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Les radars automatiques ont moins flashé en 2015


Photo prise le 12 mai 2011, d'un radar automatique situé sur les quais de Seine à Paris. (Photo : AFP)

Moins de flashes de radars en 2015, mais des vitesses moyennes qui ont augmenté et plus de morts sur les routes: face à ce constat, les acteurs de la sécurité routière réfléchissent pour redonner de l’efficacité aux contrôles de vitesse.

L’an dernier, les radars ont flashé légèrement moins qu’en 2014: 20,24 millions de fois, contre 20,37 millions un an plus tôt, selon le rapport annuel de l’Agence nationale du traitement automatisé des infractions (Antai). Certes, ils ont été plus efficaces. Dans 65,7% des cas, ces flashes ont donné lieu à l’envoi d’une contravention, un «taux de transformation» qui ne cesse d’augmenter depuis 2004. Au total, 13,31 millions de PV ont été envoyés.

Pourtant, pour la deuxième année consécutive, le nombre de morts sur les routes a augmenté en 2015, avec 3.464 tués (+2,4% par rapport à 2014). Ces 15 derniers mois, la vitesse était en cause dans 32% des accidents mortels, selon les données de la Sécurité routière. Et «les vitesses pratiquées augmentent significativement sur les autoroutes et routes à deux fois deux voies, là où l’on observe également une augmentation des accidents corporels et mortels», soulignait également la Sécurité routière en janvier.

Les radars automatiques, installés depuis 2003, seraient-ils devenus inefficaces ?

Si cette baisse du nombre de flashes a des causes conjoncturelles, comme le moindre nombre d’infractions (-4%) relevées par les radars non-fixes (radars mobiles, embarqués et autonomes) «qui s’explique par la mobilisation des forces de l’ordre sur d’autres missions dans les périodes qui ont suivi les attentats de janvier et novembre» selon l’Antai, certains y voient une tendance de fond.

«C’est un peu comme pour les médicaments ou les régimes: la première fois, ça marche très bien et puis ensuite ça marche moins bien parce que des anticorps se créent. Aujourd’hui, les gens connaissent les emplacements des radars», remarque le délégué interministériel à la sécurité routière, Emmanuel Barbe.

Des applis en question

«Nous sommes en train de mettre en oeuvre une stratégie de multiplication des risques de contrôle et ces chiffres confirment notre analyse: il faut renouveler l’exercice, faire en sorte que nos radars soient plus craints», estime-t-il.

Le gouvernement a annoncé le 2 octobre sa volonté de multiplier par quatre les «zones radars» en France, avec 500 nouveaux radars installés d’ici trois ans, pour porter leur nombre à 4 700, et 10 000 à 12 000 «leurres» destinés à susciter la méfiance -et le ralentissement- des conducteurs. De premiers «leurres» ont été installés début février dans le Pas-de-Calais. «Peut-être que la réponse radars n’est plus adaptée aux nouveaux comportements», s’interroge Anne Lavaud, la déléguée générale de l’association Prévention routière, en pointant l’usage généralisé des smartphones.

«Le taux d’équipement des Français en smartphones est de 84%. Les applications d’accompagnement à la circulation signalent les radars fixes, mobiles et les contrôles policiers. Quand on voit leur multiplication et leur efficacité grandissante, ça n’est certainement pas innocent par rapport à ce qu’on observe sur les augmentations de la vitesse et de la mortalité», estime-t-elle. Difficiles à réguler, ces outils collaboratifs sont régulièrement au coeur de querelles juridiques.

«Le principe des radars est que les gens lèvent le pied aux endroits dangereux. Avec un avertisseur, les gens ralentissent, où est le problème ?», rétorque Pierre Chasseray de l’association 40 millions d’automobilistes, estimant qu’«on ne peut pas faire de corrélation entre le nombre de flashes et le nombre de morts sur les routes».

Face aux avertisseurs, «la seule stratégie, ce sont les radars placés dans des voitures banalisées qui sont sous-utilisés actuellement, à peine deux heures par jour», estime la présidente de la Ligue contre la violence routière Chantal Perrichon. Le recours à des prestataires extérieurs, au lieu des forces de l’ordre qui ont d’autres tâches, pour opérer dans ces «voitures radars» sera expérimenté à l’été avant une généralisation attendue début 2017, selon M. Barbe.

AFP

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