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De plus en plus de travailleurs privés de vacances, faute de moyens


Pouvoir boucler sa valise et s’évader à la plage en famille n’est pas accessible à tout le monde, même quand on travaille.  (Photo : afp)

Alors que les congés d’été démarrent tout juste au Luxembourg, une étude européenne révèle qu’une part croissante de travailleurs ne peut pas se payer une semaine de vacances. Et le Grand-Duché n’est pas épargné.

Si la vague de chaleur qui sévit actuellement sur le pays donne une furieuse envie de mettre les voiles et de partir s’aérer en bord de mer, ce rêve de quelques jours de vacances n’est pas accessible à tous. Même quand on travaille.

Ainsi, en 2020, plus de 38 millions de travailleurs européens n’ont pas pu s’offrir une semaine de vacances : c’est ce qui ressort d’une vaste étude menée par la Confédération européenne des syndicats (CES), organisme qui regroupe 89 confédérations syndicales nationales dans 38 pays.

Des difficultés à boucler les fins de mois

Dans son rapport publié ce lundi, la CES pointe la crise du coût de la vie, une pression énorme sur les travailleurs, dont un nombre croissant rapporte des difficultés pour boucler leurs fins de mois, éloignant encore un peu plus la possibilité de s’accorder une escapade.

Ainsi, depuis 2019, la part de la population qui se prive de vacances faute de moyens financiers a augmenté dans plus de la moitié des États membres de l’UE, et dans onze pays, ce sont les travailleurs qui sont particulièrement touchés.

7,9% des travailleurs concernés au Luxembourg

Si c’est en Roumanie, en Grèce et en Lituanie que le phénomène était le plus répandu en 2020, en nombre de travailleurs, ce sont l’Italie (8 millions de personnes), l’Espagne (4,6 millions) et la France (4,1 millions) qui forment le trio de tête des pays les plus concernés.

Au Luxembourg, c’est plus minoritaire : les chiffres montrent que seuls 7,9% des travailleurs ont dû renoncer à leur rêve de vacances pour des raisons financières en 2020, mais l’étude note toutefois que cette proportion ne cesse d’augmenter depuis 2018 (7,5%).

En France, ils étaient 15,5 % en 2020, en Belgique, 12,2 %, en légère baisse par rapport à 2019 dans les deux pays. Les travailleurs allemands étaient concernés à hauteur de 8 % en 2019 – les statistiques n’étant pas disponibles pour 2020, précise l’Institut syndical européen, centre de recherche indépendant de la CES, qui a analysé des «microdonnées» d’Eurostat pour cette enquête.

Des inégalités qui se creusent

Face à ce triste constat, la CES ne décolère pas : «Cela coïncide avec une augmentation des profits des entreprises européennes et signifie que les dirigeants et actionnaires ont engrangé plus d’argent entre eux, au détriment des travailleurs», accuse-t-elle.

Arguant que le nombre de personnes en situation de pauvreté risque encore de s’accroître avec l’inflation qui frappe toute l’Europe, le syndicat européen plaide pour des mesures de la part tant de l’UE que des gouvernements, en réponse à «l’urgence salariale» sur le territoire : «Les travailleurs doivent être soutenus en déployant les moyens nécessaires pour atténuer l’impact de la crise des prix de l’énergie et des aliments», ce qui doit passer par une augmentation des revenus dès cet été, selon lui.

«C’est devenu un luxe»

Les résultats de l’étude désolent la secrétaire générale adjointe de la CES, Esther Lynch : «Ces millions de personnes ont travaillé dur, semaine après semaine, et pourtant elles ne peuvent pas s’offrir des vacances en famille. C’est devenu un luxe alors qu’elles doivent lutter chaque jour pour mettre à manger sur la table et payer leur loyer», insiste-t-elle, soulignant un accroissement des inégalités qui démontre, selon elle, «que l’économie européenne ne fonctionne pas pour les classes laborieuses».

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