L’argent ne fait pas le bonheur, surtout quand on n’en a pas

Vivre d’amour et d’eau fraîche. Il n’y a pas à dire, ça fait rêver ! Surtout quand on est jeune et insouciant. Mais la vie, la vraie, n’est pas comme on l’imagine à l’orée de l’âge adulte. Et le fait est que, en amour, comme pour tout le reste, l’argent est le nerf de la guerre. Eh oui, l’argent ne fait pas le bonheur. Surtout, quand on n’en a pas ! Alors, on a beau s’aimer comme au premier jour, quand les dettes contractées à la suite d’achats compulsifs vous écrasent, la vie devient impossible.

C’est ce qu’ont vécu David et Jess, les deux personnages principaux de Love & Money, une pièce de Dennis Kelly mise en scène en ce moment par Myriam Muller au théâtre du Centaure. Leur histoire nous est narrée comme une succession de moments marquants, mais à l’envers. Au départ, David, un Britannique, drague gentiment par mails Sandrine, une jolie Française. Rapidement, on apprend que sa femme s’est suicidée. Et David a vraiment de quoi s’en vouloir. De là, on part en marche arrière, de plus en plus loin dans le temps. Et chaque scène explique quelque part la genèse de la précédente.

C’est terriblement tragique et à la fois incroyablement drôle. Tantôt à la limite du Grand-Guignol, tantôt extrêmement sérieux et surtout, toujours très critique contre l’ultralibéralisme, la société de consommation, la déshumanisation du travail et surtout contre la toute-puissance de l’argent !

Et dans cette difficile dualité, Myriam Muller parvient à faire des merveilles avec ses comédiens : Luc Schiltz, Larisa Faber, Isabelle Bonillo, Delphine Sabat, Raoul Schlechter et Serge Wolf. Chacun de leurs personnages bouscule, à un moment ou un autre, d’une manière ou d’une autre, le spectateur. Ce dernier, tout en s’amusant, repart du théâtre avec un questionnement intérieur salutaire : «Jusqu’où suis-je prêt à aller pour de l’argent ?» À chacun de trouver sa réponse, Love & Money donnant quelques pistes de réflexion.

Pablo Chimienti