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Antisémitisme : une hausse « dévastatrice »


L'ambassadeur Georges Santer est appelé à coordonner la présidence luxembourgeoise de l'IHRA. Parmi les principaux objectifs figure la négociation d'une nouvelle déclaration sur la mémoire de l'Holocauste. (photo Fabrizio Pizzolante)

La recrudescence de l’antisémitisme va marquer la présidence luxembourgeoise de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (5 mars). Provoquer une prise de conscience de la société sera un objectif majeur.

Pas plus tard que dimanche, les organisateurs de la journée nationale de la Résistance avaient mis en garde contre le danger de voir les années 30, qui ont mené à l’avènement au pouvoir des nazis, se répéter. L’actuelle recrudescence de l’antisémitisme en Europe est un des éléments qui font craindre le pire à bon nombre de témoins de la Seconde Guerre mondiale. Entre cinq et six millions de juifs ayant vécu sur le Vieux Continent ont été assassinés par l’Allemagne nazie.

Depuis 1998, il revient à l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA) d’assurer que ce sombre chapitre de l’histoire mondiale ne tombe pas aux oubliettes. «J’ai pu côtoyer les plus grands experts en la matière. Nous étions conscients qu’une hausse de l’antisémitisme pouvait se produire. Cela me cause toutefois d’importants soucis», indique l’ambassadeur Georges Santer, appelé à coordonner la présidence luxembourgeoise de l’IHRA. «Il faut que la société soit secouée. Une prise de conscience du fait qu’il existe un problème inhérent à l’échelle de notre vivre ensemble doit avoir lieu», enchaîne le diplomate expérimenté.

Le dernier rapport de l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne, publié en décembre dernier, confirme le taux de progression de l’antisémitisme en Europe. «Ce sont douze pays qui ont été examinés. La progression de 50% d’actes antisémites entre 2013 et 2018 est dévastatrice», juge Georges Santer.

Dans les douze mois à venir, le Luxembourg compte donc s’engager pour effectuer une présidence avec un «effet durable» sur la société. «Assumer fièrement une présidence ne suffit pas à créer une dynamique au sein de la société», déplore l’ambassadeur. «Le message à faire passer est que si l’on veut continuer à vivre comme jusqu’à présent, avec nos valeurs et assurances, il faut un engagement plus important. Il existe en effet un nombre suffisant de personnes qui piétinent les principes de nos démocraties construites après la Seconde Guerre mondiale.»

Vers un vote à la Chambre

La prise de conscience et cet engagement étaient bien présents lors de la guerre dans le chef du diplomate portugais Aristides de Sousa Mendes. Son héritage sera mis à l’honneur lors d’une grande exposition destinée à mobiliser également la communauté portugaise. «Il a notamment organisé les visas d’entrée au Portugal pour la famille grand-ducale», note Georges Santer. Ces visas d’entrée étaient nécessaires pour transiter par le Portugal. Jusqu’à 10 000 juifs ont pu être sauvés grâce à l’engagement du diplomate portugais, ayant agi contre les ordres de Salazar.

Des films, lectures, tables rondes et conférences vont venir compléter le volet pédagogique de la présidence luxembourgeoise de l’IHRA.

Sur un plan plus politique, le Grand-Duché s’est fixé l’objectif de trouver un consensus pour établir et faire voter une nouvelle déclaration de principe. En 2000, la déclaration de Stockholm avait été adoptée par les membres fondateurs de l’alliance. «Il ne s’agit pas de remplacer la déclaration de Stockholm, mais d’établir une nouvelle déclaration reprenant les nouveaux défis, qui sont notamment liés aux nouveaux médias. Au lieu de réagir à l’antisémitisme et aux propos haineux, il faut arriver à agir et publier des contenus positifs», résume Georges Santer. Cette déclaration doit fixer le cadre des travaux de l’IHRA pour les 20 années à venir. En parallèle, la protection des lieux de mémoire ainsi que la conservation de la documentation et des témoignages des témoins de l’époque seront poursuivies.

La Chambre des députés va accompagner les travaux de la présidence luxembourgeoise. «On va accueillir après l’ambassadeur Santer d’autres experts en matière de mémoire de l’Holocauste. L’objectif sera de présenter une résolution ou une motion en séance plénière», conclut Marc Angel (LSAP), le président de la commission des Affaires étrangères.

David Marques

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