Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, Sergey Terentyev, résident luxembourgeois d’origine russe, se mobilise avec une poignée d’amis pour soutenir le peuple ukrainien. Quitte à prendre parfois de gros risques.
«Le 24 février dernier, tout a changé», résume-t-il, décrivant un véritable choc. Ce jour-là, les chars russes envahissent l’Ukraine, et Sergey Terentyev, comme l’ensemble de la communauté russe au Luxembourg, a du mal à réaliser ce qui est en train de se passer : «On n’y croyait pas. On a toujours pensé que ça resterait des menaces de la part de Poutine. Parler de guerre entre ces deux pays, c’était inimaginable, tant ces peuples sont liés», regrette-t-il.
Passé la sidération, dès les premières heures suivant l’attaque, le jeune homme, incapable de rester les bras croisés, s’organise pour venir en aide aux Ukrainiens : «Je ne pouvais même plus dormir. Et c’était pareil pour tout le monde, on ne savait pas vraiment quoi faire», se rappelle-t-il.
«On s’est dit qu’on pourrait ramener des réfugiés»
Tandis qu’un couple d’ami russo-ukrainien démarre une collecte de vêtements et de denrées, Sergey et d’autres proches décident de poser quelques jours de congés : «On s’est dit qu’on allait acheminer nous-mêmes ces trois tonnes de matériel sur place et qu’on pourrait aussi ramener des réfugiés», raconte-t-il, conscient des dangers d’une telle expédition pour des ressortissants russes.
Cinq voitures prennent la route de la Pologne le week-end suivant et déchargent leur cargaison dans un centre, à destination d’un hôpital local.
Sur la route, grâce au concours de l’ambassade luxembourgeoise à Varsovie, des papiers sont établis en bonne et due forme pour une vingtaine de réfugiés identifiés via des connaissances. «Chacun d’entre nous a risqué la prison pour ce qu’il a fait», souligne-t-il.
«Les gens sortaient de l’enfer»
À la frontière avec l’Ukraine, les membres du convoi découvrent des scènes de panique : «Les gens sortaient de l’enfer. Il y avait des femmes, des enfants, des vieux, des gens qui attendaient leurs proches», décrit Sergey. «Les passagères que j’ai prises dans ma voiture avaient fui la capitale en embarquant dans l’un des derniers trains d’évacuation.
Un voyage de nuit de 14 heures pour échapper aux bombes.» Des récits difficiles à entendre pour ce Russe, qui a déserté son pays il y a 15 ans, sans jamais plus y revenir.
Être utile au milieu du désastre
C’est à son retour au Luxembourg que le groupe d’amis monte l’association RUHelp – Russians against the war, avec l’espoir d’être utile au beau milieu de ce désastre.
«On a réalisé que la guerre allait continuer, et que la Russie subirait des sanctions», poursuit-il, rappelant que parallèlement aux quatre millions d’Ukrainiens réfugiés en Europe, environ six millions de Russes ont également pris la fuite. «Mais avec un passeport russe, personne ne veut les aider», déplore-t-il.
Comptes bancaires bloqués sans préavis
Avec leur association, Sergey et ses amis sont prêts à les soutenir eux aussi. Tout comme la communauté russe du Luxembourg, qui a parfois subi des conséquences inattendues de cette offensive : «Des familles se sont retrouvées aux caisses du supermarché avec leur carte bancaire soudainement bloquée, parce qu’un passeport russe figurait dans les justificatifs du compte.»
Un problème dû à l’excès de zèle de certaines banques de la place, alors qu’en Allemagne, les organismes bancaires ont simplement demandé à leurs clients russes de fournir au plus vite un certificat de résidence.
«Encore aujourd’hui, il est compliqué pour un Russe qui s’installe au Luxembourg d’ouvrir un compte bancaire. Et nous-mêmes ne parvenons pas à en ouvrir un pour les activités de l’asbl», s’agace-t-il.
«Important de se faire entendre»
Une situation qui le pousse à s’engager, non seulement en coulisses, mais aussi publiquement : «Il est important de se faire entendre, en tant que Russe contre cette guerre».
Un message qu’il porte avec d’autres lors de manifestations pour la paix, sous la bannière bleue et blanche, symbole du mouvement mondial baptisé Russians against the war.
«Mes proches sont contre cette guerre, mais ça ne veut pas dire que c’est le cas de tous les Russes. Il y a aussi cette position, au sein de la communauté, qui consiste à soutenir la patrie quoiqu’elle fasse», constate Sergey.
Des projets avec LUkraine
D’ailleurs, certaines associations venant en aide à l’Ukraine se sont d’abord montrées méfiantes vis-à-vis de RUHelp, n’ayant pas véritablement compris les intentions du groupe.
Mais récemment, en prenant part à l’ouverture d’une bibliothèque pour adultes et enfants ukrainiens dans le Rollingergrund, avec de nombreux livres et jeux de sociétés offerts, des échanges prometteurs ont eu lieu avec LUkraine asbl, ouvrant la voie à des projets communs.
«On ne peut pas être du même côté, car eux sont victimes, pas nous», tranche Sergey. «Mais on se bat ensemble contre cette guerre», résume Sergey.
Se regrouper, hors du carcan étatique
Si RUHelp – Russians against the war asbl vise principalement à organiser des actions caritatives au bénéfice d’associations venant en aide aux réfugiés ukrainiens, ses membres fondateurs espère également permettre à la communauté russe du Luxembourg de se regrouper, indépendamment des institutions contrôlées par l’Etat – comme l’ambassade ou le centre culturel et scientifique qui organise de nombreuses activités. Ils souhaitent multiplier les événements dans les mois à venir. Plus d’infos sur ruhelp.org
La plupart des russes de Russie soutiennet Vladimir Poutine (environ 85%).
mais que selon les sondages d’opinion faits sous control de l’état
Je n’arrive pas à m’imaginer si une telle guerre nous atteignait , mes grands parents et beaux parents m’ndecrit l’exode sous les bombes allemandes (et accessoirement italiennes)