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Allemagne : «VW a fraudé et doit dédommager ses clients»


Contrairement aux États-Unis, où a été révélé le scandale Volkswagen, l'UE peine à sanctionner le constructeur allemand et à dédommager les consommateurs européens. (illustration AP)

Volkswagen fait l’objet depuis jeudi matin de la toute première action en justice groupée de consommateurs en Allemagne, selon une procédure créée suite au scandale des moteurs truqués par le géant de l’automobile.

L’association allemande de consommateurs VZBV a annoncé avoir transmis la requête cette nuit au tribunal de Brunswick, à quelques kilomètres du siège historique de Volkswagen à Wolfsburg. Le groupe automobile est accusé d’avoir délibérément nui à ses clients en installant à leur insu un logiciel faisant paraître le véhicule moins polluant qu’il ne l’est en réalité.

« Volkswagen a fraudé et doit dédommager ses clients », estime Klaus Müller, président du VZBV, cité dans un communiqué.

Le dépôt de la requête intervient le jour de l’entrée en vigueur d’une loi permettant ce type de recours, et deux mois avant la prescription des faits relevant du « dieselgate », cette vaste opération de falsification de résultats de tests de pollution avouée par le constructeur en 2015.

Rien que pour VW, « jusqu’à deux millions de consommateurs pourraient profiter » de cette action collective à l’allemande, a estimé mercredi la ministre allemande de la Justice, Katarina Barley, dans un entretien au quotidien Handelsblatt.

Volkswagen résiste

Le groupe a insisté que la plainte est « infondée ».

« Toutes nos voitures sont techniquement sûres, en état de marche et autorisées à rouler sans restrictions » en Allemagne, estime Volkswagen, qui n’a pas eu jusqu’ici à dédommager ses clients allemands.

« Ils nous ont pris pour des imbéciles », s’emporte Christian Säfken, propriétaire d’un véhicule truqué et qui « pense rejoindre la procédure groupée pour montrer qu’en tant que consommateurs, on ne se laisse plus faire ».

Jusqu’au dieselgate, la loi allemande ne prévoyait pas de procédures groupées de consommateurs.

« C’est une avancée importante », explique Ralf Stoll, avocat du VZBV, car jusque-là « beaucoup de clients avaient peur des frais de justice » engendrés par une plainte individuelle.

Les nouvelles procédures ne sont pas comparables aux actions collectives pratiquées aux Etats-Unis mais permettent d’apporter une réponse unique à plusieurs litiges.

Le groupe pourrait payer très cher le scandale de ses moteurs truqués, si les actions de groupe se multiplient en Europe. (illustration AFP)

Le groupe pourrait payer très cher le scandale de ses moteurs truqués, si les actions de groupe se multiplient en Europe. (illustration AFP)

Concrètement, si la plainte est jugée recevable, les clients s’estimant concernés pourront s’enregistrer gratuitement auprès de la justice avant que le tribunal de Brunswick ne détermine si VW a ou non commis une faute.

En cas de condamnation de VW, chaque consommateur enregistré devra ensuite faire valoir ses droits individuellement.

Mme Barley s’est cependant dit optimiste jeudi qu’en cas de condamnation, Volkswagen proposera une résolution à amiable.

« S’il y a un jugement de principe disant qu’il faut payer (…) ce serait une folie de s’engager dans tous les litiges individuellement », a-t-elle déclaré à la télévision publique.

M. Stoll s’attend à ce que « plusieurs dizaines de milliers de personnes » au moins rejoignent la procédure, alors que quelque 26.000 plaintes individuelles ont aussi été déposées en Allemagne.

Gants de boxe

En trois ans, le scandale a coûté plus de 28 milliards d’euros en rappels de véhicules et procédures judiciaires au géant de l’automobile, qui a admis avoir truqué 11 millions de voitures.

Mais la majorité de cette somme a été versée aux Etats-Unis, où Volkswagen a non seulement remboursé près d’un demi-million de clients mais aussi payé jusqu’à 10.000 dollars de dommages et intérêts.

Des véhicules neufs dans l'usine Volkswagen d'Emden, en Allemagne. (Photo : AFP)

Des véhicules neufs dans l’usine Volkswagen d’Emden, en Allemagne. (Photo : AFP)

En Allemagne, VW a dû payer seulement deux amendes pour un total de 1,8 milliards d’euros. Et il n’a proposé à ses clients que des mises à jour de logiciels, refusant des réparations à grande échelle ou le rachat des voitures.

Ces véhicules ont depuis perdu une partie considérable de leur valeur, tandis que de nombreux diesels sont menacés d’interdiction de circulation dans des dizaines de villes allemandes en raison du non-respect des normes antipollution.

Le constructeur est aussi engagé dans un premier procès intenté par des actionnaires s’estimant lésés et qui réclament près de 9 milliards d’euros.

Pour les associations de consommateurs, le gouvernement allemand s’est longtemps efforcé de protéger une entreprise stratégique en limitant les moyens d’action des clients, mais cela va désormais changer.

« Volkswagen se souviendra du 1er novembre comme le jour où les gants de boxe des défenseurs des consommateurs ont succédé aux gants de velours des politiques », lâche Klaus Müller, président de la VZBV.

Au Luxembourg, les consommateurs lésés n’ont pour l’instant obtenus aucune réparation, et aucune action de groupe n’est engagée.

Le Quotidien / AFP

Un commentaire

  1. Donc pour résumer, au Luxembourg , rien ne bouge ?

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