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De l’Ohio à Bascharage : Aaron Horton, globe-trotter du foot


Aaron Horton, l'ailier américain de Käerjeng : l'histoire d'un globe-trotter du foot (Photo : Julien Carette).

Il a joué aux États-Unis, au Brésil ou encore en Finlande. À 25 ans, l’américain Aaron Horton poursuit sa route du football au Luxembourg, dans l’équipe de Bascharage qui joue ce vendredi soir à Rumelange, à 19h30. Belle rencontre.

Comment on débarque à Käerjeng quand on est un joueur de foot de nationalité américaine?
Aaron Horton : L’entraîneur du club connaissait tout simplement mon agent, qui vient d’Allemagne. Ce dernier me cherchait un point de chute dans la région, que ce soit dans son pays, en Belgique… Et il m’a parlé de Käerjeng. J’aime le côté « central » du Luxembourg en Europe. Avant ça, j’avais été à l’essai ces derniers mois en Irlande, à Bray Wanderers, une formation de D1 locale qui m’a offert un contrat. Mais cela a coincé au niveau du permis de travail… J’avais aussi tenté ma chance au Fortuna Cologne, en 3e Bundesliga, mais cela ne s’est pas arrangé non plus…
Comment, quand on est un jeune Américain, on se lance dans le « soccer »? Il y a tant de sports plus médiatisés aux États-Unis…
Beaucoup de jeunes y jouent chez nous de 3 à 6 ou 7 ans, puis s’en éloignent pour diverses raisons. Personnellement, je pratiquais quatre sports à l’école ou avec mes amis : le soccer, le foot américain, le basket et le baseball. Avec le temps, j’ai arrêté le basket à cause de ma taille (NDLR : 1 m 75) et je trouvais le baseball un peu trop ennuyeux. J’ai besoin d’action. Après, ma mère, elle, ne me poussait pas à pratiquer le football US. Elle avait peur des chocs au niveau de la tête. Donc, je me suis orienté vers ce qu’on appelle ici le football. Le sport où j’étais d’ailleurs le meilleur. Et puis, j’avais un oncle, Tim, qui a évolué en équipe nationale.

Vous jouiez dans l’équipe de votre école?
Non, en club. Et ce dès l’âge de 7 ans. Une très bonne équipe : Ohio FC Mutiny. Pour vous dire, cinq des joueurs qui ont été mes équipiers là-bas sont aujourd’hui passés pros! Nous avons été sacrés trois fois champion national. Et on a même été invités au prestigieux tournoi organisé par Nike, le Manchester United Premier Cup, qui réunit les meilleures formations du monde chez les -14 ans. C’était à Manchester donc et on s’est retrouvés à Old Trafford. C’était incroyable! Il y avait United, l’Inter Milan, Bilbao ou encore Arsenal qui alignait un certain Jack Wilshere.
Ensuite, comme tout bon sportif américain, vous êtes passé par la case université?
Oui, à Louisville dans le Kentucky où j’ai obtenu une bourse. Mais je n’y suis resté qu’un an, avant d’être recruté par l’équipe de Major League Soccer (MLS) des Columbus Crew. Un club de l’État où j’ai donc grandi, l’Ohio! C’était dingue!

Brésil : J’aimais beaucoup le foot là-bas,
mais mon permis de travail a posé problème…

Mais quand on regarde votre CV, on constate que vous n’avez joué qu’un seul match officiel en trois ans pour cette équipe…
Oui, cela a été très difficile à vivre. J’ai pas mal évolué avec la deuxième équipe ou j’ai été prêté dans des clubs d’USL, la D2 américaine. Cela n’a pas été la folle entente avec l’entraîneur. Je n’ai jamais vraiment eu la chance de m’exprimer sur le terrain. À mon poste, il alignait des joueurs plus âgés, avec plus d’expérience. Le développement des jeunes éléments est souvent compliqué dans mon pays. Et pas que pour moi… Je suis alors parti un an au Brésil, dans un club de D3, São Caetano. J’aimais beaucoup le foot là-bas et le niveau était bon, mais mon permis de travail a posé problème… Je suis dès lors rentré aux États-Unis, pour jouer à Saint-Louis en USL.
C’est alors que vous avez eu des envies d’Europe?
Tout à fait, je voulais voir autre chose. Et comme mon manager de l’époque avait des connexions en Finlande, je me suis retrouvé là-bas. À Kajaani au centre du pays. Je ne suis pas resté à cause de soucis dans le versement des salaires. Et puis, le fait qu’en hiver il faisait nuit pratiquement toute la journée n’a pas aidé… Il n’y avait rien à faire… Grâce au foot, j’ai déjà pas mal voyagé et je dois dire que cela doit être ma pire expérience.
Que cherchez-vous en arrivant à Käerjeng, en D2 luxembourgeoise?
Avant tout à prendre du plaisir en jouant au foot. Et tant qu’à faire à marquer beaucoup de buts. À 25 ans, j’ai encore des ambitions, notamment celle de redevenir professionnel. Et, comme je l’ai déjà dit, je joue désormais dans un pays qui est au centre de l’Europe. C’est important. Quand j’étais à Columbus, j’avais joué un super match amical face à Stoke City, marquant un but et finissant homme du match. J’avais tapé dans l’œil de certains. Wolverhampton était intéressé, mais mon club s’était opposé à tout départ. Je pensais alors recevoir ma chance, mais elle n’est jamais venue. Au Luxembourg, je vis à un carrefour du continent européen, je sais qu’on peut me voir.

Entretien avec Julien Carette.

Insolite : cette grand-mère de Pétange qui l’héberge…

S’il a passé ses premières semaines à Bascharage en séjournant à l’hôtel, l’ancien international américain (en équipe de jeunes) a quitté celui-ci le mois dernier.
«Je vis désormais du côté de Pétange. Pas dans mon propre logement. J’ai regardé les prix, mais ils sont vraiment très élevés par chez vous… Non, je loge chez quelqu’un. Qui? C’est une histoire assez incroyable», glisse le petit attaquant au physique de sprinteur, sourire aux lèvres.
«J’ai un ami cubain qui a percé dans le baseball et qui aujourd’hui évolue chez les Cincinnati Reds, une équipe qui joue en MLB, le championnat professionnel américain. Et il se trouve que la grand-mère d’un de ses équipiers vit à Pétange. C’est comme cela que je l’ai rencontrée. C’est chez elle que je loue une chambre.»
J. C.

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