[Mondial 2018] Marquer c’est bien, ne pas encaisser, c’est mieux

À trois reprises en 180 minutes, les Roud Léiwen ont encaissé un but juste après en avoir marqué un. Ce n’est pas inquiétant, mais c’est décevant.

Les images laissent entrevoir que l’inexpérience n’a pas forcément grand-chose à voir avec cette irritante déconcentration : ce sont les routiniers qui ont failli.

Luc Holtz a tout mis sur le compte de l’expérience. Les trois buts pris de loin qui nécessitent quand même qu’à un moment, il y ait dysfonctionnement pour qu’un joueur se retrouve seul et pas attaqué aux 20 mètres. Mais aussi les buts pris trop vite après avoir soi-même marqué, qui impliquent quand même, vu l’efficacité industrielle avec laquelle le Luxembourg a multiplié ce genre de soucis dans ce mois de septembre, une sacrée dose de déconcentration.

L’expérience, donc, pour Holtz, qui indiquait au coup de sifflet final, un peu rageur : «Cette expérience, on l’aura dans un an, quand on retrouvera la Bulgarie. Et on verra bien ce qui se passe.» Prendre ce genre de rendez-vous avec l’histoire est toujours dangereux. N’identifier qu’une seule cause aux problèmes aussi et le sélectionneur s’en est bien rendu compte : «La déception est encore trop fraîche. Je vais analyser calmement ces buts, mais ne pas sortir le marteau pour taper sur la tête des joueurs, et sans faire d’énormes reproches. Il faut juste qu’on évite certaines erreurs.»

Les cadres ont failli

À cet égard, le visionnage du match est édifiant. Et l’inexpérience n’a pas toujours sa place là-dedans. C’est ce qu’il y a de plus troublant. Autant le deuxième but encaissé contre la Lettonie, vendredi dernier, arrive du côté de Jans qui ne peut pas faire grand-chose au raté du très jeune Martins derrière lui, autant il y a plus matière à s’étonner de ce qui s’est passé à Sofia. Quelques secondes après que Joachim eut permis de prendre l’avantage, une absence de marquage au deuxième poteau permet à Marcelinho de mettre sa tête.

Là, l’expérimenté Joubert (86 sélections) parle au chevronné Joachim (63 sélections)… qui met le pied et pousse au fond de son propre but. Pire, dans les arrêts de jeu, il aura suffi d’un long ballon sur le coup d’envoi consécutif à l’égalisation de Bohnert, pour que Tonev remporte un premier duel de la tête et se débarrasse facilement d’un Gerson (55 sélections) qui n’est pas non plus un pigeon, avant d’armer en lucarne.

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On le voit, ce sont plutôt les cadres qui ont failli. C’est toutefois l’histoire d’un match. Ces garçons ont en effet plus souvent sauvé la patrie qu’ils ne l’ont coulée. Joachim, tout à l’excitation de deux minutes que venait de lui offrir son premier doublé international, s’est sûrement senti apte à faire le geste juste. Gerson, qui a beaucoup donné dans la semaine et a prouvé de longue date qu’au niveau des duels, il n’était plus le même, a peut-être payé au pire moment, au bout du bout, tous les efforts consentis dans un système qui ne le ménage pas, et l’expose aux coups de pompe. Sur le premier but en cause, rien à faire. Sur le deuxième, pas grand-chose non plus.

Un hasard malheureux même si en football, cela n’existe pas, paraît-il et Laurent Jans le sait : «Prendre un but directement après avoir marqué, c’est comme prendre un coup en pleine gueule. Tu n’as pas le droit de perdre dans les arrêts de jeu, de perdre ces duels-là, alors que tu devrais pouvoir dégager au-delà des limites du stade. On est sur la bonne voie, mais même si maintenant, on a retrouvé l’efficacité, on n’a pas le droit d’oublier nos responsabilités défensives.»

De notre envoyé spécial à Sofia, Julien Mollereau