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Charles Hary : «La Schueberfouer doit rester un rendez-vous pour toutes les familles»


Charles Hary fait partie de la 4e génération de forains de sa famille.

Le président de la Fédération nationale des commerçants forains revient sur les deux années compliquées qui viennent de s’achever avec la crise sanitaire. Et annonce déjà une Schueberfouer 2022 exceptionnelle.

La Schueberfouer revient en force pour cette 680ᵉ édition après deux années particulièrement compliquées par la crise sanitaire. Avec plus de 223 établissements répartis sur la place du Glacis et plusieurs nouveautés au programme, le président de la Fédération nationale des commerçants forains, Charles Hary, ne cache pas sa joie de voir la vie reprendre un semblant de normalité.

Les annulations se sont enchaînées ces deux dernières années, avec la pandémie, les restrictions sanitaires… Comment les forains ont-ils vécu cette période?

Charles Hary : Pour nous, c’était surtout l’année 2020 qui a été compliquée. Au début, c’était « juste«  le marché de l’octave qui a été annulé, nous l’avons accepté, c’était comme ça. Mais ensuite, c’était au tour de la Schueberfouer d’être complètement annulée et là, ça nous a fait particulièrement mal. La foire reste une tradition très importante pour nous, c’était vraiment dommage.

Mais nous avons eu de la chance tout de même : la Ville de Luxembourg nous a très bien aidés, en créant spécialement des petites kermesses pour nous, pour nous permettre de gagner de l’argent. Bien sûr, nous aurions préféré faire notre saison normale, mais ce n’était pas possible. Heureusement, les communes étaient là pour nous aider.

Les forains tirent la moitié de leurs revenus de la Schueberfouer : les pertes financières ont été considérables?

C’était très compliqué oui, je ne vais pas le nier. La foire nous a beaucoup manqué, même si nous avions moins de frais parce qu’absents. Je l’ai toujours dit, la Schueb’ est un rendez-vous dont nous avons vraiment besoin pour survivre.

Nous avons, certes, eu des aides de l’État, mais cela n’a pas suffi. J’ai dû toucher deux fois 5 000 euros et puis c’était fini. Les vraies fêtes nous ont manqué.

Charles Hary est président des forains depuis 2017. Photo : Julien Garroy

Comment les familles se sont-elles adaptées durant la crise? Ont-elles trouvé des alternatives pour gagner de l’argent?

Il a fallu s’adapter oui. Certains se sont mobilisés partout où ils le pouvaient : dans des petites kermesses, devant des grands magasins, même aux stations-services. Ils ont tout essayé pour survivre. Mais sur la cinquantaine de familles de forains luxembourgeoises, aucune n’a lâché. Elles sont toutes là, malgré la crise. Elles ont tenu bon et sont encore plus motivées qu’avant.

Ce n’était pas compliqué seulement pour nous, d’autres professions aussi ont eu des difficultés. Je suis content d’avoir vu, là au montage, que les restaurants qui en ont bien bavé aussi, sont tous là. Ça faisait trois ans qu’ils étaient absents et ils sont revenus en nombre, ça me fait très plaisir.

Est-ce que vous avez eu peur pour l’avenir de votre profession durant cette crise?

Oui, nous avons eu peur, c’est certain! Nous étions dans le flou total, sans savoir quand allaient reprendre nos activités. C’est surtout cet aspect qui était très frustrant. Nous étions fiers d’avoir au moins le marché de Noël, malgré les restrictions, mais pour quels résultats? Nous avons dû fermer chaque samedi à cause des manifestations… C’était déjà assez dur comme ça, ça ne nous a pas aidés. La crise a changé une chose pour notre métier : nous devons calculer maintenant.

Quand j’entends parler de restrictions pour cet automne, que ça revient puis repart, etc. Il faut en tenir compte, cela fait peur, beaucoup plus qu’avant. Nous sommes fiers d’être des forains, mais nous restons aussi des commerçants. Nous gérons une entreprise aussi, faisons des demandes, etc. Il faut savoir aujourd’hui lire et écrire, des choses qui n’étaient pas forcément demandées à nos parents ou grands-parents à l’époque.

La foire n’a été annulée que deux fois dans toute son histoire, pendant la Seconde Guerre mondiale et là, pour le covid. C’était une crise vraiment énorme. Nous avons vécu une année à vide et j’espère ne pas revivre ça.

Comment envisagez-vous cette foire 2022, après ces deux dernières années particulièrement chaotiques?

Nous sommes vraiment contents d’être là et je pense que le public sera au rendez-vous aussi. Nous avons remarqué un certain engouement depuis plusieurs mois, en sillonnant les « petites«  fêtes et je suis certain qu’il y aura du monde ici aussi. Ça va être une belle foire, je vous le certifie. Nous avons fait une publicité énorme pour que les gens reviennent, comme avant.

Maintenant, tout dépendra du temps aussi. C’est très important pour nous qu’on ait le soleil. Si le temps est mauvais, ce n’est pas bon. Mais je reste persuadé que les gens viendront cette année, c’est sûr et certain. Nous espérons surtout pouvoir faire une saison normale, sans restriction, sans masque.

Et que cela dure! Que nous ayons un beau marché de Noël aussi dans quelques mois. Nous commençons enfin à respirer, ça fait du bien.

Vous êtes persuadé que le public sera au rendez-vous. Vous attendez-vous à un « raz-de-marée » post-crise sanitaire?

Nous avons déjà fait quelques foires depuis l’an dernier et je dois dire que ça a très bien fonctionné, même avec les restrictions. Cette année, nous avons amorcé un retour à la normale et partout, nous avons très bien travaillé. Les gens sont venus, ils ont apprécié, c’était vraiment formidable. Ils veulent s’amuser et je pense que ça va continuer sur cette voie.

Les épisodes caniculaires causent-ils des problèmes pour votre métier? La chaleur est plutôt une alliée ou une ennemie pour vous?

Quand il fait trop chaud, cela ne nous aide pas. Nous avons la chance que les gens viennent le soir, mais tout ce que nous n’avons pas eu durant l’après-midi, c’est raté. Nous ne pouvons pas combler en deux heures, ce que nous aurions pu faire en dix, ce n’est pas possible. Les grands manèges ne pourront rien faire de particulier pour contrer les fortes chaleurs, mais les restaurants auront la climatisation, c’est déjà ça.

On parle d’une hausse des tarifs, notamment dans la restauration, pour faire face à l’inflation. Ce sera également le cas du côté des attractions?

Normalement non. Nous avons abordé ce sujet avec tous les forains et j’essaie vraiment de faire en sorte que les prix n’augmentent pas. Nous avons déjà commencé la saison avec les mêmes prix qu’avant, sur d’autres évènements. La seule chose qui me fait un peu peur, c’est effectivement la restauration. Il y aura forcément des hausses, et c’est tout à fait normal parce qu’ils doivent aussi s’adapter aux prix du marché.

Cette question du tarif revient tous les ans pour la Schueberfouer, avec ou sans covid. Mais je pense que nous avons des prix raisonnables : 3 euros un tour d’auto-tamponneuses où vous pouvez mettre deux enfants dedans… Si vous comparez ça à l’entretien ou au prix du gazole… Avant, pour se rendre à des fêtes aux quatre coins du pays, nous mettions 500 euros d’essence. Maintenant, c’est le double.

Mais la foire doit rester un rendez-vous pour toutes les familles, pas seulement celles qui ont gagné au Loto. C’est une vraie fierté pour nous. Les gens veulent venir à la Schueb’ avec 5 euros, mais ça, ce n’est pas possible.

Le président de la FNCF annonce déjà une foire exceptionnelle avec pas moins de huit nouveautés.

Les horaires de la Schueberfouer ont été modifiés (NDLR : la foire sera désormais ouverte de midi à 1 h, contre 2 h auparavant) : pour quelles raisons?

C’est long jusqu’à 2 h du matin, à la fois pour le personnel et pour les habitants du quartier. De midi à 1 h du matin, cela suffit amplement pour s’amuser!

Qu’est-ce que vous pouvez nous dire sur les nouvelles attractions qui s’installent cette année?

Nous avons huit nouvelles attractions cette année, dont le Daemonium, qui est le plus grand train fantôme transportable au monde. C’est l’équipe du service « espace public, fêtes et marchés«  qui s’occupe de faire venir ce type de grosses attractions : ils se déplacent sur les grandes fêtes pour trouver des nouveautés. Nous vivons grâce à ça.

Les jeunes et les familles viennent principalement pour les nouveautés, c’est normal. Rappelons quand même qu’il s’agit de la plus grande foire de la Grande Région, nous devons donc répondre aux attentes des visiteurs. Vous ne trouverez ça ni à Metz ou Thionville, c’est énorme.

Mais nous avons de tout : certains ne viennent que pour manger quelque chose, d’autres se promener ou pour s’amuser. Des jeunes, des moins jeunes… C’est ce « tout«  qui fait la Schueberfouer.

Un commentaire

  1. notre famille n’y va jamais! bruit, vols, no parking, puanteurs…!!! nee merci

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