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Abus sexuels sur mineurs : 5 ans requis contre le coach


Au total, le parquet reproche au prévenu d'avoir abusé de six mineurs entre fin 2013 et l'été 2015. (illustration archives Editpress)

Grooming, attentats à la pudeur, viols et pédopornographie. La liste des infractions que le parquet reproche à ce prévenu de 22 ans est longue. Dans son réquisitoire, jeudi, le premier substitut a souligné la perversité des propositions sexuelles faites aux mineurs. Mais, auparavant, le prévenu s’est expliqué à la barre.

« Qu’est-ce qui vous a poussé à mener de telles discussions avec des mineurs ? » Pendant plus d’une heure, le prévenu a dû se soumettre aux questions du tribunal correctionnel, jeudi. Avec une voix à peine audible, il a répondu tant bien que mal aux questions de la présidente. «Au début, c’étaient des conversations normales. À un moment donné, elles ont de plus en plus dégénéré. Je ne sais pas non plus comment cela en est arrivé là», a-t-il laissé entendre.

Le reste de ses réponses s’est perdu dans ses murmures. Ce sont donc avant tout les questions et répliques de la présidente qui ont retenti jusqu’au fond de la salle.

Du dossier, il ressort que l’un des mineurs affirme avoir été victime d’abus sexuels le 18 avril 2015 dans les vestiaires du club de foot du Swift Hesperange où le prévenu officiait à l’époque. Aux enquêteurs de la police judiciaire, le garçon de 15 ans a expliqué avoir fait sa connaissance sur Facebook. Il disait avoir accepté ce deal pour obtenir ses «chaussures de rêve» d’une marque de luxe. Au final, il avait reçu 2 000 euros. L’enquête a révélé qu’à partir du 1er juin 2015, le jeune avait commencé à insister et à réclamer sa part. Dans ces messages, il lui reprochait ainsi le viol et la pédophilie. «Pourquoi est-ce que vous ne vous défendez pas quand il vous accuse de l’avoir violé ?», a demandé la présidente au prévenu.

Le tribunal a également tenté de comprendre pourquoi le prévenu n’avait pas respecté les conditions de son contrôle judiciaire après avoir été interpellé début juin 2015. L’interdiction de travailler avec des mineurs lui avait été signifiée. Or dès le 1er septembre, il avait retrouvé un poste d’entraîneur auprès d’une équipe de jeunes du FC Differdange 03. «Cela ne rentre pas dans votre tête que les obligations étaient à prendre à la lettre ? C’était la condition la plus importante. Cela en dit long sur votre esprit !»

Du dossier, il ressort également que le prévenu a essayé de cacher son activité d’entraîneur à l’automne 2015 : le premier mois, il avait indiqué un faux numéro de compte. Son salaire n’avait pu lui être viré. C’est alors qu’il avait demandé à le recevoir en liquide avant de demander si on ne pouvait pas virer l’argent sur le compte d’une tierce personne. «Ce sont des manœuvres pour dissimuler ce que vous faisiez», a martelé la présidente.

«Mon client sait qu’il est en faute»

«Mon client sait qu’il est en faute», a souligné Me Jean Lutgen au début de sa plaidoirie. Il a estimé qu’il n’avait pas respecté le contrôle judiciaire «en raison de son immaturité». Il a plaidé que son client a dès le début fermement contesté le viol du 18 avril 2015. «Les éléments matériels ne sont pas donnés», a-t-il indiqué avant de demander l’acquittement de cette infraction. Il a demandé «une peine qui n’hypothèque pas son avenir», donc pas plus de prison ferme que les sept mois qu’il a déjà passé en détention préventive.

Mais, selon le parquet, les attentats à la pudeur, le grooming, les viols et la pédopornographie sont à retenir. «Le premier dossier qui atteint le parquet concerne un jeune de 14 ans ayant reçu des propositions sexuelles», a rappelé le premier substitut, Anouk Bauer, en évoquant la perversité qui ressort de ces discussions sur Facebook.

Au total, le parquet reproche au prévenu d’avoir abusé de six mineurs entre fin 2013 et l’été 2015. «L’enquête judiciaire ne l’empêche pas de commettre de nouveaux faits. Et le contrôle judiciaire non plus», a par ailleurs constaté le premier substitut.

Le parquet a fini par requérir cinq ans de prison et une amende à l’encontre du prévenu. Il ne s’oppose pas à un éventuel sursis probatoire sous condition qu’il suive un traitement. Enfin, il a demandé que lui soit interdit d’exercer une activité professionnelle, bénévole ou sociale avec des mineurs.

Prononcé le 7 juillet.

Fabienne Armborst

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