Patrick Hansen, le directeur général de la compagnie d’aviation d’affaires luxembourgeoise Luxaviation, ne participera pas à l’édition 2019 du salon consacré à l’aviation d’affaire organisé à Genève. Pour lui, l’EBAA, qui organise le salon, «remplit ses coffres avec l’argent de ses membres».
Avec sa lettre, très bien accueillie par les professionnels du milieu de l’aviation d’affaires, Patrick Hansen,le patron de Luxaviation, s’est fait en quelque sorte le porte-parole de son secteur.
Le 13 novembre, Patrick Hansen, le directeur général de la compagnie d’aviation d’affaires luxembourgeoise Luxaviation, a envoyé une missive qui a fait grand bruit dans le milieu de l’aviation d’affaires. Cette «lettre ouverte» à l’attention d’Athar Husain Khan, le secrétaire général de l’European Business Aviation Association (EBAA), explique pourquoi sa société ne participera pas à la prochaine édition de l’European Business Aviation Convention & Exhibition (Ebace). Le Luxembourgeois demande dans son texte que l’EBAA remodèle son salon qui existe depuis 17 ans.
Interrogé par nos soins vendredi, Patrick Hansen nous a expliqué qu’au début le salon permettait de « mettre ensemble les acteurs de l’aviation d’affaires » et de présenter «les produits aux clients finaux », c’est-à-dire aux personnes achetant des avions. Au fil du temps, l’Ebace est devenu de plus en plus un évènement «business to business» (B2B) qu’un «business to client» (B2C). « Les clients ne viennent presque plus », soutient le patron de Luxaviation, le deuxième opérateur d’aviation d’affaires dans le monde, derrière les États-Unis, qui possède une flotte de plus de 250 oiseaux de fer.
Une réponse rapide
Dans sa lettre, Patrick Hansen met en doute la pertinence d’organiser un tel salon à Genève car cela coûte cher. Le tarif journalier d’un hébergement est en moyenne de 242 euros. Cela peut grimper jusqu’à 700 euros pour une chambre d’hôtel. « Les coûts ont de plus en plus augmenté », pointe-t-il. Trois jours de présence au salon coûtent… 750 000 euros. Cette somme comprend, entre autres, le montage d’un stand, l’organisation de visites, etc.
Et le comble, selon le directeur général de Luxaviation, c’est que l’EBAA est « notre société de lobbying pour le secteur. Elle remplit ses coffres avec l’argent de ses membres », souligne-t-il. La réponse d’Athar Husain Khan, le secrétaire générale de l’EBAA, ne s’est pas fait attendre. Le lendemain, Patrick Hansen l’avait déjà. La réponse est «très bonne» selon lui. Depuis qu’il a écrit ce texte, «j’ai eu moult réponses positives des gens du métier» , une sorte d’approbation de sa démarche. Lorsqu’on lui demande si ce salon peut être organisé au Luxembourg, il répond que ce n’est pas possible pour «des raisons logistiques et administratives» . Interrogé sur la digitalisation, Patrick Hansen répond : «On investit beaucoup dans l’informatique.» Il dit qu’il est en train de développer des projets autour des gros drones et qu’il souhaite que Luxaviation soit le premier opérateur dans ce secteur.
Aude Forestier