Le président honoraire du Conseil européen, Herman Van Rompuy, était jeudi soir à Luxembourg pour présenter son « triptyque » afin de permettre à l’UE de sortir renforcé de ses années de crise.
Crise de l’euro, crise des migrants, le Brexit… L’Union européenne n’a pas écrit ces cinq dernières années pas les plus beaux chapitres de son histoire, qui dure maintenant depuis plus de 60 ans. Mais justement la sortie annoncée du Royaume-Uni du cercle européen, suivi quelques mois plus tard par l’élection à la tête des États-Unis de Donald Trump, a permis de resserrer les rangs. Au point que certains hauts diplomates songent à décerner sur le ton de la plaisanterie le statut de citoyen d’honneur à l’ancien Premier ministre britannique David Cameron, à l’origine du Brexit, et à Donald Trump.
Trump, citoyen d’honneur de l’UE ?
« Après de décès de Helmut Kohl, l’Europe a perdu son deuxième citoyen d’honneur après que Jean Monnet nous ait quitté auparavant. Récemment un haut diplomate m’a dit lors d’un déjeuner car ils ont réussis à amener les dirigeants européens à se refocaliser sur ses véritables objectifs. On n’a pas le droit de s’endormir sur ses lauriers », raconte Jacques Santer, Premier ministre honoraire du Luxembourg et ancien président de la Commission européenne. Cette anecdote a été offerte par le prédécesseur de Jean-Claude Juncker lors d’une conférence organisée par l’ambassade de Belgique. L’invité d’honneur de cet échange sur l’Europe après le Brexit était pourtant Herman Van Rompuy, président honoraire du Conseil européen.
Retour sur une « crise existentielle »
L’ancien Premier ministre belge était à la tête de l’Europe lors de sa « crise existentielle » qu’a constitué la crise de l’euro en 2010. « La presse anglo-saxonne ne spéculait plus sur la fin de l’union monétaire, mais seulement encore sur le moment, si ce sera avant ou après Noël 2012 », se rappelle Herman Van Rompuy. « Mais on a survécu à cette crise existentielle. Cinq ans après, la zone euro se porte bien, il existe donc des raisons d’être optimiste, d’être plein d’espoir », poursuit le prédécesseur de Donald Tusk, qui préside actuellement le conseil qui réunit les 28 chefs d’État et de gouvernement de l’UE.
« L’UE est coriace »
Pour Herman Van Rompuy, l’Europe est « coriace ». « On la sous-estime souvent trop ». La condition pour réussir à relever le défi d’approfondir et de renforcer à la fois cette UE vacillante réside pour le haut diplomate dans la « crédibilité » des leaders européens. « Il faut tenir parole ». « Et respecter les règles », ajoute Jacques Santer. « Comme dans chaque club de foot, il faut se tenir aux règles fixées ensemble », ajoute l’ancien président de la Commission européenne, en pensant sans aucun doute à la Pologne, la Hongrie et la Slovaquie, qui doivent répondre devant la Cour de justice de l’UE en raison de leur refus d’accueillir des réfugiés, comme le prévoient les quotas de répartition fixées à l’échelle européenne.
« Dépasser les égoïsmes »
Herman Van Rompuy doit aussi regretter cette évolution des choses, mais préfère rester plus loin. Jeudi soir, il a présenté son « triptyque » pour permettre à l’UE des 27 de sortir renforcé du divorce avec le Royaume-Uni. « La prospérité et la sécurité sont deux facteurs très importants », avance l’ancien président du Conseil européen. « Mais il est très important de travailler aussi sur l’équité, il s’agit de la clé pour avancer », insiste l’ancien Premier ministre belge, en réponse aussi à l’eurodéputée luxembourgeoise Mady Delvaux-Stehres, également présente. « L’équité reste encore le parent pauvre de l’Europe. Il faut réussir à dépasser les égoïsmes des États membres et de leurs leaders, sans quoi, je ne suis pas très optimiste pour l’avenir de l’UE », conclut l’ancienne ministre socialiste.
Le défi est lancé. Il faudra livrer, dès le sommet européen de la semaine prochaine.
David Marques