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Procès Bettencourt : la discrète île d’Arros refait surface


Le tribunal correctionnel de Bordeaux s’est penché lundi sur l’île seychelloise d’Arros, discrètement acquise par Liliane Bettencourt à la fin des années 1990, puis transférée à une fondation en 2006, privant la milliardaire de la propriété sur l’île apparemment à son insu.

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L’ex-gestionnaire de fortune de la milliardaire, Patrice de Maistre, également prévenu dans l’affaire, était chargé par le couple Bettencourt de « faire baisser » les dépenses de gestion de l’île qui atteignaient entre 4 et 5 millions d’euros par an. (Photos : AFP)

L’ex-confident de Liliane Bettencourt, François-Marie Banier, un des principaux prévenus pour abus de faiblesse aux dépens de l’héritière de L’Oréal, a reconnu l’avoir encouragée à acquérir l’île, achetée en 1997 à l’insu du fisc pour 18 millions de dollars, et pour laquelle le couple Bettencourt payait officiellement un loyer. « Que j’ai encouragé (cet achat), c’est certain », a admis François-Marie Banier, après lecture à l’audience d’une lettre à la milliardaire.

Il s’y plaignait de ne pouvoir se rendre un été avec des amis dans « cet endroit idyllique », que « je vous ai fait découvrir », et « pour lequel je me suis donné tant de mal ». L’existence de cette île et son financement illicite, à partir de deux comptes en Suisse, avaient été révélés lors de la diffusion dans la presse en 2010 d’écoutes clandestines réalisées au domicile de Liliane Bettencourt par son ex-majordome.

En décembre 2006, la propriété de l’île avait été transférée par « une cascade d’actes juridiques complexes » à la Fondation pour l’équilibre écologique, esthétique et humain (FEEEH), basée au Lichtenschtein, sans que la milliardaire n’en soit informée, selon l’accusation.

Parmi les bénéficiaires, le nom de François-Marie Banier figurait à côté de celui de trois associations de recherche médicale. « Je suis entièrement étranger à ce montage très compliqué », s’est défendu lundi François-Marie Banier, affirmant n’avoir été « alerté » qu’il était devenu bénéficiaire qu’ « une fois les choses faites ».

Le tribunal a également examiné le rôle de Carlos Vejarano, ressortissant espagnol chargé de la gestion de l’île seychelloise, poursuivi pour « abus de faiblesse » après avoir obtenu de la milliardaire une donation de 2 millions d’euros, mais également pour « abus de confiance » car il est soupçonné d’avoir détourné des fonds destinés à la gestion de l’île.

Résident aujourd’hui au Mexique, Carlos Vejarano a fait valoir par un courrier, lu à l’audience, des problèmes de santé pour justifier son absence. À défaut, le tribunal s’est tourné vers l’ex-gestionnaire de fortune de la milliardaire, Patrice de Maistre, également prévenu, chargé par le couple Bettencourt de « faire baisser » les dépenses de gestion de l’île qui atteignaient entre 4 et 5 millions d’euros par an.

Patrice de Maistre a démenti avoir été « au courant » de « prélèvements » allant du compte d’exploitation de la société de gestion de l’île vers le compte personnel de Carlos Vejarano. « Je pense qu’il vous vole régulièrement », disait-il à Liliane Bettencourt, dans un extrait d’écoutes lu à l’audience.

AFP


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