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Esch : qui pour redynamiser le centre-ville ?


Pour attirer plus de monde en centre-ville, l'Eschopping city doit créer de nouveaux événements, à l'image de la braderie. (illustration Julien Garroy)

Après onze ans, Astrid Freis passe le relais de la présidence de l’Eschopping city. Le challenge reste le même : protéger et redynamiser les commerces du centre-ville qui se meurent.

Douze personnes se sont portées volontaires pour faire partie du nouveau conseil d’administration de l’association des commerçants, Artisans et industriels de la ville d’Esch-sur-Alzette. Une bonne nouvelle pour Astrid Freis, présidente depuis onze ans jusqu’à lundi soir. Mais jusque-là, personne ne s’est présenté pour reprendre les rênes du conseil, certainement en partie car le poste est exigeant. «Les problématiques du commerce de détail restent les mêmes. Ce n’est un secret pour personne, la situation est difficile et pas seulement à Esch-sur-Alzette, le problème est global. Malgré tout il faut rester positif et le bénévolat, ce n’est pas toujours évident», assure l’ex-présidente qui veut passer le flambeau a des personnes qui ont «des idées nouvelles à apporter».

«Nous devons nous démarquer»

L’occasion de refaire le point sur l’état du commerce en ville. «Vous le voyez autour de vous, les propositions commerciales sont partout et beaucoup de magasins ferment en centre-ville depuis trois ou quatre ans. On voit le même scénario au Luxembourg, dans la Grande Région jusqu’à Thionville.»

Selon elle, il est encore possible d’ouvrir un magasin en centre-ville et de le faire fonctionner, mais cela demande davantage de «frais, d’énergie, de personnel et la nécessité d’innover sans cesse».

«Chaque commerçant doit faire des efforts, ce n’est pas la commune ou d’autres instances qui vont lui apporter des clients», bien qu’Astrid Freis revendique depuis onze ans davantage de coopérations entre les différents acteurs de la ville, dont les intérêts vont dans le même sens. «Les commerçants doivent également être plus solidaires, avoir des produits plus originaux, plus sélectifs. Les clients qui veulent aller dans des grandes chaînes de magasins comme H&M ou C&A, peuvent aller n’importe où. Nous devons nous démarquer et aux élus de rendre les rues sûres et propres.»

Pour la commerçante, la Métropole du fer a beaucoup de lacunes dans son offre commerciale ce qui peut aussi lui porter préjudice : «Nous n’avons presque plus de magasins de chaussures, pas assez d’offres en vêtements pour les personnes de 50 ans et plus, de jouets ou par exemple de jeans pour les jeunes. Or nous devons faire face à la concurrence d’internet. Certains viennent essayer des chaussures en boutique, puis les commandent en ligne où ils peuvent en choisir la couleur, avoir des prix plus attractifs et renvoyer l’article sans frais si cela ne leur convient pas. Amazon a quadruplé son chiffre d’affaires pour Noël.»

Un «énorme travail» en succession

«À chaque commerce qui ferme, je vois les commentaires des gens affligés sur les réseaux sociaux, mais il faut être solidaires tant qu’ils sont là. La ville d’Esch compte 35 000 habitants, si chacun consommait de temps en temps en centre-ville ce serait largement suffisant, nous n’aurions pas besoin de clients de l’extérieur.»

Enfin la météo a aussi un impact sur la fréquentation, car lorsqu’il pleut, il est plus aisé de se réfugier dans un centre commercial couvert «au chaud, avec de la musique et un parking gratuit».

Peut-être manque-t-il aussi une «locomotive» dans le centre d’Esch, «comme Zara qui attire beaucoup de monde. Si de jolies boutiques cohabitent à côté, elles peuvent profiter des retombées. Cela permettrait d’attirer davantage les jeunes».

À 60 ans, Astrid Freis passe donc la main et un «énorme travail» à son successeur surtout «lorsqu’on a soi-même un magasin à faire tourner». Ce dernier aura la charge de continuer de «soutenir les commerçants et trouver de nouvelles idées pour attirer plus de monde, notamment en créant davantage d’évènements en partenariat avec les associations locales. Même quand nous ne sommes pas organisateurs, nous avons toujours essayé de nous accrocher à tous les wagons, d’adhérer à tous les projets». Un lourd et beau défi à relever.

Audrey Libiez

Les étages des boutiques se repeuplent

Selon Astrid Freis, les investisseurs ont changé leur fonctionnement à Esch-sur-Alzette. Si avant ils louaient un local pour, admettons, 7 000 euros à une enseigne, généralement les étages du dessus, non desservis par une entrée distincte, faisaient partie du lot. «Désormais les loyers ont baissé puisque les ventes marchent moins bien. De 7 000 euros par exemple, on a pu passer à 3 500 euros.» Pour compenser la perte des loyers du rez-de-chaussée, les trois à quatre étages supérieurs sont alors loués à des familles. «Et c’est une bonne chose. Cela permet de repeupler le centre-ville, ses rues. Le soir, ces personnes vont manger au restaurant ou boire un verre.» Un principe de rentabilité qui pour une fois est bénéfique à tout le monde.

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