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Asbl Voix des femmes : «le féminisme, c’est le respect»


L'Asbl Voix des femmes a reçu le prix Anne-Beffort en Ville, le 11 octobre (Photo : Alain Rischard).

Le 11 octobre, la Ville de Luxembourg a décerné le prix Anne-Beffort 2018 à l’ASBL «Voix de jeunes femmes». Le collège des bourgmestre et échevins, ainsi que Claudie Reyland, présidente de la commission de l’égalité entre hommes et femmes, saluent un activisme essentiel.

Lou Reckinger, 21 ans, vit et étudie à Lausanne. Elle est la principale porte-parole de l’association et en dit plus sur ce que «Voix de jeunes femmes» propose.

« Voix de jeunes femmes », qu’est-ce que c’est?
Lou Reckinger : C’est une association ouverte aux jeunes femmes et hommes âgés de 15 à 30 ans, qui s’engage pour l’égalité des chances. Nous avons une quarantaine de bénévoles actifs. Notre but est d’impliquer les jeunes dans le combat contre le sexisme et dénoncer des inégalités affectant les jeunes.
Spécifiquement entre les hommes et les femmes?
Pas seulement. Nous pensons qu’une inégalité en cache toujours une autre, c’est pourquoi nous ne focalisons pas nos efforts sur la seule thématique de l’égalité hommes-femmes. Il faut combattre toutes les inégalités et, pour cela, nous travaillons sur trois axes : l’éducation, l’égalité et l’autonomisation.
C’est-à-dire?
Avec le premier point, nous organisons des ateliers dans des écoles pour évoquer l’égalité des genres. Nous considérons que l’éducation n’est pas une arme mais un véritable outil, justement, pour combattre ces inégalités. Pour ce qui est de l’axe « égalité », nous travaillons par exemple auprès de réfugiés ou encore de la communauté LGBT.
Enfin, le troisième axe est, lui aussi, très important. Nous voulons faire en sorte que les jeunes filles et les femmes prennent confiance en elles. Il faut qu’elles aient suffisamment d’assurance pour se défendre en cas de harcèlement au travail, ou pour avoir la force de demander une augmentation de salaire lorsqu’elles sont moins payées que les hommes. Nous souhaitons que les jeunes femmes sortent du cliché qui dit que « les femmes se liguent les unes contre les autres ». Ici, on parle de solidarité et d’entraide.

« Ce n’est pas une minorité qui est discriminée »

Pourquoi avez-vous décidé de vous impliquer dans une cause féministe?
Pour moi, le féminisme, c’est le respect. Nous vivons dans un monde où la majorité est négligée. Ce n’est pas une minorité qui est discriminée car les femmes ne sont pas une minorité, elles sont une majorité. Les femmes ont lutté avant avec leurs armes et l’on doit continuer à le faire aujourd’hui.
Il y a des jeunes hommes dans votre association. Pensez-vous que la nouvelle génération de garçons est plus sensible à l’égalité des genres?
Je ne sais pas. Dans notre association, nous avons une part d’hommes qui est plus faible que celle des femmes mais nous sommes très heureuses qu’ils soient là (elle rit). Les choses évoluent sur la forme mais probablement pas sur le fond. En fait, je sais que ma grand-mère luttait pour l’égalité, notamment en faisant des études. C’était une forme de lutte. Ma mère luttait aussi, d’une autre manière, et nous, nous luttons, par exemple, avec les réseaux sociaux, contre des ingéalités qui persistent toujours.

L’inégalité, au Luxembourg, on ne peut que la constater avec les élections

Considérez-vous qu’au Luxembourg, il y a beaucoup d’inégalités entre les hommes et les femmes?
Oh, oui. Et on ne peut que le constater après les élections, lorsque l’on voit comment les femmes sont représentées dans le monde politique. Et c’est bien dommage. Dans les entreprises, le salaire des femmes à expérience et compétences égales est plus faible que celui des hommes. Il y a encore beaucoup de problèmes de harcèlement sexuel. Il n’y a que trop peu de femmes dans des postes à haute responsabilité.
Que faire dans ce cas?
J’y reviens encore, mais il me semble impératif que les décisionnaires politiques ne soient pas majoritairement les hommes. Pour des sujets comme la prostitution, par exemple : ce sont des hommes qui font les lois sur les conditions de la femme. Ça me semble incohérent. Pour l’avortement, c’est la même chose! Ce sont des sujets très tabous mais ils méritent qu’on en parle, sauf que les femmes ont plus que leur mot à dire sur ces sujets.
Pour quel projet avez-vous été récompensé par le prix Anne-Beffort?
Pour un condensé de tous nos projets, en fait. Nos interventions dans les écoles, nos ateliers, et notamment la course « I run like a girl » (« Je cours comme une fille »), par exemple, qui reprend cette fâcheuse expression pour dire que l’on court mal lorsque l’on court comme une fille. Dans cette course, même les garçons « courent comme des filles » mais ils en sont fiers.
Qu-est-ce que ça vous fait d’avoir gagné ce prix?
Ça nous fait très plaisir d’être récompensés et, surtout, ça nous montre que notre travail est reconnu et que la voix des jeunes est entendue.

Sarah Melis

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