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Red Star, vestige d’un foot résistant


Coupe de France, troisième du National, le Red Star, qui affronte ce soir Saint-Étienne en Coupe, est un un club atypique, avec des fans nostalgiques.

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À Saint-Ouen, l’esprit de résistance n’est pas mort jurent les supporters du Red Star. (Photo : AFP)

Max vient à chaque match au Stade Bauer, à Saint-Ouen, dans cette banlieue parisienne où réside le club. Un stade du nom d’un médecin et résistant, fusillé en 1942 au Mont-Valérien. Pour ce supporter amoureux du « vrai foot », celui « des ambiances de Sankt Pauli », club mythique de Hambourg, ou « de West Ham » (formation de la banlieue Est de Londres), le Red Star est le remède au Paris SG et son Parc des Princes où « seuls certains peuvent se payer une place à 50 euros, dans un quartier bourgeois ».

Valerio, Italien débarqué à Paris il y a cinq ans, et supporter de la Lazio depuis sa « venue au monde », a d’emblée été séduit par l' »incroyable » Red Star et sa ferveur dans les tribunes qui lui rappelle la chaleur de son Calcio. Une atmosphère à l’anglaise, diront d’autres. D’ailleurs, les joueurs rentrent sur le terrain sur l’air du You’ll Never Walk Alone, hymne de Liverpool. Pierre, un des meneurs du Collectif Stade Bauer, renchérit : « Nous, on prône un football pour tout le monde, sans rejet, c’est normal. » Le kop de la tribune Rino (du nom de Rino della Negra, jeune footballeur et résistant du groupe Manouchian, également fusillé), n’hésite pas à pousser régulièrement des « et le XVIe (arrondissement) c’est dégueulasse ».

> Reggae et mégaphone

À la mi-temps, il n’est pas rare de voir une réunion improvisée des supporters aux abords du stade, transcendés à l’unisson d’un mégaphone couvert d’autocollants du syndicat SUD. Certains supporters, militants revendiqués « antifascistes », tentent de perpétuer « l’identité » du Red Star. Reggae en fond sonore, spliffs (joints) en guise de cigarettes, ils font résonner Bauer aux cris de « banlieue rouge ».

Pourtant, quand on demande à Pierre si le Red Star est toujours le club de la banlieue rouge, il répond : «Si seulement elle existait encore…» Jean-Pierre, fan depuis les années 1960, alors que le club était encore en division 1, a mesuré l’évolution du club depuis près de 50 ans : «J’ai vu la banlieue rouge, aujourd’hui ça n’a plus rien à voir.»

Car le club, fondé en 1897 par Jules Rimet, créateur de la Coupe du monde et anglophile (d’où le nom Red Star, « Étoile Rouge »), nourrit des ambitions : regagner l’élite du foot français. Une voie de développement qui, forcément, ne plaît pas à tout le monde. Le sujet de la discorde se nomme Bauer. Un stade à l’anglaise, encore modestement appelé stade municipal sur les panneaux de signalisation, où il y a peu « on pouvait taper la discute avec le gardien de but », tant les tribunes sont proches du terrain.

Le 30 janvier, pour Red Star face à Colomiers, 13e du National, 2 000 supporters se sont pressés dans cette enceinte, en dépit de la vétusté et de la non-homologation de deux tribunes sur trois. Celle qui reste est si inconfortable qu’elle force d’ailleurs rapidement à se lever. Avec la montée, le club ambitionne la construction d’un nouveau stade. Ce dont ne veulent pas entendre parler les supporters : « Le Red Star c’est Bauer, pas ailleurs ! » Mais Bauer n’est pas aux normes pour l’affiche face aux « Verts », 4e de la L1, et demain, pour la Coupe de France, une épreuve que le Red Star a gagnée cinq fois, les fans seront obligés d’aller à Jean-Bouin, habituelle enceinte des rugbymen du Stade Français. Un comble.

AFP

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