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Un projet de poullaillers bloqué par une Biergerinitiativ


Laurent Raus espère que le tribunal administratif entendra ses arguments et que son projet se concrétisera rapidement.

Laurent Raus, agriculteur à Ehlange, croit toujours à son projet de poulaillers. Même si la Biergerinitiativ lui met des bâtons dans les roues. Il a posé un recours devant le tribunal administratif pour que la modification du plan d’aménagement général de la commune (PAG) s’accélère.

Pour l’agriculteur installé au fond de la rue des Écoles, à Ehlange, la situation n’est pas simple. Elle est même, à vrai dire, assez incompréhensible. Comment comprendre qu’une Biergerinitiativ se soit braquée à ce point contre ce projet de construction de deux poulaillers sur sa ferme. Deux bâtiments qui, soit dit en passant, seraient distants de 400 mètres des premières habitations.

Mais revenons à l’origine du projet. En fait, ce sont les groupes Cactus et La Provençale qui ont lancé l’idée il y a quelque temps. Fatigués de devoir livrer quasi systématiquement de la volaille venue de l’étranger à leurs clients, ils se sont dit qu’il serait plus intelligent de promouvoir une production locale de qualité. À l’image de ce qui est déjà mis en place pour la viande rouge ou les fruits et légumes, par exemple.

Ayant ouï dire cette volonté, Laurent Raus ne tarde pas à se manifester. Actuellement, l’agriculteur travaille avec une cinquantaine de vaches laitières de race Holstein. Il vend sa production au groupe Lactalis, pour sa filiale luxembourgeoise Ekabe. « Au début, le litre de lait était à 40 centimes. Aujourd’hui, il est à 27 et il devrait bientôt passer à 26, explique-t-il. Et compte tenu du contexte international, avec l’embargo russe notamment, je crois que la tendance n’est malheureusement pas près de s’inverser » .

«Le critère des poulets label rouge»

Alors qu’il cherche une deuxième source de revenus, la volonté des deux groupes de distribution de soutenir une filière avicole est donc une aubaine. Même si l’investissement reste important, «plus ou moins 450 000 euros», la rentabilité est assurée. D’autant que ces poulaillers ne nécessitent pas d’embauche.

Le tableau serait idyllique… s’il n’y avait pas ce fâcheux PAG bancal. Dans la commune de Reckange-sur-Mess, si vous n’êtes pas dans le village, vous êtes en zone verte. Or, selon le PAG, on ne peut pas construire de «bâtiment de plus de 14  mètres de profondeur (sic)». Pour le bourgmestre Carlo Muller et la plupart des habitants, la chose était entendue. Par bâtiment, on entendait maison d’habitation. L’idée était de préserver les bonnes terres agricoles contre l’appétit des promoteurs immobiliers, pas d’empêcher les agriculteurs de développer leur pratique professionnelle.

Oui mais voilà, la Biergerinitiativ s’est dressée sur la route des poulaillers. « Sur une page Facebook, quelqu’un a mis une photo de poules tassées dans une caisse en plastique. En commentaire, il y a  : « Voilà ce que l’on va avoir au Luxembourg! » Mais ce n’est pas du tout ça! D’abord, nous élèverons des poulets, pas des poules, et ils ne seront pas dans des caisses en plastique mais en plein air. Si on compte le poulailler et le pré, cela fait une densité d’un poulet au mètre carré, ce qui est le critère des labels rouges, par exemple. Il n’est absolument pas question de faire de l’élevage de masse! », ar gumente Laurent Raus.

Vice de forme

Mais l’avocat de la Biergerinitiativ a décelé un vice de forme dans la procédure de modification du PAG qui prévoyait d’autoriser la construction de bâtiments à vocation agricole en zone verte. Si la commune avait reçu la confirmation du ministère de l’Environnement qu’il n’était pas nécessaire de lancer une étude environnementale, elle n’a pas inclus dans le dossier le document stipulant sa non-nécessité… « Nous avons déjà perdu 5 ou 6 mois à cause de ça. Et on ne peut pas rajouter une lettre comme ça, il faut réintroduire tout le dossier devant le ministère de l’Intérieur… ce qui peut prendre 24 mois. »

Pour tenter d’accélérer le calendrier, Laurent Raus et son avocat ont donc introduit un recours devant le tribunal administratif. « La plaidoirie aura lieu le 30 mai, indique-t-il. Si ça se passe bien, ça ira vite. Je suis optimiste! »

Car la situation, pour lui mais aussi pour la commune, est très problématique. Six demandes sont sur le bureau du bourgmestre, dont plusieurs pour des étables à bovins, une pour un manège équestre…. Et pour l’instant, rien ne peut se construire. Si la Biergerinitiativ voulait endormir la commune, elle ne s’y prendrait pas autrement.

Erwan Nonet

« Il suffit de me contacter ! »

Certains disent qu’on ne veut rien montrer, mais ce n’est pas vrai, soupire Laurent Raus. Au contraire, nous sommes ouverts et notre projet est transparent! » Pour preuve, lui et son collègue de Pissange, Lou Kauffmann, ont même édité un dépliant qui explique très précisément à quoi ressembleront les installations et comment les poulets y seront traités. « Nous l’avons distribué dans toutes les boîtes à lettres du village », précise l’agriculteur trentenaire.

Au dos du prospectus, on trouve également une adresse électronique spécialement créée pour ceux qui auraient des questions à poser (pouletstall@yahoo.de). Jusqu’à présent, seuls quatre messages leur sont parvenus. Laurent Raus propose également aux curieux et aux indécis de le contacter pour aller visiter en Belgique des poulaillers parfaitement identiques à ceux qu’ils envisagent chez lui : « Il suffit de me contacter! »

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