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Fabriques d’église : la fronde se renforce


Malgré les explications du ministre de l'Intérieur, l'église n'est toujours pas de retour au milieu du village aux yeux du Syfel et du Syvicol. (illustration Editpress/Didier Sylvestre

Le Syndicat des fabriques d’église (Syfel) a riposté, mercredi, aux reproches formulés la veille par le ministre de l’Intérieur. Une importante fronde contre la réforme des fabriques d’église est en train de se former.

On pouvait s’en douter. La sortie musclée du ministre de l’Intérieur dans nos colonnes n’est pas restée sans réponse de la part des personnes visées. Aussi bien le syndicat des fabriques d’église (Syfel) que celui des communes (Syvicol) ont tenu à refiler la patate chaude à Dan Kersch, qui campe sur ses positions. Le CSV a lui aussi annoncé la couleur, après avoir été sévèrement taclé par le ministre socialiste (lire encadré ci-dessous).

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Contacté par nos soins, le Syfel se dit toujours convaincu que le ministre de l’Intérieur appelle les fabriques d’église et les communes à agir dans l’ «illégalité» si elles ancrent dès maintenant des décisions sur la propriété des édifices religieux. «Le décret de 1809 est toujours en vigueur, martèle Marc Linden, le vice-président du Syfel. Dans l’article 1er, il est mentionné que les « fabriques d’église sont chargées de veiller à l’entretien et à la conservation des temples ». Il n’y est pas mentionné que les fabriques d’église peuvent négocier avec les communes et clarifier la question de la propriété des édifices, qui sont appelés à être intégrés à un Fonds de gestion qui n’existe pas encore.»

De plus, le calendrier que le ministre compte imposer resterait beaucoup trop serré. «Le Syfel n’est pas opposé à analyser en profondeur la question de la propriété des édifices religieux ni à trouver des accords équilibrés avec les communes. Mais on a besoin de suffisamment de temps», souligne Marc Linden. «L’ancien système prévaut depuis plus de 200 ans, attendre quelques années de plus ne fera donc plus de mal», enchaîne le représentant du Syfel, tout en insistant sur le fait que l’objectif de son syndicat n’est pas de jouer la montre. «C’est une évidence que le système actuel n’est plus adapté à la réalité du terrain», affirme-t-il. La voie choisie par le ministre de l’Intérieur, mais aussi par l’archevêché, ne serait cependant pas la bonne. Si plus rien ne change au niveau du projet de loi, le Syfel se verra obligé d’entreprendre d’autres démarches, notamment juridiques. Une assemblée générale ordinaire sera d’ailleurs organisée le 23 septembre afin de statuer sur ce point.

«Les communes veulent des réponses claires»

«Trouver une solution dans le plus large consensus possible, comme le souhaite le ministre, est un vœu pieux du ministre», lance Marc Linden, qui ne perd toutefois pas l’espoir que le gouvernement et l’archevêché finissent par écouter la base. «Il ne faut pas nier des réalités. Un large front est en train de se former sur le terrain. Deux tiers des fabriques d’église nous ont signalé par écrit qu’elles comptent contester leur dissolution. Je garde espoir que cette forte opposition sera prise en compte. C’est du moins ma compréhension naïve du système démocratique», souligne le vice-président du Syfel.

Parmi les plus grands différends figure l’abolition du cofinancement de l’entretien des églises. Le texte du ministre Kersch prévoit en effet d’interdire aux communes de continuer à subventionner les travaux sur les édifices. Cette clause, qui pourrait remettre en question l’autonomie communale, reste également très contestée par le Syvicol. «Il reste très incohérent de voir l’État interdire aux communes de continuer à soutenir financièrement leurs églises, alors que ces dernières ont également une valeur culturelle et constituent même des attractions touristiques. Cela est encore plus dérangeant, si on considère qu’on est enfin parvenu à convaincre l’Église d’ouvrir ces édifices à d’autres manifestations, comme des concerts ou des festivals culturels. Si on collabore sur ce plan, il est inconcevable d’interdire de subsidier les travaux d’entretien», tranche Émile Eicher, président du Syvicol.

Ce dernier, contacté également mercredi par Le Quotidien, reste aussi d’avis que le calendrier imposé par le ministre est bien trop serré. «Il est vrai qu’on a été informé dès le mois de mars 2015. Or de très nombreuses questions de taille restent sans réponses. Il ne s’agit pas d’une question de volonté, mais les communes souhaitent avoir des réponses, notamment en ce qui concerne le flou juridique qui continue à persister», conclut le député-maire chrétien-social de Clervaux.

David Marques

Le CSV « réfute l’insinuation » de Kersch

Dans le long entretien qu’il nous a accordé, le ministre de l’Intérieur, Dan Kersch, avait sévèrement taclé le CSV. Son reproche : le camp chrétien-social exercerait une importante pression sur le Conseil d’État et lui suggèrerait, avec le Syfel, les conclusions à tirer sur l’autonomie communale, mise en danger par la réforme des fabriques d’église. «Le CSV s’est contenté de formuler un avis juridique et est décidé à le défendre. Pour ce qui est de cette insinuation du ministre, je ne compte pas y réagir. Je tiens toutefois à la réfuter fermement», a souligné mercredi le député Gilles Roth, contacté par nos soins. Il est clair selon lui qu’il revient désormais au Conseil d’État de faire son travail en toute indépendance.

De son côté, Marc Lynden, le vice-président du Syfel, nous a dit qu’il ne pouvait que «rire» du reproche formulé par Dan Kersch. «On n’a jamais eu d’entrevue avec le CSV et on n’a également pas envoyé de lettre ou d’avis au Conseil d’État», s’est-il défendu. Le CSV rejoint néanmoins le Syfel dans sa critique concernant l’illégalité dans laquelle se dirige le ministre de l’Intérieur dans ce dossier. «Il ne s’agit pas de mener une guerre des croyances, mais il existe une série d’éléments qui à nos yeux ne tiennent pas la route sur le plan juridique. Il s’agit de l’autonomie communale mais aussi notamment de la récente circulaire du ministre, qui ne repose sur aucun texte légal», conclut Gilles Roth.

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