Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
CONFERENCE LEAGUE Vincent Thill jouait jeudi soir, à la surprise générale, avec le Vorskla Poltava. Une simple pige européenne avant un départ quasi assuré.
Il y a deux semaines, le Vorskla Poltava annonçait sur son compte Facebook le décès dans un tir d’artillerie d’un de ses anciens joueurs, Sergei Balanchuk, qui servait dans les forces armées ukrainiennes. C’est dans ce climat toujours aussi mortifère que Vincent Thill, pas rassuré et qui ne voulait initialement pas revenir au sein de son club (une option que son entourage lui contre-indiquait également fortement), a pris le chemin de la Pologne et de Varsovie pour reprendre l’entraînement. Avec un club d’une élégance folle qui a décidé de continuer à payer son frère, Olivier, alors que ce dernier avait proposé de ne plus être payé le temps que se termine son contrat et que durait sa convalescence pour une rupture des croisés.
Y aller, donner un coup de main à ce Vorskla qui a besoin de visibilité sur la scène continentale, en profiter pour continuer à s’entraîner à haut niveau et, surtout, jouer un tout premier match européen en carrière, voilà ce qui a guidé le cadet de la fratrie. Pendant ce temps, dans l’ombre, cela s’agite, car il est hors de question que Vincent Thill reprenne le championnat ukrainien dans le courant du mois d’août, une curiosité voulue par Volodymyr Zelensky en personne et que le Vorskla, très loin de chez lui, devra a priori jouer à cheval dans une bourgade située à un kilomètre de la frontière hongroise et à Kiev, capitale qui reste sous la menace.
Mahmutovic retrouve lui aussi le sourire
L’attaquant a d’ailleurs reçu l’assurance qu’il serait libéré dès qu’une offre concrète lui serait proposée. Et qu’il recevrait un nouveau bon de sortie (garanti par l’UEFA, comme pour tous les joueurs évoluant dans le championnat ukrainien) d’une saison. Après une phase de transition en D2 suédoise, à Örebro, où il avait repris l’entraînement après le stage international de fin de saison, il aspire désormais à retrouver une D2 dans un championnat de standing (l’Italie ou l’Espagne sont citées), voire dans une D1 pas trop éloignée du Grand-Duché (Belgique, Pays-Bas). Pendant que ses représentants étudient les différentes pistes, lui n’a qu’une obligation, à savoir être performant dans les tours préliminaires de la Conference League.
C’est le deal : aller le plus loin possible. Et le Vorskla a bien lancé son opération, dans la mesure où, en match aller du 2e tour, il s’est imposé en Suède (3-2) contre l’AIK Solna, jeudi soir. Et puisqu’il devra aussi jouer le retour en terre suédoise, Poltava et son Luxembourgeois, qui a joué 88 minutes à la Tele2 Arena de Stockholm, resteront une semaine sur place. À l’abri. Thill a tout intérêt à faire durer le plaisir pour aller éventuellement défier, au tour prochain, les Lettons de Valmiera ou les Macédoniens de Shkëndija (1-2 à l’aller).
Il n’est pas le seul à avoir fui l’Ukraine au début de la guerre et à avoir retrouvé un semblant de normalité cette semaine. Jeudi soir, Enes Mahmutovic a, lui aussi, foulé les pelouses. L’ancien joueur du FC Lviv, qui avait galéré toute la fin de saison à retrouver son niveau physique après cette éprouvante épreuve et le repos forcé qui s’était ensuivi, est revenu au niveau. Et Sasa Ilic, qui apprécie son respect des consignes, l’a titularisé contre les Macédoniens de Makedonija (0-0) pour enfin vraiment lancer sa carrière bulgare, dans un club de standing. Contrairement à Thill, qui n’est là que pour un temps limité et pour amener le Vorskla le plus haut possible avant de filer, Mahmutovic joue, lui, son automne européen jeudi prochain. Histoire de rejoindre soit les Irlandais de Saint Patrick, soit les Slovènes de Mura (1-1 à l’aller) au 3e tour.