Le coureur luxembourgeois de l’équipe Bingoal, Luc Wirtgen (23 ans), fait le point avant sa deuxième participation à la Flèche Wallonne, où il sera protégé.
Après un très bon début de saison marqué, entre autres, par une troisième place au classement général du Tour d’Antalya, Luc Wirtgen, frappé à son tour par le Covid-19, puis par un refroidissement, a marqué le pas. Surtout, il n’a pu effectuer tout le travail préparatoire planifié pour les deux classiques ardennaises qui s’annoncent : la Flèche Wallonne ce mercredi et Liège-Bastogne-Liège, dimanche. Il ne s’est pas désuni pour autant et, le week-end dernier, dans la Classic Grand Besançon et le Tour du Jura, il a constaté de gros progrès. Largement de quoi honorer ce sacré rendez-vous, à Huy, dès ce mercredi. Il fait le point.
Après une difficile reprise dans le Circuit de la Sarthe où vous n’aviez pas encore récupéré des suites de votre grippe, on a vu que vous sembliez aller mieux le week-end dernier…
Luc Wirtgen : Oui, j’avais repris l’entraînement seulement quatre jours avant les courses de Besançon et du Jura. Je suis content, car j’ai bien progressé. Maintenant, je me sens à 100 %. Je n’étais pas super dans le Tour du Jura, mais comme j’étais bien, la veille, sur la Classic Grand Besançon, je ne suis pas inquiet. Mon corps a eu du mal à récupérer après ma maladie.
Avec quel sentiment abordez-vous cette Flèche Wallonne ?
Je suis rassuré quand je vois que Thibaut Pinot se trouvait, par exemple, quatre places devant moi dans la Classic Grand Besançon. La forme ne peut pas avoir disparu, sinon, je n’aurais pas pu faire ça dans une arrivée au sommet. Certes, 19e, cela ne semble par super bien comme place, mais il faut voir le niveau qu’il y avait, c’était très relevé. La forme n’est pas partie et au contraire, ça va de mieux en mieux. Il faut rester réaliste, mais j’espère pouvoir aller le plus loin possible dans la course.
Quelle sera votre mission ?
Mon but sera de faire la finale sur la Flèche Wallonne puis Liège-Bastogne-Liège.
Quelle expérience tirez-vous de votre première participation, l’an passé ?
La Flèche est différente de Liège-Bastogne-Liège, car elle présente beaucoup moins de kilomètres. On évoque, à juste titre, le Mur de Huy, mais il y a encore d’autres sacrées bosses avant ! C’est quand même usant et dur. Par rapport à l’an passé, je voudrais améliorer, entre guillemets, mes petites prestations de l’an passé (NDLR : il avait terminé 119e au sommet du Mur de Huy et 46e à Liège, comme une semaine plus tôt à l’Amstel Gold Race qu’il n’a pas disputée cette année, puisqu’il était aligné sur le Tour du Jura, la veille).
Vous êtes protégé dans votre équipe ?
Oui, normalement, j’ai carte libre pour ces deux courses. J’espère faire de mon mieux, ces deux courses étaient le gros objectif de ma saison.
Cela ressemble à un championnat du monde avec les meilleurs spécialistes. C’est ce qui rend la course si dure
Le plateau paraît très relevé avec, d’un côté, le duo Alaphilippe-Evenepoel et, de l’autre, Pogacar-Hirschi. Quelle vision en avez-vous ?
Oui, sur des courses comme ça, le top grimpeur-puncheur est présent. Cela ressemble à un championnat du monde avec les meilleurs spécialistes. C’est ce qui rend la course si dure. Et dans l’hypothèse où le profil serait moins difficile, cela roule tellement vite que ce serait aussi dur. De toute façon, ça fait mal de partout, surtout l’arrivée au Mur de Huy! Le placement fait beaucoup, mais c’est à la jambe que se fait le classement. Ce sont les jambes qui parlent!
Il faut savoir économiser ses forces ?
Oui, c’est clair. C’est encore plus important que sur les autres courses. Il faut décider avant la course, déjà, quand se ravitailler, quand manger, quoi boire et comment économiser le plus de forces. Sur les courses ordinaires, l’économie ou la perte de 1 %, c’est déjà beaucoup. Mais sur cette classique, si tu perds 1 %, tu perds plus de 40 places. La moindre faute est fatale. Si on regarde le classement, entre le premier et le 40e, il n’y a pas tant de différence à l’arrivée.
Tout le monde sait qu’un fameux Kim Kirchen était monté avec le grand plateau lors de son succès, hein !
Est-ce que les reconnaissances sont importantes ou, au contraire, inutiles ?
Le Mur de Huy, je le connais, donc, je ne vais pas aller la reconnaître encore une fois. Tout le monde sait que c’est dur. Elle ne sera pas moins difficile si on l’a reconnu une fois de plus. C’est bien de la refaire si on ne la connaissait pas. Avec l’équipe, on fait les derniers kilomètres de ces classiques quelques mois avant, pas dans les derniers jours.
Une question pour les spécialistes. De votre côté, vous allez utiliser quel braquet pour ce Mur de Huy ?
Je vais rouler avec une cassette de 30 dents derrière, sinon on ne grimperait pas. Et devant, pour mon petit plateau, je ne change rien, ce sera un 38. Si je fais la finale, je n’aurai pas besoin du 30. Mais pour les premiers passages, c’est plus confortable de passer en souplesse. Après, à l’arrivée, on verra. On fera du mieux possible. Tout le monde sait qu’un fameux Kim Kirchen était monté avec le grand plateau lors de son succès, hein! (NDLR : en 2008) Si on joue la gagne, ce n’est pas le 30 dents qu’on va mettre…
Ressentez-vous une pression particulière pour votre équipe dont l’appellation à la base est justement Wallonie-Bruxelles ?
Oui, il ne faut pas le cacher, ce sont de grands rendez-vous pour nous. Nous avons deux objectifs pour la journée. Tout d’abord, intégrer l’échappée. Quatre ou cinq coureurs auront cette tâche. C’est important pour nous, car ce sont les plus grandes courses wallonnes, c’est primordial d’avoir quelqu’un devant. Et on sera deux pour aller le plus loin possible dans la finale. Nous sommes une équipe professionnelle et on espère faire de notre mieux à la maison.