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[Frontaliers] Grève : les routes plus saturées que jamais


Les «111» (54+57...) ont été plus nombreux que jamais, ce jeudi matin, sur les routes vers le Grand-Duché (Illustration : François Aussems).

Les premiers échos de la circulation transfrontalière en ce jeudi de grève nous reviennent avec la pause de midi. Les frontaliers français, qu’ils viennent du bassin Mosellan ou Meurthe-et-Mosellan, ont connu un enfer sur la route vers le Grand-Duché. Les prochains jours, voire prochaines semaines selon la reconduite des grèves dans les transports en commun, vont être  difficiles à vivre.

Les frontaliers qui n’étaient pas dans les rares trains (deux depuis Metz, quatre depuis Thionville, quasiment aucun depuis Longwy) ce jeudi, se sont retrouvés sur les routes. Malgré l’activation du hashtag #covoit (dont le fameux #covoitMetzLux) sur les réseaux sociaux, malgré une certaine organisation en amont, rien n’y a fait : les routes entre la Lorraine et le Grand-Duché se sont retrouvées plus saturées que jamais.

«J’en ai bavé ce matin, j’en baverai ce soir encore, mais je ne vais pas tenir longtemps comme ça.» Ce Longovicien, qui d’habitude prend de toute façon la voiture pour rejoindre Luxembourg-Ville, a mis plus de deux heures pour arriver au travail, en partant à 7 heures. Deux fois plus que d’habitude ! L’Avenue de l’Europe, en direction de Pétange, s’est plus que jamais transformée en une géante guirlande de Noël (essayons d’y mettre un peu de poésie) avec les phares dans le petit matin.

Voiture, petites routes, bus…

La situation n’a pas été plus favorable pour les habitants du versant Thionvillois. C’est une réceptionniste d’un établissement en Ville qui se confie ce coup-ci. «J’ai mis deux heures pour faire Nilvange (NDRL : vallée de la Fensch) Luxembourg, soit une heure de plus que d’habitude.» Et par quel chemin de croix. «J’ai pris la voiture pour rejoindre Frisange par les petites routes en un premier temps. En surplombant un pont de l’A31, vers 6h05, j’ai tout de suite compris la situation : on voyait des phares à perte de vue.» Notre interlocutrice a ensuite pris un bus Frisange-Luxembourg. «Tous les points de passage étaient saturés, même sur des petits axes.» Heure de départ de notre héroïne du jour ? 5h50 pour une arrivée vers 8 heures au travail.

Les entreprises avaient t-elles anticipé ces problèmes ? Un peu, mais avec les moyens du bord. « Selon les types de postes, certains ont pu être autorisés à télétravailler», nous explique t-on. Et le covoiturage ? «De façon ponctuelle oui, certains ont essayé. Mais le modèle a ses limites, confie la Nilvangeoise. Dans mon entreprise, les frontaliers français ne sont pas si nombreux.» Et puis, l’effet de seuil d’un report de milliers de frontaliers du rail à la route est tel, qu’il faudrait que le covoiturage soit également massif pour avoir un effet. Bref : l’humeur est globalement morose et les inquiétudes montent quant à la poursuite du mouvement de grève, entamé ce jeudi, en opposition à la réforme du système des retraites en France. Les horaires de train pour vendredi ne seront communiqués qu’à partir de 17 heures. Mais à onze heures déjà, un syndicat de cheminot que nous avons contacté a évoqué un «mouvement reconductible», dans le bras de fer qui s’engage avec le gouvernement français.

Hubert Gamelon

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