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La Chambre des salariés veut replacer le social au centre


Le président de la Chambre des salariés du Luxembourg, Jean-Claude Reding. (photo LQ)

La Chambre des salariés a commenté les recommandations de l’UE dans le contexte du semestre européen.

Chaque année, la Commission européenne donne son avis sur les plans de réformes budgétaires, macroéconomiques et structurelles des pays membres de l’UE.

Dans le cadre du semestre européen, cycle annuel de coordination des politiques économiques au sein de l’UE, la Commission européenne constate une reprise économique timide en Europe, qui serait due en partie à des facteurs temporaires, comme le prix du pétrole et l’euro invariablement bas, a relevé la Chambre des salariés, vendredi, au cours d’une conférence de presse portant sur ses «alternatives pour l’Europe» (les conclusions d’un colloque qui s’est tenu en octobre dernier) et sur les recommandations de la Commission.

Pour la consolider, Bruxelles recommande des réformes supplémentaires. Le chômage, lui, régresse, mais resterait élevé, tout comme la dette. La Commission propose de relancer l’investissement et envisage, pour les réformes nécessaires, de faciliter l’accès aux fonds européens et d’offrir une assistance technique aux pays intéressés. Enfin, elle rappelle le besoin de politiques budgétaires responsables dans le souci de maintenir les budgets équilibrés.

Concernant ce dernier point, le Luxembourg est d’ailleurs considéré comme «un élève exemplaire», l’avis de la Commission ayant retenu la «conformité» du budget voté l’année dernière. Les indicateurs sociaux révèlent, quant à eux, une dégradation avec, au Luxembourg, des inégalités sociales en augmentation. La Commission exige d’ailleurs de moins imposer le travail, afin de renforcer la demande. Entre 2010 et 2014, l’impôt sur les salaires moyens n’a fait qu’augmenter au Luxembourg –  évolution que la réforme fiscale envisagée devrait prendre en compte, estime la CSL.

Alors que le chômage, globalement, baisse dans l’UE, celui de longue et de très longue durée reste stable. La qualité du travail souffre également, avec l’emploi à temps partiel involontaire en augmentation. Beaucoup de ceux qui désirent travailler n’arrivent pas à décrocher un autre emploi.

Moins d’investissements et moins d’épargne

Le Luxembourg échappe encore à ce phénomène. Mais alors que la part des CDD ou travailleurs intérimaires est restée constante dans toute l’Europe, elle a augmenté au Luxembourg, tout comme le nombre de personnes qui exercent un deuxième emploi à côté de leur emploi principal.

Une première revendication de la Chambre des salariés face aux politiques est donc de provoquer un changement au niveau des réformes structurelles dans le sens d’un renforcement des droits des citoyens. Pour l’organe défendant les intérêts des salariés et des retraités, il s’agit de «mettre la dimension sociale au cœur de la gouvernance».

Dans ce contexte, la CSL insiste sur l’importance de la demande, d’ailleurs reconnue par la Commission européenne dans ses recommandations, concernant les investissements et la consommation, tout comme la création d’emplois. Mais contrairement à la CSL, elle échouerait à en tirer les bonnes conclusions. La Commission exigeant de faire des salaires bas un instrument qui permettrait de retrouver de la compétitivité.

Et de démontrer les effets néfastes visibles au niveau du PIB, des politiques d’austérité appliquées dès 2012 dans la zone euro et qui ont apporté un nouvel effondrement de l’économie affaiblie depuis 2009. Au contraire des États-Unis, où la réaction a été moins prompte, avec des résultats nettement plus positifs.

Pour la CSL, il faut «donner une chance au rétablissement». Certains économistes estiment aujourd’hui qu’il aurait fallu stimuler une grande relance au lieu de provoquer une stagnation de l’économie, liée à une baisse des investissements et une stagnation de la consommation. Pour la CSL, la consommation reste la garantie d’une base solide.

Comme le montrent les sondages, les gens investissent moins, sans pour autant épargner. Ceci, parce que leur salaire est déjà consommé, faute d’augmentation. La situation actuelle se caractérise donc, d’un côté, par une incapacité des ménages à investir et, de l’autre, des entreprises qui hésitent à investir, face à une diminution des investissements publics et une évolution incertaine de la demande. Aux yeux de la CSL, il est néanmoins essentiel de continuer à investir dans l’avenir.

Frédéric Braun

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