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[Guides de la Moselle] Riesling mystique sur la Koeppchen


Jürgen Nebel est un inconditionnel de la Koeppchen, d’où il adore admirer les couchers de soleil. (Photo : tania feller)

Jürgen Nebel est un Allemand amoureux de la Moselle luxembourgeoise. À tel point que le guide habite depuis 10 ans au pied de son terroir préféré : la Koeppchen.

Portrait

Banquier fan de vin

Jürgen Nebel (64 ans) s’en amuse : «Lorsque j’ai débuté ma carrière, je ne pensais pas qu’elle m’emmènerait là!» Né à Kaiserslautern, formé à l’économie, il trouve sa voie dans le secteur financier, particulièrement dans les relations avec la clientèle privée. «J’ai toujours aimé le contact avec les gens, j’avais déjà ça lors de ma carrière professionnelle et ça ne m’a pas quitté lorsque j’ai pris ma retraite, il y a 4 ans!» Fatalement, le Luxembourg l’attire et il restera 20 ans au service d’une banque suisse. Jürgen habite alors du côté de Larochette, d’où il découvre la beauté des paysages luxembourgeois et en particulier du Müllerthal. Mais il n’y a rien faire, c’est la Moselle qui aimante son regard. À tel point qu’il ne peut s’empêcher de déménager pour s’installer à Wormeldange, au pied du célèbre terroir de la Koeppchen, dont il est séduit par les rieslings. «Je voulais absolument avoir une vue sur la Moselle!»

Constatant bien que son intérêt pour la viticulture allait crescendo, il décide de se pencher sérieusement sur la question. Il y a 7 ans, il entame une formation à Trèves qui lui permet de devenir ambassadeur du Vin et de la Culture. «Nous avions cours un jour par semaine pendant 18 mois, se souvient-il. C’était assez pointu, nous avons abordé tous les sujets qui permettent de mieux comprendre le travail du vigneron et les caractéristiques des vins. La géologie, par exemple, qui explique pourquoi les vins allemands et luxembourgeois sont si différents : en Allemagne, les vignes poussent sur du schiste alors qu’ici, le sol est calcaire ou argilo-calcaire.»

Depuis 4 ans, il savoure une retraite toute relative puisqu’en plus des visites signées via Mosel’, il donne également régulièrement des coups de main au vigneron Hans Befort (Weingut Befort, à Nittel) et sa collaboration avec le domaine Laurent & Rita Kox (à Remich) s’intensifie. «Leur maison de maître est très intéressante et, en plus, ils possèdent une grande quantité d’archives, ce qui est rare.»

Il n’y a besoin de rien d’autre pour être heureux!

Son lieu préféré

La Koeppchen

Ce coteau qui domine le village de Wormeldange est sans doute le terroir le plus connu du Luxembourg. On y cultive des rieslings qui sont réputés depuis très longtemps au-delà des frontières du Grand-Duché. À son sommet, d’où l’on peut contempler les trois pays mosellans (le Luxembourg, l’Allemagne et la France), une chapelle dédiée à saint Donat, le protecteur des vignerons, a été érigée en 1925.

Jürgen Nebel habite presque au pied de la colline, à quelques minutes à peine des premières terrasses. Une proximité qui ne risque pas de le lasser. Avec des visiteurs qu’il guide sur la Moselle ou juste pour le plaisir, en privé, il fréquente ce lieu assidûment. «Il y a des villages très pittoresques, comme Ehnen ou Ahn, mais la Koeppchen a quelque chose de spécial pour moi. Le soir, je lui trouve un côté un peu mystique. Les couchers de soleil y sont extraordinaires. Venir là avec de bons amis, manger un rieslingspaschtéit (NDLR : un pâté au riesling) en débouchant une bonne bouteille de riesling… Il n’y a besoin de rien d’autre pour être heureux!»

Au sommet d’où l’on peut contempler les trois pays mosellans : la chapelle dédiée à saint Donat, le protecteur des vignerons. Photo : tania feller

Autour du vin

Crémants au top

Si Jürgen Nebel n’avoue aucune préférence pour un cépage – «si tant est que le vin soit bon!» –, il a tout de même un faible pour le riesling, Koeppchen oblige. «J’aime bien l’acidité du riesling, qui est ici très différent de ceux produits sur la Moselle allemande, souvent un peu plus crémeux.»

En observateur de la viticulture luxembourgeoise, il apprécie à leur juste mesure les progrès effectués par les vignerons grand-ducaux : «Les changements de génération dans les domaines depuis une dizaine d’années sont très intéressants, constate-il. Les jeunes apportent de nouvelles idées qui font du bien à la région». Il cite pêle-mêle les domaines Mme Aly-Duhr, Schmit-Fohl, Schlink, L&R Kox…

Il est également bluffé par les crémants luxembourgeois : «Il n’y a pas de fête sans crémant et on en boit toute l’année! Ce succès est complètement mérité parce que ces bulles sont d’excellente qualité». Il pense en particulier à celles du domaine L&R Kox, qu’il connaît bien. «Ils produisent huit crémants, qui sont tous très bons. Du plus simple au plus complexe, avec de longs élevages sur levures qui apportent de la complexité.» Pour lui, le crémant luxembourgeois est devenu «un produit identitaire et c’est une très bonne chose. Beaucoup de régions élaborent du vin, mais il n’y en a pas tant que ça qui font des effervescents aussi intéressants. Il y a du crémant en Allemagne, par exemple, mais ce sont des bouteilles marginales, alors qu’au Luxembourg, l’apport du crémant est essentiel pour les vignerons».

Via mosel’, le vin et l’architecture

Créé en 2021 sur l’initiative du Groupement européen d’intérêt économique (GEIE) Terroir Moselle et porté désormais au Luxembourg par l’Office régional du Tourisme Visit Moselle, Via mosel’ engage un regard transfrontalier sur la Moselle, de sa source dans les Vosges françaises jusqu’à sa confluence avec le Rhin, à Coblence. L’idée est de répertorier au fil de l’eau tous les lieux remarquables qui allient l’architecture et le vin, des jalons historiques qui documentent la riche histoire d’une région au cœur de l’Europe.

Les guides labellisés Via mosel’ ont tous reçu un enseignement initial dans l’un des offices de tourisme régionaux chargés de valoriser la rivière. Par la suite, un programme spécifique d’environ 6 mois leur a permis de se spécialiser sur les thèmes de l’architecture et des échanges transfrontaliers. Ces cours ont été donnés par des historiens de l’architecture ou même des architectes en exercice. À la fin du programme, un voyage transfrontalier a permis aux candidats de découvrir des sites des trois pays.

Les premiers séminaires ayant eu lieu pendant la pandémie, la visioconférence était systématique mais de vraies rencontres seront prévues lors des prochaines sessions. Cinquante personnes ont déjà reçu cet enseignement et 25 ont validé leur formation lors d’un examen final. Ce travail de fin d’études consiste en l’élaboration d’un circuit qui pourra être proposé ultérieurement dans le cadre de Via mosel’ tandis que lors de l’examen oral, les candidats ont dû guider les examinateurs sur une variante raccourcie de ce circuit. Une deuxième promotion sera certainement lancée à l’automne 2023.

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