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Bob Jungels, 25 ans et tout l’avenir devant lui


Le Luxembourgeois, du genre à foncer, trace sa route. (photo AFP)

Bob Jungels, qui vient de remporter Liège-Bastogne-Liège, a eu une lente maturation depuis ses débuts fracassants. Maintenant qu’il est lancé…

Naturel mais toujours parfaitement coiffé. Peigné. Gominé. Bob Jungels, yeux bleus en alerte, a retrouvé sa petite famille après son impressionnante victoire. Ses parents. Ginette et Henri. Serge, son oncle. Son amie Ila. Et même son chien Nero, lui aussi devenu très célèbre en l’espace d’un quart d’heure. Sans jamais se départir d’un sourire ultra bright qu’il a promené avec l’élégance qui est la sienne, Bob Jungels a semblé savourer. Il a distillé en retour une simplicité non affectée. Une sorte de marque de fabrique qu’il n’a pas besoin de cultiver.

Car ça sonne juste. Depuis ses débuts chez les jeunes de l’UC Dippach où il fut dirigé de main de maître par Lucien Didier et où il trusta ses premiers lauriers jusqu’à hier, rue Jean-Jaurès, où il hésita même à lever les mains en l’air, par peur d’être rattrapé par la réalité et, pourquoi pas, une grosse déconvenue imprévue. Il put se lâcher pour faire part au public de son immense bonheur.

Oui, tout sonne juste chez Bob Jungels. Sa puissance sur le vélo. Sa position classieuse travaillée depuis le plus jeune âge, vidéos et photos à l’appui dans un coin du garage familial à Rollingen, avec l’aide d’Henri, le papa, toujours soucieux du moindre détail pour le fiston. Presque un papa poule. La maman s’est toujours évertuée à cuisiner bio, «le plus sainement possible».

«Bob aime faire plaisir aux gens»

Depuis qu’il a délaissé les cours de tennis pour suivre son grand pote Kevin Feiereisen, d’abord en VTT, «juste pour rigoler», dans les sous-bois, puis sur les routes où il n’a pas tardé à percer, tout s’est enchaîné à la vitesse grand V. Le titre de champion du monde de contre-la-montre juniors en 2010 fut son premier morceau de gloire. Pas la première ni la dernière victoire.

Après le passage chez Leopard, l’antichambre de RadioShack-Trek où il signa son premier contrat pro, un dilemme est survenu. Comment diriger sa carrière? D’autant plus que Patrick Lefevere, qui le suivait depuis quelques années déjà, est revenu à la charge. Il fit son choix fin 2015, sûr de son fait, comme souvent. «Je n’ai jamais eu à regretter d’avoir rejoint cette équipe Quick-Step où je ne cesse d’apprendre et de progresser et où on me fait confiance», rappelait-il juste avant l’Amstel Gold Race, lors d’une conférence de presse donnée par sa formation du côté de Lanaken.

«Bob aime faire plaisir aux gens. Lorsque, en 2016, il a pris le maillot rose sur le Giro (NDLR : il le porta également en 2017), il m’a demandé si j’avais pleuré. Et au téléphone, je l’ai senti heureux. Et il reste les pieds sur terre», nous rappelait Henri, son père, dans un portrait familial que nous avions alors consacré à la famille en rose. La famille est son point d’ancrage. S’il réside du côté de Zaug, il reste proche des siens présents dimanche, comme de sa sœur, Laura, 22 ans.

Sixième du Giro 2016, huitième l’an passé et deux fois maillot blanc du meilleur jeune, le Luxembourgeois est désormais passé à la vitesse supérieure. Son triomphe sur Liège-Bastogne-Liège rappelle sa victoire d’étape sur le dernier Tour d’Italie, du côté de Bergame. En mieux bien sûr.

Depuis dimanche, Bob Jungels fait partie de la race des grands coureurs, plus personne ne peut en contester l’authenticité. Il n’a que 25 ans. Tout l’avenir devant lui. Le meilleur reste à écrire.

Denis Bastien

Retrouvez nos pages spéciales sur la victoire de Bob Jungels dans Le Quotidien papier du lundi 23 avril

« Bob est plus qu’un équipier »

Le bonheur, c’est toujours mieux lorsqu’il est partagé. Et à l’arrivée de Liège-Bastogne-Liège, c’est toute l’équipe Quick-Step qui se prenait dans les bras. À commencer par Julian Alaphilippe, qui avait franchi la ligne d’arrivée le poing droit serré comme pour mieux signifier sa joie intérieure qui n’était donc pas feinte. «Je suis super content, car Bob est plus qu’un équipier. Regardez comme il a travaillé pour moi mercredi lors de mon succès sur la Flèche Wallonne. Je suis super content pour lui.»

D’ailleurs, une fois que Bob Jungels s’est retrouvé échappé, c’est Julien Alaphilippe en personne qui s’est chargé de briser la poursuite engagée essentiellement par Davide Villela (Astana) pour le compte de Jakob Fuglsang (10e). «J’ai fait de mon mieux pour casser la poursuite», reprend le coureur français, heureux comme s’il venait lui-même de s’imposer. «C’est ça la force de notre équipe, l’esprit Wolfpack.»

Davide Bramati, le directeur sportif italien qui s’était occupé de Bob Jungels sur les deux derniers Tours d’Italie, saluait le triomphe d’un coureur qu’il a vu grandir ces dernières années. «C’est un grand moteur et il avait démontré de belles qualités sur le Giro. Depuis le début de la saison, il doutait un peu, mais il a beaucoup travaillé pour les autres. C’est une juste récompense pour lui et c’est bon pour la suite de sa carrière», expliquait-il.

Quant au patron de Quick-Step Floors, Patrick Lefevere, pas avare en punchlines, il concluait en beauté : «Dans sa jeunesse, il était l’un des meilleurs talents dans les courses d’un jour. Il a perdu un peu en passant pro chez Trek, mais avec nous, il revient à la surface. Il rêve des courses wallonnes, mais il y a deux semaines, j’ai commencé à douter, car il était mauvais dans la Flèche Brabançonne. Cela lui a été pardonné…»

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