à la propriété?
Il faut vraiment réfléchir si de nos jours tout le monde doit être propriétaire. L’interrogation autour de cette question est de taille. Au Luxembourg, nous avons une tradition de propriétaires immobiliers. On dit encore souvent que l’on a seulement réussi lorsqu’on est propriétaire d’une maison avec jardin, pour y vivre avec son partenaire, les enfants et un chien ou un chat, sans oublier la belle voiture devant la porte. Ce modèle de société est à remettre en question. En Allemagne ou en Autriche, on trouve beaucoup plus de locataires. Nous nous devons de travailler sur ce domaine, en agrandissant le parc de logements détenus par la main publique. Je citerais aussi la nouvelle loi sur le bail à loyer qui donnera enfin un cadre légal à d’autres formes d’habitat, telles que les colocations. C’est très important pour les jeunes de soutenir davantage ces nouveaux modèles. Le tout doit aussi amener davantage de propriétaires à accepter que leur bien devienne une colocation.
Ressentez-vous que, parmi la jeune génération, la volonté est présente de faire évoluer le modèle de société classique que l’on vient d’évoquer?
Personnellement, j’habite dans une colocation. Beaucoup de gens dans mon entourage en font de même. Se partager une même maison ou un appartement a de nombreux avantages. La volonté de vouloir vivre en communauté doit bien évidemment être présente. La colocation permet aussi de mieux repartir les coûts, notamment ceux de l’énergie. Mais on peut aussi s’imaginer d’autres concepts innovateurs. Les outils fiscaux à venir doivent permettre de lutter contre les terrains et logements laissés vides. Une option serait d’amener les propriétaires à mettre leur terrain à disposition pour une durée de 20 ou 30 ans afin d’y installer des logements modulaires. Cela permettrait de viabiliser des terrains gardés en réserve pour les enfants ou petits-enfants. L’objectif doit être d’arriver vers une plus grande flexibilité.
Un autre problème majeur réside dans le risque de pénurie d’énergie provoqué par la guerre que mène la Russie contre l’Ukraine. L’invasion a été lancée un bon mois après votre assermentation comme députée. Comment avez-vous vécu ce moment?
J’ai grandi sur un continent en paix. Je n’ai pas connu l’époque de la guerre froide. L’invasion russe en Ukraine fut donc bien un moment de choc. J’ai ressenti la même chose dans mon entourage. Cette guerre m’inquiète. Il en va de même pour la crise énergétique. Nous savions depuis longtemps qu’une transition énergétique était incontournable. Cela est encore plus urgent maintenant. Il est parfois frustrant de constater qu’il faut attendre un tel éclat pour que les choses bougent. Si on avait commencé beaucoup plus tôt à se rendre moins dépendant de la Russie et des énergies fossiles, on ne se trouverait pas aujourd’hui dans un tel état de vulnérabilité.
Au Luxembourg, on sent aussi un vent de face lorsque l’on évoque le développement des énergies renouvelables. Comment convaincre donc une large majorité d’avancer vers un pays plus durable?
Les gens qui ont déjà fait le choix d’installer, par exemple, des panneaux photovoltaïques sur leur toit ne doivent plus être convaincus. Ce qu’il nous faut désormais faire est d’inciter tous les autres à sauter le pas, en misant notamment sur les primes énergétiques et autres subsides qui existent. La crise énergétique fait que les mentalités sont en train d’évoluer. Ceux qui ont toujours vanté le gaz comme solution idéale réfléchissent désormais à opter pour une pompe à chaleur. On se rend compte qu’ainsi, non seulement le Luxembourg ou l’Europe deviennent moins dépendants, mais chaque citoyen peut aussi gagner en autonomie énergétique.
La rénovation énergétique a non seulement un coût, mais on constate aussi une pénurie de main-d’œuvre pour réaliser cette transition. Comment peut-on y remédier?
Il faut vraiment mettre l’accent dans les écoles sur la promotion de ces métiers. Pendant très longtemps, s’orienter vers l’artisanat a été plutôt mal vu. On a souvent recommandé à ces jeunes de quand même entamer des études supérieures. Aujourd’hui, si on veut vraiment devenir indépendant, gagner son propre argent, il faut se lancer dans l’artisanat. Avec la demande qu’on a actuellement pour des pompes à chaleur ou des panneaux photovoltaïques, vous êtes assuré d’avoir du travail sur 30 ou 40 ans, car celle-ci ne va pas cesser.
Pour contrer les éventuelles pénuries d’énergie en hiver prochain, les États et l’industrie se tournent à nouveau vers le fossile et le nucléaire. Cette tendance ne risque-t-elle pas de freiner la lutte contre le changement climatique, voire de lui nuire?
La situation est en effet compliquée. Miser sur du gaz liquéfié n’est certainement pas idéal d’un point de vue écologique. Mais les terminaux maritimes qui sont en train d’être construits pourront à terme aussi servir à faire transiter de l’hydrogène vert. Pour continuer à faire front contre la Russie, il faut accepter le retour passager vers le fossile, en sachant toutefois qu’il faut continuer à investir massivement dans le développement des énergies renouvelables. La plupart des États ont compris l’importance de se rendre moins dépendants du gaz ou du mazout.
Il reviendra à votre génération de réparer les erreurs climatiques faites par le passé. En voulez-vous à vos aînés?
Ce qui me frustre parfois est que la science est depuis 40 ans très explicite sur le fait que le changement climatique est une réalité et que c’est l’homme qui influence le climat. L’accord de Paris et les autres traités internationaux produisent des premiers effets, mais ce n’est de loin pas suffisant. Il est très compliqué pour moi de comprendre ce que certaines personnes disent et font, y compris à la Chambre. Je pense à l’ADR, mais aussi à un Gilles Roth, du CSV, qui défend bec et ongles le tourisme à la pompe. Cette politique n’est en rien orientée vers l’avenir. Il est incontestable que le Luxembourg doit faire le deuil du tourisme à la pompe et des recettes qu’il génère. En 2035, la fin du moteur thermique sera actée. Nous sommes obligés de chercher dès à présent des solutions alternatives. Parmi ceux qui freinent le plus la transition énergétique se trouvent beaucoup de personnes qui n’ont plus forcément toute leur vie devant elles. Il est incompréhensible qu’ils préfèrent rouler en SUV et manger tous les jours un steak au lieu de prendre leurs responsabilités pour laisser une planète viable à leurs enfants et petits-enfants. Je ne peux pas comprendre comment on peut placer son petit luxe personnel au-dessus de l’avenir des futures générations.
Vous ne vous sentez pas impuissante en tant que simple députée luxembourgeoise pour faire changer les choses?
Dans le cadre de mes études, j’ai eu affaire à des professeurs spécialisés dans la recherche climatique. Ils ont toujours souligné que le rôle des scientifiques est de mettre en garde, mais que ce sont les responsables politiques qui peuvent vraiment faire bouger les choses. C’est ce constat qui a provoqué chez moi le déclic pour m’engager en politique nationale. J’aurais pu me lancer dans un doctorat ou devenir chercheuse, mais je pense que mon impact peut être plus important en politique, tant à la commune de Walferdange qu’à la Chambre des députés.
J’ai été surpris par le nombre de collègues députés qui m’ont interpellée après mon discours inaugural où j’avais souligné être une féministe convaincue
Peut-on dès lors affirmer que vous êtes contente d’avoir pu intégrer la Chambre en cours de législature?
Il s’agit d’une chance énorme qui m’a été offerte par Carlo Back. Je lui suis très reconnaissante d’avoir accepté de me céder son siège de député. Je me réjouis de poser désormais mes propres accents, de faire mes preuves et de laisser une empreinte.
À 26 ans, vous êtes la plus jeune membre de la Chambre. Quel accueil vous ont réservé les élus plus chevronnés?
J’ai été surpris par le nombre de collègues députés, aussi des plus jeunes, qui m’ont interpellée après mon discours inaugural où j’avais souligné être une féministe convaincue. L’un d’entre eux a même cru bon de me dire que l’on n’avait plus besoin de féminisme, car l’égalité des genres était une réalité. Or ni les droits des femmes ni ceux de la communauté LGBTQI+ ne sont à considérer comme acquis. On l’a encore récemment vu aux États-Unis avec la révocation par la Cour suprême du droit à l’avortement. D’une manière plus générale, il faut que la société devienne plus équitable.
Voilà pour qui travaillent ces jeunes ignorants : https://neonnettle.com/news/19677-world-economic-forum-calls-to-end-wasteful-private-car-ownership?fbclid=IwAR1CzFAhUWTVDBgj1Fm2nZe3Aw8hvwU5yYgTJcdgFwOh5hZCN7d_aTo1SSA
On appréciera également chez ces « jeunes » les charges qu’ils mènent contre les plus âgés qui seraient forcément les plus inconscients et les plus egoïstes. Exactement comme le mouvement anti-boomers en France qui reproche aux personnes, tout simplement d’être encore vivantes. Ils sèment le terreau de la discorde dans les populations et dans les familles, et font le jeu des mondialistes. C’est tout simplement de la perversion.
La propriété privée et sa protection ont été, et sont toujours, une des conditions sine qua non du fonctionnement des démocraties. Ces jeunes poltiiques qui manquent de culture croient que rien n’a existé avant eux et qu’ils peuvent tripatouiller des concepts qu’ils ne comprennent pas au profit d’une idéologie qui nie la réalité. Continuer à voter pour des gens comme cela, c’est voter contre la démocratie, contre la liberté et. pour le retour à un collectivisme dont on a pu évaluer les dégâts tout au long du XXe siècle.
typesch greenhorn! crier haut et fort n’importe quoi… 0 connaissance, 0 expérience, 0 respect des vieux!!!
Malheureusement, cette jeune femme dpit encore beaucoup apprendre. Et notamment la physique, sans quoi on dit beaucoup de bêtises.
Il ne suffit pas de répéter que c’est l’homme qui est responsable du climat pour que cela soit vrai. Vers l’an mille il faisait plus chaud qu’aujourd’hui et ce n’était pas la faute des humains, peu nombreux à cette époque et produisant infiniment moins de CO2 que les volcans ou les feux de forêts (allumés par la foudre).
Le climat évolue naturellement depuis toujours et cela ne va pas cesser au XXIème siècle.
Lors de l’avant dernière glaciation, le taux de CO2 dans l’atmosphère était deux fois plus élevé qu’aujourd’nhui.
Bref, je lui conseille la lecture de l’excellent livre de Steve Koonin « Unsettled », dans lequel elle apprendra bien des choses.
Quant au reste de ses idées, c’est du marxisme pur jus, système dont on connait l’efficacité (Cuba, Vénézuela, Corée du nord, etc.).
Mais ils ont une force : c’est de croire qu’en répétant une contre-vérité le plus possible, celle-ci va se transformer en réalité. Ces gens sont dangereux pour la démocratie et ne s’en rendent même pas compte. Ils sont le jouet de forces qui leur échappent et dont ils ne soupçonnent même pas l’existence.
je suis justement en train de lire Unsettled de Mr Koonin. Elle devrait vraiment aussi lire autre chose que les fameux et fumeux conseil du GIEC/IPCC – Une autre lecture très utile: The Delinquent Teenager Who Was Mistaken For the World’s Top Climate Expert de Mme Donna Laframboise. Ecouter sur Youtube Messieurs Michael Shellenberger et Jordan Peterson avec Apocalype Never? et lire le livre de Michael Shellenberger sur le même sujet et titre et pour terminer ici, sur Internet et gratuit, le livre de George Erickson: Unintended Consequences.
Je vous souhaite une excellente lecture.