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Editorial – La troïka est morte, vive la troïka

Imaginons que vos comptes sont désespérément dans le rouge.

Lors d’un rendez-vous avec votre banquier, si vous vous mettez à parler de la différence entre recourir à une nouvelle ligne de crédit ou avoir recours au découvert et si lui en réponse vous demande quels sont les biens ou revenus supplémentaires que vous pouvez mobiliser, vous pouvez être certain qu’il y a un problème.

La somme en jeu est certainement critique et vous n’êtes pas prêt à la rembourser; quant à votre créancier, il n’est pas prêt à laisser votre dette s’alourdir. Comme il paraît évident que vous n’êtes pas d’accord sur le fond, dans une dernière tentative de courtoisie, vous préférez parler des détails, avant de passer à l’échange musclé.

C’est précisément ce qui se passe entre la Grèce et les Européens. Alexis Tsipras a été élu notamment parce qu’il a promis au peuple grec d’en finir avec la troïka (UE-BCE et FMI), ses créanciers diabolisés qui auraient mis plus le pays à genoux qu’ils ne l’auraient aidé à se relever.

Dans ces dernières discussions cette fin de semaine avec les Européens, Alexis Tsipras a claironné : « La troïka n’existe plus. » Prophétie autoréalisatrice ou poudre aux yeux jetée au peuple grec, on ne sait pas trop ce que le Premier ministre a voulu dire.

Vendredi, le ministère des Finances allemand a répondu : « si c’est le souhait de nos interlocuteurs grecs de ne plus appeler la troïka, troïka », alors d’accord, mais cela ne veut pas dire que celle-ci va disparaître.

Même si Bruxelles a reconnu trop d’opacité dans son fonctionnement, elle ne peut pas mettre fin à un système qui a permis au Portugal et à l’Irlande de sortir de l’impasse, alors même qu’ils ont pourtant bénéficié de la troïka après Athènes.

À l’origine, troïka est un mot russe qui désigne un traîneau tiré par trois chevaux. Aujourd’hui, Athènes veut descendre du traîneau sans pouvoir vraiment remarcher et sans avoir nourri les chevaux qui lui ont pourtant fourni longuement de l’énergie (argent).

La Grèce est dans le rouge, la troïka est sa banque, mais n’a pas les moyens de lui faire crédit. Après des considérations sémantiques, la réunion de lundi s’annonce électrique.

De notre journaliste Delphine Dard


> Ecrire à notre journaliste : ddard@lequotidien.lu

mini delphine

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