L’information est « menacée » en France, ont accusé mardi d’une seule voix les responsables des plus grands médias audiovisuels, en réaction à leur mise en cause pour la couverture des attentats de Paris début janvier par le gendarme de l’audiovisuel.
« Dans quelle autre grande démocratie reproche-t-on aux médias audiovisuels de rendre compte des faits en temps réel ? », s’indignent les médias audiovisuels français. (Photo : AFP)
Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a adressé jeudi dernier 36 avertissements à seize médias. Motif : ces radios et télévisions auraient, selon le CSA, révélé pendant leurs directs des informations susceptibles de menacer la vie des otages lors des attenats des 7, 8 et 9 janvier. Ces avertissements ont été assortis de menaces d’amendes ou autres sanctions en cas de récidive. Le CSA avait analysé 500 heures de programmes.
Les directeurs des rédactions sanctionnées accusent le CSA d’avoir jeté « le discrédit sur le travail des rédactions de la quasi-totalité des radios et télévisions françaises publiques et privées », dans une lettre ouverte intitulée « l’information menacée », qui relève « l’absence de discussion contradictoire » avec le CSA.
« Le CSA nous reproche notamment d’avoir potentiellement « attenté à l’ordre public » ou pris le risque « d’alimenter les tensions au sein de la population ». Nous le contestons », poursuivent les patrons des chaînes de télévision TF1, France 2, France 3, France 24, BFMTV, Itélé, LCI, Euronews, et des radios France Inter, France Info, RTL, Europe 1, RMC et RFI.
« Dans quelle autre grande démocratie reproche-t-on aux médias audiovisuels de rendre compte des faits en temps réel ? », poursuit la lettre ouverte transmise à l’AFP, signe d’un front commun sans précédent contre le CSA. « Nous considérons que la décision du CSA porte en germe le danger d’une alternative : se censurer ou se voir sanctionné », avertissent ces médias qui « continueront à travailler en toute indépendance et en toute responsabilité ».
La semaine dernière, radios et télévisions visées par les critiques du CSA avaient déjà vivement protesté, dénonçant une forme de censure qui ne profitera, selon elles, qu’au flot de rumeurs véhiculées par les réseaux sociaux.
AFP