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[Cyclisme] Laurent Didier raconte les grands souvenirs de sa carrière


La légende Bim Diederich avec Laurent Didier, en 2012. Deux grands cyclistes du Luxembourg ! ( Photo Julien Garroy )

Laurent Didier a clôturé sa carrière de cycliste professionnel lors de la Japan Cup, le 21 octobre dernier. Retour avec cet équipier modèle sur ses neuf années au plus haut niveau.

La rencontre s’est déroulée hier après-midi à son domicile. Laurent Didier gardait sur ses épaules ses couleurs de son équipe Trek-Segafredo pour le compte de laquelle il reste salarié jusqu’au 31 décembre. Son épouse Carole est au travail. Mais Maxim, leur bambin a zappé la sieste. Et il gambade allégrement dans la maison familiale récemment construite à flanc de colline du côté de Bettange-sur-Mess, à quelques hectomètres à vol d’oiseau de Dippach. Laurent Didier n’est plus coureur cycliste depuis le 21 octobre dernier, à l’issue de la Japan Cup. Et il n’est pas remonté sur son vélo depuis. Mais il est papa à plein temps et cela semble lui plaire. L’après-midi s’étire mais en une heure chrono, on a refait le tour d’une carrière où il s’est constamment singularisé par son rôle d’équipier modèle.

Ses adieux sur la Japan cup : l’envie de finir là-bas

« Beaucoup de gens pensent que ce n’est qu’un critérium. Le critérium existe deux jours avant la course et c’est d’ailleurs mon coéquipier John Degenkolb qui s’est imposé. J’avais déjà participé à la Japan Cup voici trois ans. J’avais aimé et lorsque j’ai acté qu’il s’agissait de ma fin de carrière, j’ai parlé du programme avec Alain Gallopin (NDLR : directeur sportif de Trek-Segafredo qui s’arrête lui aussi). J’ai demandé à finir ma carrière là-bas. J’aime le public japonais qui est très respectueux. Pour recevoir un autographe, le public se met en file indienne. Cette manière de vivre m’impressionne. Bon, pendant la course, j’ai fait mon travail d’équipier et comme c’est une course dure, j’ai été lâché à trois tour de la fin, puis retiré dans le dernier tour par les commissaires. J’ai regardé la fin depuis un podium. Je n’ai rien ressenti de particulier, c’était juste ma dernière course. Cela reste d’ailleurs mon meilleur souvenir de toute ma carrière. J’ai d’ailleurs adoré courir loin de l’Europe, que ce soit en Amérique, en Australie, au Japon ou même en Chine.»

Ses coéquipers luxembourgeois : « c’était spécial de se retrouver à quatre »

«J’ai couru avec Andy et Frank Schleck que j’ai suivis après Saxo Bank chez Trek. Mais il y avait aussi Bob Jungels. J’en garde d’excellents souvenirs car il faut convenir que c’était spécial de se retrouver avec quatre coureurs du pays dans la même équipe! Cela m’a marqué. Car nous nous connaissions bien, nous nous entraînions ensemble.
Avec Andy, avec qui j’ai un an de différence, j’ai couru depuis les équipes de jeunes. Jusque chez les pros. Comme il a stoppé sa carrière en 2014, j’ai poursuivi avec Frank. J’ai donc eu à ce moment-là, plus de contact avec lui.
Lorsque tu es coureur, on se voit beaucoup en course, mais sur l’année, on est parti environ 200 jours. On ne reste guère que le mois de novembre à la maison. C’est là qu’on refait généralement les fêtes d’anniversaire, mais il n’y a pas assez de week-end…
Avec Bob, c’était différent puisqu’il était au club de Dippach. Je l’ai vu grandir. Puis j’ai couru un peu avec lui, mais on n’a jamais roulé un grand tour ensemble. Puis, il est parti chez Quick-Step, ce qui ne nous a pas empêchés de partager des entraînements hivernaux ou comme samedi dernier la séance indoor à Mersch. Je retiens que l’école de Dippach était pas mal parce derrière, il y a d’autres coureurs comme Alex Kirsch, Tom et Luc Wirtgen, Michel Ries, Colin Heiderscheid….
Maintenant, c’est vrai que si on regarde Andy, Frank (Schleck), et Bob (Jungels), c’étaient et se sont de grands coureurs. Avec chacun des points forts et des points faibles. Andy, il a remporté le Tour même s’il n’est pas monté sur la plus haute marche à Paris. Cela reste une grande victoire. Mais personnellement, je retiendrai son succès en 2004 dans la Flèche du Sud… car j’étais dans son équipe!»

Son pire souvenir : « c’était chez les juniors »

«J’ai connu des moments difficiles comme mon abandon sur chute dans le Giro 2017, une chute dont j’ai eu beaucoup de mal à me remettre. Mais à bien réfléchir, c’est en juniors que ça s’est passé. Sur le Grand Prix Rüebliland, une épreuve suisse internationale. J’avais le maillot des points sur le dos, j’ai fait les points sur deux demi-étapes puis d’un coup, j’ai été lâché et mis hors délais.
Sinon, je me souviens aussi d’une étape sur la Vuelta où j’ai terminé dernier en essuyant une crevaison dans le premier kilomètre. Lorsque je suis revenu dans le peloton, dans une bosse, j’ai de nouveau été lâché. Je me suis retrouvé à 40 minutes, juste dans les délais. Mais lorsqu’on se retrouve tout seul à l’arrière, on souffre beaucoup. C’était dur…»

Son équipe de coeur : « j’étais bien dans les deux ! »

C’est difficile à dire car j’ai apprécié de faire partie de Saxo Bank puis de Trek. Pour moi, c’est difficile. Tout n’était parfait. Mais j’ai connu des moments forts dans chacune. Lorsque je passe pro chez Saxo Bank, je me retrouve dans une équipe où il y a Andy et Frank Schleck, Fabian Cancellara, Jens Voigt. Ce n’était pas rien. Il y avait des résultats et lorsque tu as des résultats, l’ambiance est forcément très bonne. Ensuite, je rejoins l’équipe Trek où je les retrouve.»

Le jour où il s’est senti le plus fort : «Sans doute lorsque je gagne mon étape au Colorado…»

«C’était le jour où j’ai remporté mon étape sur le Tour du Colorado. J’avais attaqué une première fois à une trentaine de kilomètres de l’arrivée. Le jour d’avant, je me souviens avoir déjà été en échappée avec (Jens) Voigt. Je n’ai jamais été un coureur de classiques et six heures de vélo dans une journée, ce n’était pas pour moi.»

Denis Bastien

3 étapes
Laurent Didier a remporté au total trois succès. Une étape de l’USA Pro Challenge en 2014. Il a aussi remporté le titre de champion national de contre-la-montre en 2012 (à Mamer) et le titre 2014 de course en ligne (à Tétange).

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