Depuis des années, les conseillers communaux de Sanem ont toujours été unanimement contre le contournement de Bascharage. Surprise, vendredi, les membres du conseil communal ont décidé de ne pas aller en justice après l’adoption du projet de loi mardi à la Chambre des députés.
C’est un fait : depuis que le contournement de Bascharage est évoqué, c’est-à-dire depuis plusieurs décennies, Sanem a toujours fait montre d’une manière unanime d’une ferme opposition à un tel projet. À chaque étape de la mise œuvre du projet, le conseil communal faisait savoir son opposition, des campagnes de sensibilisation ont également été effectuées à plusieurs reprises ces dernières années. Mardi encore, lors du vote à la Chambre des députés du projet de contournement (coût estimé de 139 millions d’euros), Georges Engel (LSAP), le bourgmestre de Sanem, et Simone Asselborn-Bintz (LSAP), échevine à la commune, tous deux députés, ont quitté les lieux avant le vote « pour protester contre le vote de ce projet et la décision du gouvernement », dixit Georges Engel.
Engel : «On reste contre le contournement»
Résultat, les conseillers communaux de Sanem ont été convoqués pour une séance avec un seul point à l’ordre du jour : «Décision d’autoriser le collège échevinal à ester en justice contre le projet de loi n°7284 relatif à l’aménagement du contournement routier de Bascharage». Après une heure trente de discussion, le vote des membres du conseil communal est sans appel : 10 ont voté contre et 5 pour (deux conseillers communaux étaient absents). « Nous restons tous opposés au contournement. J’y suis toujours opposé, mais j’ai voté contre les poursuites judiciaires , confie Georges Engel. Je suis réaliste dans ce dossier. La zone Natura 2000 que le tracé doit traverser risque d’être déclassée comme cela a été le cas récemment à Bertrange. Ensuite, les mesures de NOx faites dans l’avenue de Luxembourg de Bascharage sont repassées ces derniers mois au-dessus du plafond autorisé alors qu’en 2017 elles étaient en dessous du seuil. Notre avocat nous a donc dit que nous avions peu de chances de gagner en justice. » Même position pour la première échevine CSV de la commune, Nathalie Morgenthaler : « Nous sommes idéalistes sur le fond et on s’est révoltés contre ce contournement dès le début, mais nous adoptons une position réaliste. »
En revanche, il n’y a pas eu d’unanimité sur ce vote au sein même de la coalition LSAP-CSV : « C’était un vote personnel et il n’y avait pas de consigne de vote des partis », précise Georges Engel – puisque deux conseillers communaux CSV (Carine Reuter-Bauler et Franca Romeo) et l’échevin LSAP en charge de la Mobilité, Marco Goelhausen, ont voté pour aller en justice. « Ma conviction fondamentale est que ce contournement routier est une erreur , indique Marco Goelhausen. Au niveau national, on envoie le signal qu’on donne la priorité à la voiture alors que d’autres alternatives existent. J’ai voté pour aller en justice car je voulais attendre l’avis final de notre juriste pour ne pas bloquer cette possibilité. »
Déi Lénk : «On ne va pas s’arrêter là»
Les deux conseillers communaux déi Lénk de Sanem ont eux aussi voté pour aller en justice. « Le résultat de ce matin (vendredi) est une claque dans la face de tout le monde, de tous ceux qui ont lutté contre ce contournement depuis des années , confie Myriam Cecchetti (déi Lénk). Ils disent qu’ils sont toujours contre le contournement, mais ne vont pas en justice parce qu’ils pensent ne pas gagner, c’est idiot. C’est au juge de décider. Nous allons voir ce que nous pouvons faire au sein de déi Lénk, de la Bierger-Initiativ ou encore d’une action privée. On ne va pas s’arrêter là. »
Guillaume Chassaing
Le tracé choisi
Un petit rappel s’impose. En juillet 2016, le gouvernement avait fait son choix parmi quatre variantes possibles qui étaient sur la table pour contourner Bascharage. Il s’était porté sur la variante 2, dite «Bobësch». Voici le tracé, qui se situe à quelque 95 % sur le territoire de la commune de Bascharage : elle se connecte à la collectrice du Sud A13. Ensuite, elle continue direction nord-est pour passer au-dessus de la piste cyclable et rentrer dans le massif forestier «Bobësch». La route parcourt cette forêt sur toute la longueur, avant de passer le CR110 (par tranchée couverte ou passage supérieur). Puis elle continue parallèlement à la voie de chemin de fer en limite nord du Zämerbësch et se poursuit jusqu’à la connexion avec la N5.
Cette variante a une longueur d’environ 4 200 mètres et comporte cinq ouvrages d’art principaux et différents bassins de rétention.