Projet A31 bis dans Florange : le maire ne désarme pas

Michel Decker, le maire de Florange, fustige le tracé du projet A31 bis, qui générerait selon lui de lourdes nuisances à ses administrés.

L’ objectif de la liaison A30-A31 via Florange, prévue dans le projet A31 bis, est de soulager le point de Beauregard, point de congestion thionvillois de l’A31. Une chance ou une erreur selon vous ?

Michel Decker : Nous ne sommes pas là pour contester la nécessité de réformer l’A31, une autoroute qui cumule dimension internationale et transport urbain. Ce qui est contestable, c’est la décision de sacrifier des villes déjà durement frappées par des décisions nationales, et ce au détriment de l’intérêt général.

L’A31 bis peut-elle être synonyme de développement économique ?

Bien sûr, mais pas au prix de la santé, de la sécurité et de la quiétude des Florangeois. L’A31 présente une saturation endémique. Les riverains de l’autoroute ne peuvent plus supporter les 100 000 véhicules/jour, dont 10 000 poids lourds, qui l’empruntent. Or, le projet de la Dreal [Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement] vise à ce que 50 000 de ces véhicules transitent par Florange. Dans les 300 mètres autour du tracé, près de 1000 maisons et appartements seront impactés.

De quelle manière ?

Pollution atmosphérique, sonore et coupure urbaine. Une étude menée à Nantes, sur l’A11 (24 000 véhicules/jour), a estimé qu’une autoroute de taille moyenne produisait environ une tonne de matière en suspension par kilomètre et par an, dont 25 kg d’hydrocarbures, 4 kg de zinc, 1 kg de plomb.

Si l’A31 bis passe dans Florange, ces quantités pourraient être multipliées par deux. En plus de la pollution atmosphérique, le bruit est une nuisance majeure, engendrant stress, fatigue et troubles du sommeil. Sans parler de la dépréciation des biens immobiliers.

Tracé du projet A31 bis sur la partie située au nord de Metz.

La Dreal prévoit une tranchée couverte pour limiter les conséquences. Est-ce suffisant selon vous ?

Sur les deux kilomètres de coupe urbaine prévus, la Dreal propose une tranchée couverte longue de 300 mètres, soit 1700 m à l’air libre. La commission particulière du débat public préconise « une mise en tranchée couverte de la totalité de l’itinéraire. » La tranchée couverte n’empêche pas la pollution atmosphérique et ne fait qu’atténuer le bruit. Le reste du tracé est prévu en déblai, ce qui n’aura aucun effet sur la pollution atmosphérique.

À combien est chiffré le coût de la traversée de Florange ?

Dans son hypothèse basse, la Dreal estime la traversée de Florange à 220 M€. Un viaduc sera nécessaire en sortie de ville, pour passer les voies ferrées et la rivière Fensch, estimé à 10 M€. Trois kilomètres d’autoroute coûtent au moins 60 M€. Le total sera sans doute très proche des 400 M€, soit 30 à 35 % du budget total de l’A31 bis.

Parlez-nous du fameux tracé alternatif que vous défendez ?

L’avenir des hauts fourneaux de Hayange étant à plus ou moins long terme le démantèlement, il pourrait être judicieux d’utiliser l’espace libéré pour installer un nouvel équipement routier. La solution que propose la municipalité relierait la rue de Wendel à Hayange à la RD 13, jusqu’à l’échangeur de Bétange. Plus court, il reliera l’échangeur de Bétange à la rue de Wendel et donc l’A30 en 4 km, à comparer aux 5,5 km du projet en l’état. Ce tracé reste à 75 % sur le ban florangeois et les nuisances pour les populations seraient limitées, car il resterait à plus de 500 m de toute habitation…

Votre tracé a-t-il été étudié ?

Oui. La Dreal s’en est chargée. Nous serons bientôt fixés.

Quand ?

Le ministère doit normalement rendre ses orientations le 29 février. Mais on m’a également annoncé le 13 février.

Durant le mois qui reste, qu’allez-vous faire ?

Continuer à nous mobiliser. Ce jeudi 28 janvier, une réunion a lieu au siège de la Communauté d’agglomération du Val de Fensch entre les élus et la Dreal. Le député Michel Liebgott doit aussi rencontrer le ministre des Transports, Alain Vidalies, ainsi que le nouveau préfet de la grande région.

Avez-vous des soutiens ?

Déjà, l’ensemble du conseil municipal est opposé à la traversée de Florange. Nous avons le soutien des maires d’Uckange, de Serémange-Erzange et d’Algrange. Celui de la Communauté d’agglomération de Potes de France-THionville, de Patrick Weiten, président du Département et premier vice-président du conseil régional, du collectif citoyen PaiX à Florange, Agirr, la Fnaut… Et les 3000 signataires de la pétition contre l’A31 bis à Florange.