La ministre de l’Intérieur Theresa May prendra les rênes du gouvernement britannique mercredi, a annoncé lundi le Premier ministre démissionnaire David Cameron.
« Nous aurons un nouveau ministre dans ce bâtiment derrière moi mercredi soir », a déclaré David Cameron devant le 10 Downing Street, ajoutant qu’il présenterait sa démission à la reine mercredi après les questions au Parlement. Theresa May est la seule candidate en lice pour lui succéder après le retrait de la compétition lundi matin d’Andrea Leadsom, la secrétaire d’État à l’Énergie.
« Brexit is Brexit »
Theresa May, une eurosceptique passée dans le camp du maintien dans l’UE pendant la campagne référendaire, a indiqué lundi qu’elle respecterait la victoire des pro-Brexit, laissant peu d’espoirs à ceux au Royaume-Uni qui réclament une deuxième consultation sur l’UE. « Je ne saurais être plus claire: il n’y aura pas de tentative pour rester au sein de l’UE », a-t-elle dit lors d’une déclaration dans la matinée à Birmingham (centre de l’Angleterre).
« Brexit signifie Brexit » et « nous en ferons un succès », a-t-elle insisté celle qui est en passe de devenir la deuxième femme Premier ministre du pays. Dimanche, la chancelière allemande Angela Merkel s’est montrée convaincue que le Royaume-Uni allait activer l’article 50 du Traité de Lisbonne pour officialiser sa décision de sortir de l’UE. « La décision est de mon point de vue tombée » quand les Britanniques ont dit en majorité qu’ils souhaitaient sortir de l’UE, a-t-elle dit.
La guerre des chefs se poursuivait en revanche du côté de l’opposition travailliste, après que la députée Angela Eagle eut annoncé sa candidature pour détrôner Jeremy Corbyn. Cette candidature ouvre la voie à de nouvelles élections pour désigner le chef du parti, dont les divisions ont été exacerbées par la victoire du Brexit. Triomphalement élu en septembre à la tête du Labour grâce au vote des militants, Corbyn n’a jamais réussi à s’imposer auprès d’une grande partie des cadres du parti, qui le jugent trop à gauche, et incapable de remporter des élections législatives.
Les critiques ont redoublé ces deux dernières semaines, avec une motion de défiance des députés travaillistes et la démission des deux tiers de son cabinet fantôme.
« Période dangereuse »
Le comité exécutif du parti doit se réunir pour décider s’il doit recueillir le soutien de 50 députés pour concourir, ou s’il est automatiquement candidat. Soulignant que le pays traversait une « période dangereuse », Angela Eagle a estimé lundi en lançant sa campagne que M. Corbyn n’était « pas capable de fournir le leadership » nécessaire. « Il serait contraire à la justice et à l’équité que le leader en poste ne soit pas dans le scrutin », a répondu Diane Abbott, une proche de M. Corbyn, lundi matin sur la BBC, en qualifiant Mme Eagle de candidate du passé.
Sur le front économique, le ministre des Finances George Osborne devait se rendre lundi à New York pour convaincre de la volonté de son pays de maintenir un climat favorable aux affaires, malgré le Brexit, avant d’aller réitérer le message en Chine et à Singapour.
Dans une tribune publié dans le Wall Street Journal, il a réitéré son souhait de diminuer l’impôt sur les sociétés au Royaume-Uni d’environ 20% actuellement à 15%, voire moins, malgré les critiques de plusieurs pays européens qui y voient une forme de dumping fiscal. « On ne se sort pas d’une difficulté dans laquelle on s’est mis soi-même en faisant des annonces de cette nature », a jugé lundi le ministre français des Finances Michel Sapin.
Le Quotidien/AFP