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Adel Bettaieb : «Je me suis demandé où j’étais»


Première sortie dans le très grand monde pour Bettaieb, au stade Sükrü-Saracoglu. (Photo : fenerbahçe)

Alors que le F91 humiliait la Jeunesse (5-0), son ancien attaquant, Adel Bettaieb, jouait lui contre Fenerbahçe devant 50 000 personnes, avec son nouveau club d’Ümraniyespor.

Le promu est allé chercher un match nul 3-3 sur la pelouse de Fenerbahçe, qui n’est revenu au score que dans les arrêts de jeu. Une déception minimale pour le Tunisien, qui a disputé l’intégralité de la rencontre en pointe et, maintenant cet improbable dépucelage passé, ne veut désormais plus que s’«adapter le plus vite possible».

Comment décririez-vous ce qui vous est arrivé lundi soir?

Adel Bettaieb : S’il n’y avait qu’un mot, ce serait «incroyable». Oui, c’est ça le mot. J’ai vécu la Coupe d’Europe avec Dudelange mais là, dans ce stade plein, avec plus de 50 000 spectateurs, c’est carrément une expérience invraisemblable. Et vu là d’où je viens, c’est une très belle récompense. C’est tout ça dont je rêvais et c’était vraiment très impressionnant. Là, ce n’est clairement plus le même monde.

C’est le genre de stade où l’on ne s’entend pas?

Exactement. Mais alors pas du tout! Impossible de se passer les consignes, impossible de replacer un coéquipier sans l’appeler une cinquantaine de fois. Dire qu’il y a des joueurs qui vivent ça tous les week-ends! Il y a une telle ferveur… Quand tu touches le ballon dans ce stade, disons que tu comprends vite que tu n’es pas chez toi. J’avoue que pour ma première fois, j’avais un peu d’appréhension.

Et comment cela s’est-il  manifesté?

Au début du match, je me suis demandé où j’étais. J’étais très impressionné. Je ne dis pas que cela a eu une incidence sur mon jeu mais inconsciemment… Des amis à moi ont vu le match et à un moment, je pars seul et ils ont été étonnés de ce que j’ai fait : j’ai tenté un ballon enveloppé directement du droit. Et tous m’ont dit : «c’est bizarre, normalement, tu te serais emmené le ballon et tu aurais frappé du gauche». Il faut croire que je n’ai pas réagi comme d’habitude.

L’ambiance devait être très différente de celle qu’il y avait au stade Jos-Nosbaum le même soir, avec ses 850 spectateurs, contre la Jeunesse…

On en a discuté après le match avec mes anciens coéquipiers du F91. Moi aussi, je suis passé par là. Ça rend fier.

Récemment, votre ancien coéquipier, Kevin Van den Kerkhof, indiquait que Dudelange l’avait bien préparé à évoluer en Ligue 2 française avec Bastia.

Moi aussi, ça m’a aidé. Après, on peut dire ce qu’on veut : on travaillait comme des pros, il y avait de la qualité… mais le niveau ne ressemble en rien à ce que je vois là. Mais au moins, tu es suffisamment préparé pour pouvoir t’adapter.

Jouer Fenerbahçe en championnat, c’est mieux qu’une campagne européenne?

Sincèrement oui. Et ce n’est pas pour dénigrer une campagne jouée avec un club luxembourgeois. Mais ce seul match contre Fenerbahçe vaut déjà pas mal de choses que j’ai pu faire dans ma carrière, toutes ensemble. Aussi à cause de la découverte. J’ai découvert plein de choses, autour de ce genre de matches, que j’ignorais. J’avoue, en toute humilité, j’ai pris un coup sur la tête en voyant tout ça. Et dans deux matches, on affronte Galatasaray, ça va encore être le même délire.

On m’a prévenu : il y en a qui t’aimeront beaucoup, d’autres qui te détesteront. On m’a préparé à ça

Et vous avez failli marquer pour votre grande première…

Oui, j’ai marqué. À la 55e. Mais j’ai tout de suite vu le drapeau se lever et ils ont fait appel à la VAR. En général, on sait ce que ça veut dire. Il y avait vraiment un doigt de pied.

Cela aurait été excellent pour votre cote de popularité envers les fans d’Ümraniyespor.

Je n’ai pas encore regardé ce qu’on dit sur moi dans les journaux. Ce n’est pas le plus important. Mais il y a toujours des fans qui parlent sur votre compte. Et ici, on m’a prévenu : il y en a qui t’aimeront beaucoup, d’autres qui te détesteront. On m’a préparé à ça. Surtout que moi, je n’ai pas le bagage que les autres, qui sont ici, possèdent. Sur le terrain, lundi soir, j’étais le joueur avec le moins d’expérience.

Alors que vous aviez eu très peur de rater ce genre d’opportunité d’aller vers le professionnalisme l’hiver dernier, et même un peu cet été, votre agent, Ahmed Nouma, avait remercié vos dirigeants de vous avoir libéré. Après ce match, vous vous y associez?

Après ce que j’ai vécu, je ne peux que le rejoindre. C’est une très belle chose que les dirigeants du F91 ont faite, de respecter la parole donnée, surtout que la décision finale leur appartenait.

Lundi soir, le président du club, Gerry Schintgen, s’est dit très heureux de votre titularisation.

(ému) C’est gentil. Ça me fait plaisir. Je me dis aussi que ça doit leur faire plaisir qu’un des leurs arrive à ce niveau. C’est une reconnaissance pour leur travail. Ils ont préparé un joueur à ça. C’est top de leur part.

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