Dans le cadre du programme Interreg North-West Europe 2014-2020, le ministère de l’Énergie et la représentation de la Commission européenne au Luxembourg ont proposé une visite du projet Groof. L’objectif : réduire les émissions de CO2 de la construction et de l’agriculture en combinant le partage de l’énergie et la production locale d’aliments grâce à l’utilisation de serres de toit.
Parmi les dix partenaires du projet figurent deux opérateurs luxembourgeois : le Conseil pour le développement économique de la construction (CDEC) et l’Institut de formation sectoriel du bâtiment (IFSB).
C’est donc dans ce contexte qui s’affranchit des frontières européennes que le projet Groof (pour «Greenhouses to reduce CO2 on roofs», des serres sur les toits pour réduire le CO2) a dévoilé tous ses atouts. Plus concrètement, ce projet nourrit plusieurs ambitions dans les registres, imbriqués les uns dans les autres, du développement durable, de l’écologie, de la protection de l’environnement et de l’économie circulaire.
Les objectifs fondamentaux de ce projet sont ainsi la récupération de la chaleur produite et non consommée par le bâtiment support (de manière active et passive); la collecte de CO2 produit par les personnes et les activités du bâtiment pour nourrir les plantes; la réduction des émissions de CO2 des transports grâce à une production locale des végétaux.
Le Luxembourg, pionnier en la matière
Lors de la visite du projet, ce mercredi, à Bettembourg, le directeur de l’IFSB, Bruno Renders, a explicité les tenants et les aboutissants du projet global, ainsi que du projet-pilote qui est donc déjà en cours sur l’un des toits de l’IFSB : «Je pense qu’il est important de préciser que le Luxembourg est le premier pays européen à se doter d’une stratégie nationale (présentée il y a trois semaines), en matière d’agriculture urbaine et périurbaine, combinée à l’agriculture classique, et qui fait intervenir la multifonctionnalité de certaines surfaces et notamment de surfaces liées au bâtiment.»
Porteur du projet Groof qui est cofinancé par l’UE, le Grand-Duché joue ainsi un rôle de pionnier en vue d’étudier et de comparer, dans des situations différentes et dans des environnements techniques et agricoles différents, l’utilisation de serres urbaines à l’intérieur ou à proximité de villes, pour contribuer à capter le CO2 qui est produit par les activités humaines, dixit Bruno Renders. «En ce sens, Groof permet d’utiliser le CO2 comme intrant dans la croissance des plantes», selon le directeur de l’IFSB.
Un projet pour développer les fonctions nobles des « smart building »
De manière générale, Bruno Renders est d’avis que ces innovations, où intervient la technologie de l’agriculture et des serres urbaines (que l’IFSB qualifie d’«agriculture urbaine 4.0»), «sont là pour pouvoir accompagner ce que nous défendons depuis longtemps, à savoir les fonctions nobles des bâtiments».
En effet, selon le directeur de l’IFSB, «les bâtiments ne sont pas seulement des éléments dans lesquels on travaille, on habite ou on se restaure, car les bâtiments – et par extension le « smart building » – peuvent disposer, aujourd’hui, de ces fonctions nobles : produire, stocker et distribuer de l’énergie, dépolluer l’air et l’eau, produire des légumes… et avec des serres urbaines, on peut combiner plusieurs de ces fonctions», indique encore Bruno Renders.
Claude Damiani